La F1 adopte (enfin) sa règlementation 2021

A Austin, la conférence de presse était animée par Chase Carey, président de Liberty Media, Ross Brawn, directeur technique et sportif de la F1, Jean Todt, président de la FIA en liaison vidéo, etNikolas Tombazis, responsable technique à la FIA pour les séries monoplaces .

Gouvernance et budgets plus équitables ?

Les annonces principales portent sur la nouvelle donne technique car les volets financier et politique, à propos des Accords commerciaux et de la gouvernance du sport, parties intégrante de l’équation, doivent encore être peaufinés. Néanmoins, un accord commercial pour 5 ans a été proposé par Liberty Media, sachant que chaque écurie va négocier sa part du gâteau selon plusieurs critères, dont le bonus de présence historique, si cher à Ferrari. Le maitre mot des instances dirigeantes, c’est d’aller vers plus d’équité.

> Le « plafond budgétaire », au cœur des discussions depuis plusieurs mois, de 175 millions de dollars (mais avec beaucoup d’exclusions :marketing, salaires des pilotes, achat de Power unit, etc.) a été validé, puisque Liberty Media veut réduire les écarts de moyens entre les équipes et garantir une redistribution plus équitable des revenus entre les équipes (pas très libéral, dites donc !) La FIA veut frapper fort et prévoir une échelle de sanctions pour les contrevenants, qui peut aller jusqu’à des retraits de points, le bannissement d’une course voire l’exclusion du championnat pour les cas les plus graves. A priori.

> Ce qui semble acté sur le plan politique, c’est la fin probable du Groupe stratégie. Vestige de l’ère Ecclestone, cette instance rassemblait des représentants de la FIA, de la FOM et seulement les écuries les plus puissantes et prestigieuses, comme Ferrari, Red Bull, McLaren, Mercedes et Williams (les autres équipes pouvaient y assister mais sans droit de vote). Ayant capacité à avaliser des propositions qui sont ensuite étudiées par la Commission F1 puis entérinées par le conseil mondial de la FIA, ce groupe serait supprimé et remplacé par une instance plus équitable et plus représentative de l’ensemble du plateau F1. Autre modification probable, la fin de la règle de l’unanimité pour valider des changements règlementaires d’une année sur l’autre, ce qui a été le cas très récemment avec le blocage de certaines équipes contre l’introduction des courses qualificatives. Le principe de l’unanimité serait remplacé par un principe de large majorité, où le véto d’une seule équipe ne suffirait plus pour bloquer le système. Autrement dit, les grandes équipes, Ferrari et Mercedes en tête, y perdraient un peu de leur poids politique.

> A défaut de courses qualifs, le format des grand prix est réduit à 3 jours, en supprimant le jeudi consacré aux médias. Une manière sans doute de faire avaler la pilule d’un calendrier extensible jusqu’à 25 courses !

F1 new look

Sur le plan technique, celui qui intéresse les fans en premier, la philosophie de la refonte de 2021 a répondu à un impératif : que les pilotes puissent se suivre en piste plus facilement, sans être perturbées par le fameux « air sale » généré par l’aérodynamisme actuel des monoplaces, qui provoque une forte perte d’appui (jusqu’à 50% !) et dégrade rapidement les pneus.

> L’effet de sol revient en grâce et aboutit à un concept de carrosserie moins torturé par l’aéro avec un look plus futuriste. Les rendus 3D présentés dévoilent des F1 au style affirmé, mais avec des lignes épurées – notamment sur les pontons- qui rappellent les monoplaces du début des années 90. Les ailerons proposent des lignes tendues et le Halo semble mieux intégré. Cette approche doit, sur le papier, réduire à seulement 10% la perte d’appui dans le sillage d’une autre F1.

> On aperçoit comme innovations deux ailettes qui surplombement les roues avant et les jantes de 18 pouces, validées plus tôt déjà, qui seront carénées comme c’était le cas dans les années 2008-2009. Bref, le look évolue sensiblement. Certains y verront peut-être une Indycar sophistiquée, mais ne boudons pas notre plaisir, les F1 actuelles ne sont pas des reines de beauté.

> Conséquence à prévoir, le poids minimal des monoplaces va encore grimper, de 743 à 768 kilos, ce qui fera grincer des dents beaucoup de monde.

Une F1 durable ?

> Afin de réduire les coûts, les boîtes de vitesse seront homologuées pour 5 ans et le concept du fameux Power Unit ne change pas. De nouvelles contraintes sont appliquées sur les pièces, notamment dans le domaine des plaquettes et étriers de freins, dont le nombre est désormais limité pour les pilotes en fonction du nombre de courses du calendrier, avec des pénalités sur la grille de départ pour les contrevenants…

> Les composants des F1 sont classés en 5 catégories :

– Listed teams components (pièces conçues par l’équipe qui en détient la propriété intellectuelle) essentiellement châssis et aéro)

Transferable components, qui peuvent être fournis aux équipes B (hydraulique, boîte de vitesse, etc.)

Standard supply components, fournis de manière identique à toutes les équipes par des fournisseurs choisis par la FIA (ECU, jantes, team radio, etc.)

Prescribed design components, pièces avec fournisseur libre mais répondant à un cahier des charges dicté par la FIA (sécurité)

Open source components

Certaines voix ont manifesté leur crainte d’une standardisation accrue des monoplaces, mais la FIA s’est voulue rassurante sur ce point…Le règlement a été adopté à l’unanimité, mais l’on sait que Ferrari, Mercedes et Red Bull ont été les équipes qui ont manifesté le plus de « retenue ». Au contraire, Renault affiche une certaine satisfaction et a déjà publié sur twitter des rendus 3D:

« C’est une journée particulière pour la F1″, a annoncé Jean Todt, président de la FIA. « C’est un peu la conclusion de deux années de travail intenses, de recherche, de développement, et c’est très satisfaisant aussi de voir le résultat d’une collaboration étroite avec nos partenaires de la F1. L’objectif est d’offrir une discipline plus viable, plus sûre et plus passionnante, avec un ensemble de règles novateur. Les voitures devraient pouvoir s’affronter de plus près, ce qui est très important, et l’action en piste devrait être intense avec de plus grandes opportunités d’attaques et de dépassements. »

« L’objectif du Règlement Sportif est de rendre la F1 moins complexe et plus simple à comprendre. Enfin, pour la première fois dans l’Histoire de la F1, il y a l’introduction de règles économiques, et je dois là-dessus en donner le crédit à Chase Carey, pour avoir constamment pris ce dossier en compte. J’étais incertain, mais il m’a convaincu, ainsi que les autres. »

L’avis de leblogauto.com

La refonte technique est certainement plus légitime pour redistribuer les cartes, raviver le spectacle et resserrer la compétition au sein du peloton, plutôt que de recourir à des artifices tels que les courses qualificatives. Le retour à l’effet de sol et la volonté de tourner la page des excès aérodynamiques de ces dernières années sont à priori de bonnes idées. Par contre, restent plusieurs inconnues : la donne des pneus, les restrictions toujours plus fortes sur le nombre de composants alloués aux pilotes, dont l’effet pervers peut être d’inciter à des courses de gestion davantage que d’attaque, l’application concrète du plafond budgétaire, la possibilité d’attirer de nouveaux constructeurs dans une règlementation moteur figée…Et puis, de toute façon, c’est la piste qui donnera le seul et véritable verdict de cette refonte majeure de la Formule 1.

Sources et images : F1, Renault F1 Team

(9 commentaires)

  1. C’est vrai que ça fait un peu une super indycar avec un look américain, en soit pourquoi pas, mais ces roues…c’est pas beau

  2. Quelle idée géniale : compter le nombre de plaquettes de freins utilisées. Ça va réduire les coûts et sauver le monde incontestablement.
    Vivement la Vmax à 150 km/h en piste.

  3. À voir, je jugerais sur pièce. Dommage de conserver ces moteurs hybrides totalement inutiles et très chers pour faire de la F-1.

    Maintenant cette réforme 2021, pour être crédible, doit aussi s’attaquer au volet financier et supprimer le ridicule droit de veto de la Scudéria.

  4. En terme de look, je trouve cette proposition de la FIA assez peu probable et très à l’américaine, mais carrément peu crédible. Je trouve ça très mou en tout cas, on dirait un mauvais designer qui vient de découvrir un logiciel 3D et qui essaye de faire un truc ressemblant vaguement à une F1 (un peu comme les mauvaises 3D de voitures qu’on peut trouver sur internet..).
    Bref, peut-être que les F1 actuelles ne sont pas des reines de beauté, mais c’est clairement mieux tout de même ! De toute façon je regrette les années 2004-2006 où les F1 étaient superbes.

    Pour le reste, je pense que le règlement sera bien mieux qu’actuellement, mais j’émets une réserve sur pièces standardisées. On voit ce que ça donne aujourd’hui avec Pirelli, les équipes qui auront plus de budget sauront toujours mieux en tirer parti, mais au final, personne n’en sera vraiment satisfait…

    1. En fait, comme on met un gros diffuseur et qu’on autorise l’effet de sol, les ailerons redeviennent plus simples (3 plans à l’avant contre 9 l’an dernier….)
      et on vire les « end plates » à l’arrière (d’où une forme ronde bizarre).

      Personnellement je comprends la volonté d’éviter les différents vortex et les façons dont les écuries les évacuent sur l’extérieur (salissant l’air sur les côté) ou à l’arrière avec une trop grande différence entre le diffuseur et l’air sous l’aileron ce qui crée de grosses turbulences derrière la voiture au lieu de faire une zone d’aspiration.

      Après c’est un premier jet. Cela ressemblera certainement à une F1 à la fin 😀

      1. Je compare uniquement cette proposition de la FIA et les F1 actuelles, mais je ne doute pas que les F1 proposées par les écuries seront bien plus enthousiasmantes à regarder.
        Après, j’aime quand les solutions sont poussées à l’extrême en F1, ça a toujours été l’essence de cette discipline. Je ne voudrais pas que l’on se retrouve avec des voitures trop proches les unes des autres dans les solutions techniques. Il y a suffisamment de formules monotype comme ça, et c’est aussi pour ça que j’ai du mal avec l’Indycar.

        1. Le souci de la F1 c’est qu’ils ont suivi les écuries et ont accepté que l’aéro deviennent primordiale.
          Avant, on avait des « tourteaux fromagers » avec 4 roues et un énorme moteur (niveau puissance) et des bagnoles qui faisaient 600 kg.

          Les voitures sont des merveilles d’ingénierie mécanique et aérodynamique.
          Mais, on le voit à chaque GP, l’aéro domine. Il faut exploiter les pneus dans la bonne fenêtre et le moteur seul ne fait rien (on le voit avec les Haas ou Williams).
          Le pilote de son côté reste important, mais devient de plus en plus un exécutant.
          A part les « gros » caractères qui décident de rester en piste malgré les ordres de l’écurie (cf. Vettel à Mexico) les autres appliquent plus ou moins bien les plans de l’équipe.

          Personnellement si on me dit qu’avec ce règlement on aura des voitures plus lentes de 3 à 4 secondes au tour mais qui pourront se suivre et se dépasser naturellement, je signe.
          Mais oui, il faut que les écuries aient de la liberté sinon on fait du monotype.
          Gros points noirs, le poids qui augmente encore et les moteurs trop complexes que l’on conserve…

          La F1 veut limiter les budgets. Mais rien n’empêchera les Mercedes, McLaren, Ferrari, Honda ou même Renault qui ont des programmes de voitures de route de mettre 200 millions officiellement dans ces programmes de route et en fait de bosser sur des morceaux d’une F1…la limite des budgets est un leurre.
          Le seul moyen pour que les budgets n’explosent pas est de faire que 300 ou 500 millions ne fassent pas de différence. Actuellement c’est le cas.

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