Rétro F1-40 ans déjà : le jour où Patrick Tambay a « vengé » Gilles Villeneuve

Patrick, dans les pas de Gilles

En Avril 1982, l’amitié entre Gilles Villeneuve et Didier Pironi se brisait dans le final du grand prix de San Marin, à Imola, quand le second outrepassait les consignes d’équipe de la Scuderia, ou plutôt les interprétait à sa manière, pour doubler son équipier et lui prendre la victoire, ou, selon le québécois, la lui voler, puisque Villeneuve était convaincu que les positions avaient été figées. Quelques semaines plus tard, Gilles Villeneuve se tuait sur le circuit de Zolder, dans un terrible accrochage avec Jochen Mass, en tentant de battre le meilleur temps de son rival pendant la séance de qualifications.  Pour remplacer le malheureux pilote de la n°27, Enzo Ferrari fait appel à un français, qui avait été évincé de Ligier l’année précédente et qui, faute de volant, avait préféré reprendre le chemin des USA et de  Canam où il avait connu du succès : c’était Patrick Tambay. Très proche ami de Villeneuve, il le remplace avec brio et apporte du baume au cœur à la Scuderia. Encore plus quand il remporte le grand prix d’Allemagne 1982 à Hockenheim, alors que la veille, Didier Pironi a pulvérisé ses jambes dans un effroyable crash qui mit fin à sa carrière et sa trajectoire de futur champion du monde, poursuivant la série noire qui s’abat sur Ferrari en cette année 1982.

L’ombre de Villeneuve plane sur Imola

En 1983, la Scuderia est décidément très francophone puisque Tambay a été logiquement reconduit et fait équipe avec un autre tricolore, René Arnoux, qui a quitté Renault après une cohabitation tendue avec Alain Prost. Le 4e grand prix de la saison se dispute le 1er mai sur le circuit d’Imola, un circuit rapide où la puissance des moteurs turbo peut s’exprimer pleinement. Ferrari n’a pas encore réalisé de résultat significatif mais Arnoux a réalisé la pole devant la Brabham BMW de Nelson Piquet, 3 millièmes seulement devant Tambay. Sur la grille de départ, on aperçoit dans les tribunes des drapeaux canadiens et beaucoup d’encouragements pour Tambay, qui doit, selon un écriteau « gagner pour Gilles » ou même, sur d’autres, le « venger ». Les tifosis n’ont bien sûr pas oublié leur « petit prince » de la F1. Villeneuve était adulé et sa perte reste une terrible déchirure. L’émotion envahit le français, bien décidé à jouer sa chance.

Patrèse aux fraises

Rapidement, le pilote de la n°27 se détache du reste des poursuivants et joue la victoire face à la Brabham de l’italien Ricardo Patrèse. Ce dernier mène la première partie de la course, mais suite à un arrêt aux stands raté au 35e tour qui lui coûte de précieuses secondes, Patrèse repart avec 10 secondes de retard sur Tambay. Néanmoins, le pilote Brabham commence à remonter, car la Ferrari du français connaît des coupures moteur à répétition, notamment dans la courbe rapide de Tamburello. Au 55e tour, à 6 boucles de la fin, Patrèse dépose le pilote français à la sortie de Tamburello et s’échappe…mais il rate la corde quelques virages plus loin, et se fracasse dans le mur de pneus d’Acqua Minerale ! Quelle bévue ! Tambay n’en demandait pas tant et reprend la tête sous les vivats des tifosis, s’en allant cueillir, telle une bénédiction, la victoire en terre italienne.  

Des tifosis déchaînés

Mais dans le tour de décélération, sa Ferrari tombe en panne d’essence. Comme il est de coutume en Italie, les tifosis ont envahi la piste…et nombreux sont à se ruer sur Tambay, à la féliciter, mais dans une sorte de frénésie débordante. Tambay est ballotté, secoué, soulevé et porté hors de sa monoplace, touché de toutes parts par des supporteurs extatiques. Au passage, on essaye aussi de lui chiper quelques affaires, ses gants. Le français s’extirpe un moment d’une mêlée s’étant formée autour de lui, mais semble cerné par cette foule, pourtant comble de joie, mais dont le comportement, totalement irrationnel, a de quoi interloquer. Les commissaires ne savent que faire et il faut qu’une équipe de carabiniers soit dépêchée sur place pour l’escorter en sécurité et en paix jusqu’au podium.

« C’est le plus beau jour de ma vie de pilote. Pendant toute la course, je n’ai pas cessé de penser à Gilles Villeneuve. Je lui dédie cette victoire. »

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