Verstappen / Hamilton, acte 2
Tout le monde a encore en tête le formidable duel entre les deux champions en 2021, avec en point d’orgue ce final d’Abu Dhabi aussi incroyable que controversé. Tout le monde attend et espère une 2e saison épique, avec désormais un Max Verstappen en nouveau roi ayant un titre à défendre, et un Lewis Hamilton plus remonté que jamais, assoiffé de revanche. A défaut de le vivre sur Netflix, puisque Verstappen boude le spectacle « arrangé » proposé par « Drive to survive », nous attendons surtout de le voir en piste, avec, si possible, d’autres invités dans la lutte pour la victoire !
Du côté des pilotes, pas de grands bouleversements cette année, d’autant que beaucoup d’équipes ont d’orès et déjà vérrouillé leurs pilotes pour les années à venir, qu’il s’agisse de Verstappen chez Red Bull, Leclerc chez Ferrari ou Norris chez McLaren. On suivra avec attention les débuts de George Russell chez Mercedes. La confrontation avec Hamilton sera forcément intéressante, pour voir si l’on assiste à un passage de témoins entre générations…ou pas !
La FIA est également attendue, sur la refonte de la direction de course, la gestion des pénalités et les communications entre commissiares et directeurs d’équipes, autant d’éléments qui ont un peu gâché la fête l’an passé et suscité des polémiques.
Nouvelle ère règlementaire
La grande attraction, c’est évidemment la grande refonte technique de la Formule 1, l’une des plus importantes depuis des décennies. Malgré le spectacle de 2021, les critiques étaient récurentes depuis de longues années sur le manque de bagarre en piste et les difficultés pour les pilotes de se suivre de près sans détruire leurs pneus. La révolution technique adoptée par la FIA et la F1 a été voulue pour résoudre ces écueils.
Avec le retour de l’effet de sol, le changement radical du design des monoplaces et l’adoption des roues 18 pouces, le pilotage des F1 est sensiblement modifié. L’objectif est de réduire considérablement les turbulences aérodynamiques qui étaient générées par les anciennes F1, surtout « l’air sale » généré dans leur sillage, afin de favoriser le combat rapproché entre les pilotes et donc de proposer un spectacle plus intense encore. Les premiers retours des ingénieurs et des pilotes, dont certains se sont essayés à des simulations de lutte en piste, semblent très positifs à ce sujet.
On ne peut que se satisfaire aussi du design des monoplaces, plus agréable à l’oeil que par le passé, et surtout de la diversité aérodynamique qu’elles proposent. En effet, entre les pontons quasiment absents de la Mercedes, le museau pointu de la Ferrari ou les ouies d’aération des pontons de l’Aston Martin, on n’avait pas vu une si grande diversité de design depuis longtemps, alors que les monoplaces des dernières saisons avaient tendance à se ressembler.
D’autres changements ont lieu sur la règle pneumatique des qualifications, en attendant l’aggiornamento de la règlementation de la Safey-Car.
Cette nouvelle donne technique, à l’heure des plafonds budgétaires, pemettra-t-elle de ressérer les écarts entre les écuries, voire de redistribuer les cartes ? A la lumière des essais hivernaux, quelques surprises ne sont pas impossibles. On a constaté aussi que les écuries rencontraient des difficultés importantes de mise au point, de tenue de route, notamment à cause du phénomène de « marsouinage » (la voiture talonne de plus en plus au fur et à mesure de la vitesse et de l’effet de sussion provoqué par l’effet de sol) et que les pilotes devraient modifier leur approche de la conduite de ces monoplaces. Autant d’éléments qui pourraient créer des courses inattendues, au moins en début de saison.
Voyons désormais les 5 premières équipes protagonistes de la saison 2022.
Présentation des équipes et des pilotes
Mercedes-AMG Petronas – W13 |
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249 grands prix / 124 victoires /135 poles / 264 podiums 8 titres pilotes / 9 titres constructeurs La « dream team », invaincue depuis les débuts de l’ère hybride en 2014, a connu son premier grand revers l’an passé en perdant le titre pilotes face à Max Verstappen. L’écurie affirme avoir très tôt basculé ses ressources sur 2022 pour la grande revanche, mais les derniers essais de Bahrein se sont révélés pourtant assez inquiétants en terme de performance et de tenue de route. Mercedes évoque des difficultés, tandis que la concurrence ne croit pas à ce qu’elle considère être un bluff rituel d’avant saison. La révolution technique marquera-t-elle la fin du règne de Mercedes, ou sa réinstallation au sommet ? |
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#44 – Lewis Hamilton |
#63 – George Russell |
288 GP / 103 victoires /103 poles / 59 meilleurs tours / 4165.5 pts / 182 podiums / 7 titres
Terrassé à Abou Dhabi par un final à rebondissement qui l’a privé d’un 8ème titre, l’anglais a joué à l’homme invisible pendant l’intersaison, laissant courir des rumeurs de retraite à son égard. Mais il est bien là, gonflé à bloc. Le septuple champion est sans doute surmotivé pour prendre sa revanche, ce qui peut le rendre intraitable, mais il devra composer désormais avec un nouvel équipier aux dents longues. |
60 GP / 1 podium / 1 meilleur tour / 19 points
Enfin ! Après trois saisons à ronger son frein et à réussir l’impossibe avec les rétives Williams, l’espoir britannique tient enfin l’opportunité d’entrer dans la cour des grands. Si ses capacités sont indéniables – il l’avait prouvé à Bahrein en 2020 en remplaçant Hamilton au pied levé – le plus grand défi sera sans nul doute de ne pas être éteint par l’aura de son équipier. |
Oracle Red Bull Racing – RB17 |
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325 GP / 75 victoires / 73 poles / 206 podiums 4 titres constructeurs / 5 titres pilotes Red Bull a réussi un véritable exploit l’an passé en défiant Mercedes jusqu’à la fin de la saison pour finalement ravir le titre dans un final d’anthologie. Malgré son départ officiel, Honda continue son partenariat de motoriste avec l’écurie autrichienne, qui peut s’appuyer sur un budget solide, grâce à nouveau sponsor-titre Oracle et sur un département technique éprouvé. Les essais laissent entrevoir un très bon potentiel. |
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#33 – Max Verstappen |
#11 – Sergio Perez |
141 GP / 20 victoires / 13 poles / 60 podiums / 1557.5 pts / 16 meilleurs tours
1 titre Max Verstappen a accompli une saison 2021 quasiment parfaite, qui l’a propulsé sur l’Olympe de la Formule 1 pour détrôner Lewis Hamilton. Diabement rapide et agressif, parfois trop, le néerlandais a désormais l’expérience et la maturité en plus. Galvanisé par son nouveau statut, il aligne une combinaison de capacités absolument redoutable, et sera sans nul doute au rendez-vous de la nouvelle saison. |
213 GP / 2 victoires / 15 podiums / 6 meilleurs tours / 896 pts / 4e championnats 2020 et 2021
Avec le mexicain, Red Bull a enfin trouvé le bon « numéro 2 » aux côtés de Verstappen, suffisamment rapide et régulier pour peser sur la stratégie en course et épauler son leader dans la lutte pour le titre. Encore faible en qualifications, « Checo » Perez est cependant un bagarreur et un vrai »racer », qui a été décisif à plusieurs reprises là où Bottas n’a jamais vraiment aidé Hamilton. Le mexicain peut aussi jouer sa carte quand son leader trébuche, mais c’est rare… |
Scuderia Ferrari – SF-75 |
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1030 GP / 238 victoires / 230 poles / 254 meilleurs tours / 778 podiums
15 titres pilotes et 16 titres constructeurs Voilà 13 ans que Ferrari n’a plus ramené de titre à la maison ! Après la déroute humiliante de 2020, la saison 2021 a marqué le début d’une renaissance de la Scuderia, qui a repris la 3ème place du championnat à McLaren. Le nouveau moteur donne pleine satisfaction et la SF-75, nommé ainsi en hommage au 75e anniversaire de la marque, en plus d’être très belle, semble bien née, au regard des fructueux essais hivernaux. Ferrari se considère certes comme un outsider en 2022, mais pourrait créer la surprise en profitant de cette nouvelle donne technique et d’une paire de pilotes très complémentaire. En tous cas, les tifosis espèrent que leur écurie de coeur pourra renouer avec la victoire, qui lui échappe depuis 2019. |
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#55 – Carlos Sainz |
#16 – Charles Leclerc |
140 GP / 6 podiums / 1 meilleur tour / 536.5 pts / 5e champ.2021
L’espagnol a prouvé une fois de plus sa formidable capacité d’adaptation. Pour sa première saison en rouge, Carlos Sainz a largement dépassé les attentes et s’est permis de terminer le championnat devant son supposé « leader » Charles Leclerc, avec 4 podiums à la clé. Toujours à la recherche de sa première victoire en grand prix, Sainz est un pilote appliqué et très solide qu’il faudra surveiller de près. |
80 GP / 2 victoires /9 poles / 13 podiums / 4 meilleur tours / 560 pts / 4e championnat 2019
2021 fut une saison mitigée pour Charles Leclerc, qui a frôlé la victoire à Silversone et vécu un nouveau crève-coeur à Monaco. Toujours très rapide, pas toujours verni mais aussi un peu irrégulier, il a surtout vu son leadership au sein de la Scuderia remis en question par son nouvel équipier Carlos Sainz, qui s’est montré plus véloce que prévu. Le monégasque a faim de succès et sait que son statut est également en jeu dans la nouvelle saison qui arrive. |
McLaren – MCL36 Mercedes |
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902 GP / 183 victoires / 156 poles / 493 podiums / 160 meilleurs tours
8 titres constructeurs 12 titres pilotes 3ème en 2020, Woking a trébuché d’une marche en 2021 mais a renoué avec la victoire grâce à Daniel Ricciardo à Monza, la première depuis 2012 ! Les désastreuses années 2015-2018 avec Honda sont bien lointaines. Patiemment réorganisée par Zak Brown et Andreas Seidl, malgré les difficultés financières, McLaren est revenue dans la cour des grands. Les essais hivernaux ont mis en avant des soucis de freins, mais on peut espérer que la trajectoire de reconquête amorcée en 2019 ne s’arrête pas en si bon chemin. |
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#4 – Lando Norris |
#3 – Daniel Ricciardo |
60 GP / 1 pole / 5 podiums / 3 meilleurs tours / 306 points / 6e champ.2021
En Russie, l’an passé, Lando Norris a frôlé la victoire mais aussi pêché par manque d’expérience. En constante progression depuis ses débuts en 2019, le jeune anglais est une pépite que McLaren s’est empressée de « sanctuariser » par un nouveau contrat à long terme. Ayant pris la mesure de son équipier Ricciardo l’an passé, l’espoir britannique peut s’appuyer sur son grand talent naturel et sur un immense capital sympathie, au sein de l’équipe comme auprès des jeunes fans. |
210 GP / 8 victoires / 3 poles / 32 podiums / 16 meilleurs tours / 1274 pts / 3e champ. 2014 et 2016
Daniel Ricciardo fait désormais partie des pilotes les plus expérimentés du plateau. Malgré son succès à Monza, la saison 2021 a été difficile pour l’australien, qui a eu du mal à s’adapter à sa nouvelle voiture et qui a subi une grande partie de la saison la loi de son jeune et talentueux équipier. Combattant et « racer » incontestable, Ricciardo sait qu’une réaction de sa part est attendue et indispensable, afin d’éviter le début d’un déclin de carrière. |
BWT Alpine F1 – A522 |
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« El Plan » va-t-il continuer de s’exécuter comme prévu ? L’intersaison a vu la poursuite de la révolution de palais menée manu militari par Laurent Rossi, et qui s’est traduite par les départs de Marcin Budkowski, Rémi Taffin et Alain Prost. A la place, Alpine récupère comme directeur le transfuge d’Aston Martin Otmar Szafnauer, qui arrive avec le gros sponsor BWT. L’A522, dont la livrée accueille désormais du rose aux côtés du bleu Alpine traditionnel, est propulsée par un nouveau V6 Renault qui semble prometteur. Les essais n’ont pas mis en évidence cependant un rythme impressionnant, tandis que la fiabilité a été mise en défauts face aux prises de risque de la puissance. Alpine reste scotché à la 5e place depuis 2019 et espère monter en grade, dans la continuité de la victoire remportée à Budapest l’an passé. | |
#14 – Fernando Alonso |
#31 – Esteban Ocon |
334 GP / 32 victoires / 22 poles / 98 podiums / 23 meilleurs tours / 1980 ptsChampion 2005 et 2006
Fernando Alonso a fait taire les sceptiques avec son retour réussi. Malgré le poids des ans, l’ancien double champion du monde a encore fait étalage de sa science de la course et de ses facultés de pilotage et de combativité, avec en morceaux de bravoure son duel avec Hamilton à Budapest et un podium au Qatar. Mieux, l’espagnol a montré un nouveau visage, bien plus « team player » et moins soupe au lait que par le passé. Si l’A522 marche, il faudra compter avec le doyen ! |
89 GP / 1 victoire / 2 podiums / 272 pts / 8e champ.2017
Après avoir souffert de la comparaison avec Ricciardo en 2020, on craignait que le jeune normand ne se fasse dévorer par Alonso. Certes, le début de saison a été laborieux, mais le français a saisi une magnifique opportunité à Budapest et a terminé la saison au niveau de son prestigieux équipier. Solide mentalement, gros bosseur et très fiable en course, on espère qu’il pourra confirmer. |
Quel top 5 en 2022 ?
Il est toujours risqué de tirer des plans sur la comète à partir d’essais où une grande partie de poker menteur s’installe. On peut néanmoins miser une pièce sur Ferrari, peut-être pas pour le titre, mais pour jouer la victoire sur plusieurs courses. Une bataille à trois avec Red Bull et Mercedes serait formidable.