Rétro F1 40 ans déjà : Zandvoort 84, Senna signe chez Lotus !

Révélé par ses exploits au volant d’une modeste Toleman, avec en point d’orgue le légendaire grand prix de Monaco, l’ombrageux et énigmatique Brésilien Ayrton Senna a suscité la convoitise des teams managers. Un an plus tôt, après ses premiers essais en Formule 1, la plupart s’accordaient à dire que le pauliste était très doué, mais chétif et pas assez affûté physiquement. Un an plus tard, les regards ont changé. Senna s’est astreint à un programme physique intensif avec son préparateur « Nuno » Cobra et a levé les doutes sur ses capacités.

Lotus met le grappin sur la nouvelle pépite

Alex Hawkridge, le directeur de Toleman Motorsport, sait que son « poulain » est très convoité, mais Senna est lié à son écurie par un contrat de trois ans et ne pourrait s’en défaire que moyennant un gros dédit en cas de rupture de contrat, estimé à plus de 100.000 dollars. Mais cela n’arrête pas les grandes équipes avec lesquelles Toleman ne peut rivaliser. La petite écurie britannique, Senna le sait, n’a pas les moyens de ses ambitions et l’écurie a connu un gros contentieux avec Pirelli qui pourrait la mettre en difficulté pour la fourniture pneumatique.

Bernie Ecclestone rêverait d’attirer Senna chez Brabham, mais Nelson Piquet met un veto absolu à l’arrivée de ce compatriote qu’il n’apprécie pas du tout et qui pourrait lui voler la vedette auprès du public brésilien. McLaren est aussi intéressée pour pallier le départ éventuel de Niki Lauda, qui a entamé des tractations avec Renault, d’autant plus que Senna est membre du Marlboro Worldchampionship Team, le blason du célèbre cigarettier figurant sur son casque.

Mais c’est Peter Warr, manager de Lotus-Renault, qui va prendre tout le monde de vitesse. Le manager veut se débarrasser de Nigel Mansell, dont il ne supporte plus l’inconstance et avec qui le courant n’est jamais passé. Des négociations sont entamées via le manager de Senna, Domingos Piedade et Ayrton est invité en juillet à visiter le team. Un contrat de trois ans lui est proposé. Lotus est en effet une solution séduisante, avec la présence comme directeur technique du très réputé Gérard Ducarouge et le moteur V6 Turbo Renault, qui est l’un des meilleurs du plateau. Le Brésilien paraphe son contrat peu avant le Grand Prix d’Autriche. TV Globo, le média brésilien qui couvre la F1, a l’exclusivité en étant présent sur place pour assister à la signature, avec un embargo sur l’interview qui ne doit être diffusé qu’après l’annonce officielle. Mais un petit couac survient à Zandvoort…

Une pépite ici, merci Youtube

 

 

 

Toleman punit Senna

Lotus a prévu de publier un communiqué le lundi suivant le grand prix des Pays-Bas, mais un journaliste obtient l’information la veille et la diffuse, coupant l’herbe sous le pied à tout le monde. La « bombe » éclate le 26 août, au soir du GP des Pays-Bas, et prend Hawkridge de court.  Plus que le fond de l’affaire, c’est la forme qui blesse. Hawkridge se sent humilié par cette annonce révélée dans la presse et surtout digère très mal que Senna ne lui ait rien dit, négociant en cachette avec Lotus. Toleman réplique sèchement et affirme que Senna devra régler son édit, une somme que paiera Lotus…

Quelques jours avant Monza, une dépêche de Toleman annonce que Senna, qui n’a pas respecté les termes de son contrat en signant avec Lotus, est mis à pied jusqu’à la fin de la saison et remplacé par le Suédois Stefan Johansson !  Hawkridge déclarera plus tard : « Senna, s’il pensait que pour mûrir davantage en tant que pilote, il devait changer d’équipe… il avait parfaitement le droit de le faire. Mais il s’est mal comporté envers nous. Je voulais lui donner une leçon et lui faire comprendre que tout dans la vie a un prix. La seule manière de lui faire comprendre était de l’empêcher de faire ce qu’il aimait le plus. Courir « .

Senna débarque dans le paddock de Monza avec ses avocats et distribue une déclaration aux journalistes dans laquelle il récuse les accusations de Toleman. Il affirme qu’il n’a rien commis d’illégal puisque son contrat contenait une clause de cassation moyennant un dédit dont il s’est acquitté. Une action judiciaire est engagée afin qu’il puisse retrouver son volant pour les deux derniers Grands Prix. Ce sera chose faite, et Senna offrira même un podium à l’écurie pour la dernière manche de la saison, au Portugal.

En 1985, Senna sera bien derrière une Lotus-Renault aux couleurs noir et or. La légende n’en est qu’à ses débuts !

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