Après sa démonstration, la voiture s’est arrêtée devant la presse pour l’explication, qui pose autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. Les amateurs japonais connaissent bien Morizo, qui n’est autre que le nom de scène d’Akio Toyoda quand il revêt sa combinaison ignifugée et s’installe au volant d’une Toyota de course. Et c’est bien dans son habit de pilote, en l’occurrence co-pilote du quadruple champion du monde, qu’il a posé pour les photographes et répondu aux questions. S’étant mis sérieusement au rallye dans le championnat japonais depuis l’année dernière, il a rencontré Tommi Mäkinen lors d’une session de coaching plus tôt dans l’année et a répondu à l’invitation du champion de venir assister à une manche de WRC et de venir tâter des spéciales finlandaises.
Jusque là, rien de vraiment surprenant. Les choses deviennent nettement plus intéressantes quand on aborde le sujet de la voiture : « Je lui ai demandé de me faire une voiture » a déclaré Akio Toyoda en référence à Mäkinen, « C’est cette voiture rouge qu’il a piloté, et où j’avais la place du copilote. Mais pas de notes pour moi, seulement du plaisir. J’ai beaucoup de chance de voir le WRC depuis cette place !« . En fait, Toyoda a pris le volant de la voiture en essais privés la veille également.
Effectivement, la voiture a bien été construite par Tommi Mäkinen Racing, la structure du champion finlandais. Proche de STI du fait de la fin de sa carrière chez Subaru, Mäkinen est spécialisé dans les Impreza groupe N. La GT86, par ailleurs proche de la série, comporte apparemment un certain nombre d’éléments de provenance Subaru, en particulier ce qui concerne sa transmission intégrale. Il ne s’agit pas d’une voiture susceptible de concourir en WRC, malgré l’événement choisi pour son apparition publique, mais elle sera rapatriée vers le Japon où Toyoda participe régulièrement à des épreuves locales. Pourquoi alors avoir décidé d’utiliser une épreuve de WRC pour cette présentation ? La réponse du président de Toyota est équivoque : « Je suis venu ici pour me rendre compte de ce qu’est le WRC, mais ce que j’y ai découvert c’est que l’ADN de Toyota en rallye est vraiment, vraiment important pour moi. En tant que responsable de cette entreprise, j’aimerais que la légende continue, mais c’est une grande société et personne n’écoute le président ! Donc je dois démontrer à tout le monde que Toyota a besoin du rallye pour faire des voitures encore meilleures. L’objectif principal est de générer des passions pour l’automobile, et de faire des voitures toujours meilleures.«
Est-ce une déclaration d’intention d’engager Toyota en WRC ? Si oui, pourquoi le faire via une voiture qui n’est pas construite en interne par Toyota, et ignorer TMG qui pousse depuis plusieurs années et a même construit un prototype de Yaris WRC qui fait régulièrement des essais ? Par ailleurs, connaissant les relations complexes entre Toyota et Subaru au sujet de la GT86, le choix de faire appel à un spécialiste de la marque d’en face pour faire de la GT86 une voiture de rallye pure et dure, le pré carré de STI, ne risque-t-il pas de brouiller encore un peu plus les rôles entre Toyota et Subaru ? Autant de questions qui ne manqueront pas d’être posées en interne… En attendant, une chose est sûre : le président de Toyota aime vraiment le sport auto. Et la GT86 a encore des surprises à tirer de son chapeau.
Via Toyota et WRC
Crédit illustrations : WRC