Rétro 50 ans déjà : la mort de François Cevert, le « prince charmant » de la F1

Une ascension météorique

Lauréat du volant Shell en 1966, il remporte le grand prix de F2 de Reims 1969 devant Jackie Stewart, ce qui lui permet de taper dans l’œil de Ken Tyrrell. Quand Johnny Servoz-Gavin se retire brusquement de la F1 après ses qualifications ratées à Monaco, c’est naturellement vers lui, et avec l’appui d’Elf, que Tyrrell se tourne pour le remplacer. La saison 1970 est donc celle de l’apprentissage, tout en participant aussi à des courses d’Endurance. Il remporte ainsi les 1000 kilomètres de Paris sur une Matra 660 en compagnie de Jack Brabham.

En 1971, c’est la montée en puissance, le Français se rapprochant de plus en plus de Jackie Stewart au sen de l’écurie Tyrrell. Tandis que l’écossais file vers un second titre mondial, Cevert décroche 4 podiums, dont une 2e place en France et sur le Nürburgring ainsi qu’une 3e place à Monza, dans le final le plus serré de l’histoire, puisqu’il échoue à 9 dixièmes du succès. Mais le triomphe lui ouvre les bras sur le circuit américain de Watkins Glen, mettant ainsi fin à 13 ans de disette pour les pilotes français en Formule 1. La France se passionne pour ce « pilote de charme », comme titre un reportage de l’époque, qui triomphe au firmament du sport automobile tout en fréquentant les grandes stars du cinéma. Il termine 3e du championnat du monde, devenant l’une des nouvelles idoles de la jeunesse française et la coqueluche des médias. Après une saison 1972 frustrante en F1 mais réussie en sport-prototypes, François prend une autre dimension en 1973.

Couvé par Stewart

 La Tyrrell 003 est la meilleure machine du plateau. Jackie Stewart domine la saison, mais Cevert est dans son embuscade. Il signe 7 podiums, dont six secondes places. Très proche de Stewart en vitesse pure, il se montre totalement loyal, restant jusqu’au bout au service de son leader, devenu un ami intime, alors qu’il aurait pu, de l’aveu même de l’écossais, prendre l’ascendant en piste plus d’une fois. L’écossais l’a pris sous son aile, l’a formé, l’a préparé à lui succéder. Il voulait en faire « son chef d’œuvre », un diamant brut qu’il contribue à polir course après course.  Le français est devenu un intime de la famille, quasiment un fils pour Stewart. Autrement dit, alors que la retraite de Stewart semble de plus en plus probable, François Cevert apparaît comme l’héritier parfait du triple champion du monde, désormais mûr pour prendre la relève et, enfin, donner un champion du monde français.

La mort au tournant et la fin d’une époque

Lors des deux dernières courses, Cevert joue la seconde place du championnat. A Mosport, au Canada, il s’accroche avec Jody Scheckter – les deux hommes en viennent aux mains –  et se blesse à la cheville, mais reste en lice pour la finale, à Watkins Glen. Le 6 octobre 1973, il s’élance à quelques minutes de la fin des qualifications pour tenter d’arracher la pole position, ce qui serait une première dans sa carrière. Mais à 11h54, les moteurs cessent de vrombir et un silence pesant s’abat sur le circuit. Un accident vient de se produire. Dans la portion rapide des esses, négociée à plus de 230 Km/h, le français a perdu le contrôle de sa Tyrrell qui est partie en tonneaux et a heurté de plein fouet le rail de gauche qui s’est disloqué sous la violence du choc. La Tyrrell est pulvérisée mais, pire, le rail fait l’effet d’une guillotine et coupe en deux, au niveau de la poitrine, le pauvre pilote.

Triste ironie du sort, c’est Jody Scheckter, avec qui il s’est pris le bec au grand prix précédent, qui est le premier à arriver sur les lieux et découvre avec effroi l’horrible sort de Cevert. Quand Jean-Pierre Beltoise, qui était devenu le beau-frère de François en épousant sa sœur Jacqueline, arrive à son tour sur les lieux, le sud-africain le repousse pour qu’il ne voit pas la scène d’horreur. Aucune explication solide ne permettra de comprendre ce qui s’est réellement passé. Rupture mécanique ? Erreur de pilotage ? Prise de risque inconsidérée ?

Jackie Stewart, effondré, ne prend pas le départ de sa dernière course, qui aurait été sa 100ème, annonçant une semaine plus tard sa retraite. La mort de Cevert fut un véritable choc en France, bien au-delà du cercle des amateurs de F1, tant sa popularité avait dépassé le cadre du sport. Charismatique et talentueux, François Cevert était appelé à devenir le premier champion du monde Français, mais fut l’un des destins les plus tragiques de l’histoire de la F1. Le jour même de sa mort, la guerre du Kippour enflammait le Proche-Orient avec l’attaque d’une coalition de pays arabes contre Israel, qui allait entraîner bientôt une flambée inédite du prix du pétrole et enclencher une nouvelle récession économique. Oui, la page d’une époque insouciante allait se tourner.

 

Un commentaire

  1. Tellement populaire que François Cevert pouvait être le poster de la semaine comme Johnny ou Claude François dans les journaux pour ados style « Salut les copains ».
    Oui, Cevert aurait dû être le 1er cdm français. Si on analyse la saison de Scheckter en 74, il est évident que sans ses erreurs , le titre était en poche. Et les dites erreurs, Cevert ne les aurait pas faites. Il était bien plus propre et désormais typé Stewart. Scheckter était encore trop brouillon et casseur de mécanique, il fallait beaucoup les épargner à l’époque, on pouvait les griller sur un simple sur-régime lors d’un changement de vitesse manuel à l’époque. Quant aux limites de la piste alors qu’elles étaient encore en herbe ou avec un fossé …
    Scheckter quittera la F1, peu de temps après avoir acquis son titre avec Ferrari. Il se raconte qu’il avait toujours été marqué (ça se comprend …) par ce qu’il avait vu ce jour de 1973 donc il aurait choisi la vie. La F1 était un peu moins mortelle début 80 mais elle l’était encore beaucoup trop.

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