Le point sur le scandale Volkswagen : Jour 2
L'affaire des émissions truquées de Volkswagen a dominé l'actualité économique hier mardi, avec des répercussions au Etats-Unis mais pas seulement. L'Europe a également accusé le coup.
L'affaire des émissions truquées de Volkswagen a dominé l'actualité économique hier mardi, avec des répercussions au Etats-Unis mais pas seulement. L'Europe a également accusé le coup.
Outre de surréalistes déclarations de contrition par les dirigeants de la marque : "We screwed up" (littéralement : "On a foiré") par le président de VW USA, "Je suis infiniment désolé que nous ayons trahi la confiance de millions de gens" par Martin Winterkorn, etc., Volkswagen a avoué hier que ce sont en fait onze millions de véhicules, équipés du moteur 2.0l TDI de type EA 189, qui contiennent le dispositif logiciel de contournement des tests d'émission. Si le constructeur ne précise pas où sont ces véhicules, on peut logiquement penser que la grande majorité sont en Europe, principal marché des Diesel du groupe. Volkswagen a-t-il utilisé la même ruse pour les tests d'émission en Europe ? Peut-être, encore que les tests européens soient moins stricts que ceux de l'EPA. Nulle doute que les divers organismes d'homologation à travers l'Europe vont se pencher sur la question au plus vite. Il semble que le logiciel de gestion des émissions soit fourni par Bosch, qui nie toute responsabilité dans l'utilisation qui en est faite par Volkswagen.
Volkswagen a indiqué avoir provisionné dans un premier temps 6,5 milliards d'Euros pour les inévitables rappels qui devraient être ordonnés. C'est le cas aux Etats-Unis, pas encore en Europe mais on n'imagine pas la Commission européenne rester inactive.
L'ampleur grandissante du scandale a fait chuter de plus belle le titre Volkswagen qui a perdu à nouveau près de 20% mardi, pour 25 milliards d'euros de capitalisation envolés. La frilosité des investisseurs s'est également étendues aux autres constructeurs européens spécialistes du Diesel, après les propos très pessimistes de l'analyste respecté Max Warburton sur l'avenir de la motorisation Diesel dans les véhicules particuliers. Le Financial Times rapporte ainsi le jeu de massacre:
Porsche : -20,1%
PSA : - 11,4%
FCA : - 8,3%
Renault : - 8,2%
Daimler : -7,9%
BMW : -7,1%
On n'a pas beaucoup entendu les constructeurs hier, chacun étant bien conscient que le climat n'est pas aux grandes déclarations. Cela étant, aucune accusation précise de fraude aux émissions ne s'est matérialisée à ce jour visant d'autres marques que Volkswagen.
Le sujet étant important et Volkswagen une des plus grandes entreprises de l'Union Européenne, les dirigeants européens ne pouvaient pas rester muets et l'on a ainsi entendu au cours de la journée des voix prudentes ici et là. En France, c'est Michel Sapin qui a indiqué son souhait de voir les autorités européennes se lancer dans une enquête, y compris pour les constructeurs français, une intention reprise plus tard dans un communiqué du Ministère de l'Ecologie. Angela Merkel a elle demandé sans trop s'engager "une totale transparence" aux dirigeants de VW. L'Italie et la Suisse ont également indiqué des actions dans ce sens, alors que la Corée du Sud, qui n'est pas, pour être clair, le plus grand marché de la planète pour les Diesels européens, a également déclaré l'ouverture d'une enquête. Ca ne mange pas de pain et ça ne peut pas faire de mal à l'industrie automobile locale.
Aucune déclaration n'est venue en provenance de la Chine, le premier marché de Volkswagen, et cela n'a rien d'étonnant puisque le constructeur n'y vend pour ainsi dire aucune voiture équipée de ce type de moteur.
L'ampleur de ce fiasco a bien évidemment mis Martin Winterkorn sur un siège éjectable. Le hasard du calendrier veut que le Directoire se réunisse ce vendredi, et on s'attendait à ce que Winterkorn soit reconduit pour deux ans à la tête du groupe, la consécration de son triomphe sur le clan Piech. Les choses ont changé du tout au tout puisque les investisseurs et les politiques demandent des têtes et le journal Tageblatt révélait hier que celle de "Wiko" allait rouler vendredi. Le groupe a démenti cette rumeur et Martin Winterkorn est toujours à la tête du groupe. Il va falloir s'accrocher à la rambarde parce que le grain est loin d'être passé...
Sources : Financial Times, New York Times, Europe 1 et divers
Crédit photo : le blog auto
L'affaire des émissions truquées de Volkswagen a dominé l'actualité économique hier mardi, avec des répercussions au Etats-Unis mais pas seulement. L'Europe a également accusé le coup.
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