Rétro 30 ans déjà : Alain Prost puissance 4

Retour dans les meilleurs conditions

Forcé à prendre une année sabbatique après avoir été viré comme un malpropre de Ferrari suite à l’affaire du « camion » fin 1991, Alain Prost avait rongé son frein en 1992, tout en devenant consultant pour TF1. Déjà intéressé à l’idée de gérer sa propre équipe, il avait songé un temps à reprendre Ligier avant d’y renoncer et de préparer activement son retour pour 1993. Revenir au sommet n’est jamais facile quand on quitte une première fois la F1, mais Alain avait peut-être songé à l’exemple de Niki Lauda, parti subitement en 1979 pour revenir en 1982 et décrocher un 3e titre en 1984. Le français avait renoué avec Renault et Elf, dix ans après l’amertume d’une première collaboration décevante, et, soutenu par le motoriste et le pétrolier tricolores, avait signé un contrat avec Williams qui construisait la meilleure monoplace du moment. Un contrat dans lequel Prost avait fixé ses conditions, dont celle de ne pas faire équipe avec Senna qui convoitait aussi ce volant. Une volonté qui avait déchaîné la colère du brésilien.

Tourments en piste et hors piste

Alain Prost allait se glisser dans le baquet de l’incroyable Williams, profitant à la fois des qualités du châssis de la monoplace britannique, de sa technologie de pointe avec la suspension active – Prost qualifiera sa Williams d’Airbus roulant- et du fabuleux V10 Renault. Ce 4ème titre mondial fut obtenu non sans difficultés malgré tout. Avant même le début de la saison, marqué par un gros accidnt en essais privés, Max Mosley, alors président de la FIA, avait fait planer une épée de Damoclès sur sa superlicence, car le Français avait eu le malheur de dire ses quatre vérités sur le pouvoir sportif.

Le début de saison fut compliqué en piste, le temps d’apprivoiser la Williams. En récupérant la machine ultra dominatrice de 1992 avec Mansell, Prost était dans l’obligation de vaincre et de dominer aux yeux de beaucoup de monde, sous peine d’être soupçonné d’avoir perdu son « mojo ». Et c’est bien ce qui lui fut reproché, quand, après une victoire en ouverture de la saison à Kyalami, Prost subit un abandon au Brésil sur sortie de route puis une « humiliation » par Senna sous la pluie à Donington, qui lui attira ricanements et foudres de la presse française, avec laquelle les relations ont toujours été fraîches.

Lassitude et instinct de survie

Par la suite, le champion parvient à tout mettre bout à bout, remportant 6 victoires pour porter son record à 51 succès en carrière, mais les manœuvres en coulisses de la FIA pour casser la domination du tandem Prost-Williams, à coup de pénalités et de pressions politiques, eurent raison de sa motivation, le poussant, dès le vendredi 24 septembre, après la première séance qualificative du grand prix du Portugal, à annoncer sa retraite définitive, lassé de la politique et des crispations médiatiques. Une saison éprouvante d’un point de vue psychologique. Prost n’avait plus rien à prouver non plus, et comme le répète souvent Jean-Louis Moncet, « sa dernière victoire fut d’être resté en vie ». Pourquoi prendre encore des risques inutiles, alors que la chance lui a souri et lui a évité de blessures graves, contrairement à bien d’autres pilotes de sa génération qui ont été fauchés ?

Passages de témoin

Le grand prix du Portugal se termine en 2e position par Alain Prost, qui a fini sur les talons de Michael Schumacher, sans avoir cherché vraiment à le passer. Comme un passage de témoin, l’allemand signait alors sa 2e victoire avec Benetton. Le Français nous gratifia alors d’un magnifique tour d’honneur, drapeau tricolore déployé dans son cockpit. Quelques semaines plus tard, à l’arrivée de son ultime grand prix, terminé en 2e position derrière Ayrton Senna, Prost put enfin se réconcilier avec son meilleur ennemi, les images de leurs accolades sur le podium faisant le tour du monde. Senna allait enfin récupérer ce baquet tant convoité de la Williams-Renault. Mais qui aurait imaginé la suite…

 

 

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