Déclin du diesel et emploi : ambiance électrique
Où l'on reparle de la fin du diesel … et de ses conséquences sur l'économie et l'emploi.
Où l'on reparle de la fin du diesel … et de ses conséquences sur l'économie et l'emploi.
Selon la Direction générale des entreprises (DGE), une cinquantaine d’entreprises de la filière diesel en France se trouvent dans une situation de « difficulté sérieuse » face à la transition de l’industrie automobile vers des motorisations considérées comme plus écologiques, tels que les moteurs électriques, hybrides ou à hydrogène.
Lors de la présentation à la presse du rapport annuel de la DGE - administration chargée de soutenir la compétitivité des entreprises - Thomas Courbe, son directeur, a ainsi indiqué que dans l’ensemble des sous-traitants de la chaîne diesel, un premier quart avait identifié comme courant un vrai risque parce que « très lié » à ce type de motorisation. Leur spécialisation rend en effet leur diversification compliquée.
Plus précisément, 54 sites “en situation fragile ou en difficulté avérée”sont même évoqués, représentant 13 400 emplois environ, soit un quart des effectifs du secteur,. Figure parmi eux l’usine Bosch de Rodez, laquelle emploie près de 1500 salariés.
Toujours selon la DGE, un autre quart des entreprises exposées « doit évoluer, mais cette évolution apparaît possible si elle est accompagnée ».
Pour Thomas Courbe, la moitié des entreprises restantes devrait « réussir à s'adapter ».
De ce fait, l'administration concentre ses efforts sur les deux premiers quarts, soit une centaine d'entreprises. Néanmoins, a tenu à préciser son directeur, « toutes les entreprises ont été vues pour faire un bilan de leur situation et essayer de mettre en place des solutions individuelles pour les aider ».
Fin 2018, un appel à projet, doté de 18 millions d’euros, a été lancé en vue d'aider les PME et ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) les plus affectées à trouver de nouveaux débouchés.
Dix projets ont d'ores et déjà été déposés, dont deux sont en cours de financement. La banque publique d’investissement ( Bpifrance) et les régions ont également été financièrement sollicités. Une réunion sur la filière automobile doit se tenir dans les prochaines semaines entre le ministre de l’Economie et les présidents de régions. Lesquels détiennent un rôle majeur sur le dossier.
En effet le suivi individuel des entreprises et la déclinaison sur le terrain des politiques industrielles décidées à Bercy est du ressort des régions et de Bpifrance. Ce qui n'est pas forcément du goût de tout le monde …
Pour rappel, en 2013, 67% des voitures immatriculées en France étaient équipées de moteurs diesels. Désormais le ratio avoisine 35%.
Une baisse significative est observée dans toute l'Union européenne. La tendance ne devrait pas s'inverser de si tôt alors que gouvernements et Commission européenne ne plaident pas en faveur de ce type de motorisation …. et de cette filière économique.
Si certaines voix émergent ici ou là pour tenter d'alerter sur les conséquences économiques d'un tel déclin, le spectre de l’interdiction de circuler dans les villes semble prendre le dessus … poussant autorités publiques, constructeurs et consommateurs à rechercher d'autres alternatives.
Le sujet s'avère d'autant plus préoccupant que des études ont d'ores et déjà confirmées que les entreprises spécialisées dans le diesel ne sont pas les seuls menacées. Parmi les sociétés concernées figurent celles des secteurs de l’usinage, de la fonderie ou du traitement de surface.
Les professionnels du secteur insistent sur la nécessité d’accompagner cette mutation via la mise en place d'un vaste cursus de formations ainsi que des réorientations de carrière.
Au début de l'année 2018, le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) soulignait déjà quant à lui que certains équipementiers auraient des difficultés à se reconvertir dans une autre activité.
Les normes mises en place pour limiter les émissions polluantes poussent à l'heure actuelle les constructeurs à se tourner vers d'autres alternatives.
Selon une étude de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), d'ici 2030, une grande partie des emplois de la filière diesel seront menacés, soit près de 15.000 postes sur les 37.500 emplois du secteur.
"Trois cents établissements sont concernés à des degrés divers, avec une trentaine d'entreprises gravement fragilisées, dont six en situation d'urgence", alertait le président de l'UIMM en mars dernier.
En novembre 2018, l'entreprise japonaise Ibiden a annoncé la fermeture de son usine de filtres à particules de Courtenay (Loiret), le site employant près de 300 personnes.
A Rodez (Aveyron), Bosch envisage de revoir les effectifs de son usine de fabrication des injecteurs pour moteurs diesel. Les Fonderies du Poitou et de Saint-Jean Industrie, placées en redressement judiciaire ont elles aussi fait les frais d'un changement de stratégie industrielle.
En dehors des conséquences du déclin du diesel lui-même, se pose un problème majeur : selon les experts du secteur, il faut sept fois moins d''employés pour réaliser un moteur électrique que pour un moteur diesel, compte-tenu d'une moindre complexité technique. De ce fait, la reconversion s'avère on ne peut plus difficile, les salariés ne pouvant permuter « simplement » de la production de moteurs diesel vers la fabrication de moteurs électriques. Le compte n'y sera pas.
Autre problème et non des moindres, la production de batteries constitue l'élément déterminant de la production d'un véhicule électrique. Or, ces dernières sont à l'heure actuelle quasiment toutes produites en Asie … Empêchant ainsi de transférer facilement les emplois.
Sources : AFP , DGE, Reuters
Crédit Illustration : Secafi
Où l'on reparle de la fin du diesel … et de ses conséquences sur l'économie et l'emploi.
Retrouvez tous les soirs une sélection d'articles dans votre boite mail.