60 ans déjà : l’ID19 inaugure le palmarès rallye de Citroën

Premières armes

Dévoilée en 1955, la Citroën DS commence assez rapidement une carrière en compétition, ses qualités routières en faisant un modèle idéal pour les courses de rallye. En 1956, Paul Coltelloni,  fabricant de chaussures installé à Paris et pilote à ses heures, est approché par le service marketing de Citroën pour conduire une DS au Monte-Carlo 1956. Soutenu par Yacco, il se présente à la course avec une des premières DS produites (n°42), n’ayant quasiment pas eu le temps de la prendre en mains ni de la roder. D’ailleurs, parmi les 6 DS engagées, certaines ont été assemblées à la main hors chaîne de montage ! Il ne termine pas la course, une boîte cassée l’ayant obligé à terminer un contrôle…en marche arrière. Néanmoins, la présence de la DS a été une véritable attraction, attirant les foules sur le parcours.

Éliminé en 1958 alors qu’il faisait la course en tête, Coltelloni revient au Monte-Carlo 1959, cette fois-ci avec une ID19 de série commandée pour sa femme dans une livrée écaille blonde… Sur les conseils du rallyman René Trautmann, appelé lui aussi à triompher sur les DS/ID dans les années 60, l’ID19, variante  » économique » de la DS, est certes moins puissante mais se révèle plus agile sur les routes enneigées et sur la glace que la DS bardées de ses assistances hydrauliques. Coltelloni racontera plus tard qu’en 1958, il eut une fuite hydraulique entraînant une panne de freins (problème fréquent sur les premières générations) dans le descente du col de Vars, qu’il pu rattraper en jouant de la boîte et de l’embrayage. S’il avait eu une DS au lieu d’une ID, il n’aurait plus rien contrôlé du tout et n’aurait jamais pu éviter le crash.

Une victoire qui en appelle d’autres

Toujours est-il qu’il remporte le Monte-Carlo 1959, avec ses deux copilotes Pierre Alexandre et Claude Desrosiers, à une époque où ces rallyes sont davantage des épreuves de régularité que des sprints enragés. Le lest d’un homme en plus dans l’habitacle est certes handicapant, mais il permet de partager la fatigue sur les très, très longs parcours. Et en arrivant dans les cols savoyards, l’équipage se déleste de…200 kilos de matériel (dont des pneus cloutés et des pièces de rechange !) pour gagner en souplesse !

Coltelloni remporte en 1959 d’autres victoires de classe avec l’ID19, notamment au Rallye Adriatique et à l’Acropole, ce qui lui permet de décrocher le titre de champion d’Europe des Rallyes. Yacco et surtout Citroën décident de communiquer sur ces succès, présentant la voiture au salon de Genève puis aux 24 heures du Mans. Pour l’anecdote, c’est après que SIMCA ait revendiqué la victoire scratch (alors que SIMCA n’avait remporté que sa classe) que les chevrons ont réagi. Même Jean Graton s’y met, le créateur de Michel Vaillant réalisant une mini-BD retraçant les exploits du Monte-Carlo.

De PIF à Citroën Compétition

L’histoire est en marche. Au début des années 60, Citroën commence à apporter un soutien « usine » à ses pilotes via l’écurie Paris-Ile de France de René Cotton, qui devient conseiller sportif du chevron. René Trautmann remporte le championnat de France 1963 et le Tour de Corse à deux reprises (1961,1963) et  le finlandais Pauli Toivonen devient champion de Finlande en 1962. René Cotton lance l’étape décisive avec la mise en place d’un Service compétition officiel en 1965 lors du Safari Rally. Le début d’une grande aventure qui se poursuit aujourd’hui avec Sebastien Ogier !

PS: un conseil, visitez le site nuancierds qui a beaucoup aidé pour rédiger cet article. C’est une vraie bible sur cette voiture mythique !

Images : Citroën, nuancierds, flickr

(8 commentaires)

  1. Citroën est quand même un sacré pan de notre histoire. Il faut oublier ou du moins ne pas trop parler des errements des années 70/80

    1. clairement citroen est la pépite de notre industrie automobile. Les DS étaient l’équivalent des teslas d’aujourd’hui: très supérieures à la production concurrente mais qui faisaient peur par leur complexité. Elles étaient toutefois sous motorisées (maladie Française toujours d’actualité)

      1. sauf que ça fait un bon moment que la sur-motorisation ne sert plus à rien
        tu repenseras à ta santé plus tard …

    2. Oublier les errements des années 2018-2019 plutôt. Les années 70 et 80 pour Citroën c’étaient les SM, GS et CX par exemple. Pas tellement de raisons de rougir. La gamme actuelle est en revanche à pleurer.

  2. oui Citroën , traction avant, et sa suspension, son système de liquide unique pour le freinage , cette voiture mérite la mention spéciale pour son innovation. Elle a dominé les anglaises, les Mercedes dans les marathons de la route .Plus tard Lancia est venu aussi avec la traction avant . Ensuite le progrès fût Alpine , les autos légères, puis Porsche propulsion et Lancia encore avec la Stratos. Les Ford survitaminées ont enchaîné avec les années Waldegard.
    Citroën poursuit en voitures de série pour les inconditionnels jusqu’à la C6 ( pas une auto de course ) mais la firme mérite la distinction pour la qualité de son système hydropneumatique ( ID DS GS C6 ). Pour Citroën j’aime aussi associer le nom de Lucien Bianchi à la DS – http://www.citroen-en-competition.fr/fiche-pilote.php?pilote=126

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