F1 : Haas se sépare d’Uralkali et de Nikita Mazepin

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu des repercussions immédiates sur le monde du sport. Football, biathlon, athlétisme, dans de nombreux sports, les évènements sportifs programmés en Russie ont été annulés et les athlètes de nationalité russe ou biélorusse ont été exclus des compétitions ou contraints de participer sous bannière neutre.

En F1, les repercussions sont arrivées rapidement avec l’annulation du contrat qui liait la discipline au grand prix de Russie de Sotchi (ainsi qu’avec le futur grand prix à Igora Drive) et l’interdiction faite aux pilotes russes, par MotorSport UK, de concourir sur le sol britannique.

Suite logique

Pendant les essais hivernaux d’intersaison, Haas avait réagi immédiatement après le début de l’offensive en enlevant sur sa carrosserie le liseré russe décoratif, ainsi que la mention d’Uralkali, le groupe industriel russe spécialisé dans la production de potasse, sponsor-titre de l’écurie depuis 2021. Dès lors, le sort du pilote russe de l’équipe, Nikita Mazepin, était sur la sellette, puisque sa présence dans le baquet Haas était liée au sponsoring d’Uralkali, dirigée par son père Dmitry Mazepin, un oligarque proche du Kremlin.

Ce matin, Haas a donc confirmé à la fois la fin du contrat avec Uralkali et l’engagement de Nikita Mazepin comme pilote. Le communiqué a stipulé : « Haas F1 Team a décidé de mettre fin, avec effet immédiat, au sponsoring titre d’Uralkali, et au contrat de pilote de Nikita Mazepin. Comme le reste de la communauté de la Formule 1, l’équipe est choquée et attristée par l’invasion de l’Ukraine et souhaite une fin rapide et pacifique au conflit ».

La réaction ne s’est pas faite attendre de la part du principal intéressé, puisque Nikita Mazepin déplore une décision unilatérale, alors même qu’il s’était engagé à respecter les conditions de stricte neutralité politique exigées par la FIA qui envisageait ainsi de permettre aux pilotes russes et biélorusses de poursuivre leurs engagements.

« Chers fans et followers, je suis très déçu d’apprendre qu’il a été mis fin à mon contrat en F1 », a indiqué le pilote russe sur les réseaux sociaux. « Même si je comprends les difficultés, la décision de la FIA ainsi que ma volonté continue d’accepter les conditions proposées afin de pouvoir poursuivre ont été totalement ignorées et aucune procédure n’a été suivie dans cette mesure unilatérale. À ceux qui ont essayé de comprendre, mes remerciements sont éternels. J’ai énormément apprécié mon passage en F1 et j’espère vraiment que nous pourrons tous nous retrouver dans de meilleurs moments. J’aurais plus de choses à dire dans les prochains jours. »

Un avenir en pointillés…

On peut trouver, comme l’a dit Daniil Kvyat, que ces sanctions sont injustes, puisque ces sportifs ne sont en rien responsables des décisions politiques et militaires de leurs gouvernements. Dans le cas de Mazepin, c’est surtout la rupture de contrat avec Uralkali et les accointances de son père avec le régime poutinien qui ont aussi pesé dans la balance. Les sanctions économiques qui visent notamment les avoirs russes en Occident, auraient, de toute façon, eu une incidence sur le fonctionnement de l’équipe.

Pour Haas se pose désormais le problème du financement. L’écurie n’a décidément pas de chance dans son sponsoring. Après l’épisode farfelu de Rich Energy en 2019, voici désormais que la géopolitique vient rompre le partenariat avec Uralkali. Dans l’immédiat, pour remplacer Mazepin, Haas devrait se tourner vers Pietro Fittipaldi, issu de la Ferrari Academy et qui a déjà participé à deux grands prix en 2020 pour palier le forfait de Romain Grosjean suite à son crash de Bahreïn. Les liens avec Ferrari pourraient aussi permettre à Antonio Giovinazzi, remercié par Alfa Romeo, de rebondir. Voici peut-être une opportunité pour Andretti, qui vient de finaliser son projet d’écurie de Formule 1 mais qui pourrait trouver en Haas une bonne affaire afin d’accélérer son engagement dans la discipline.

On pense aussi à d’autres pilotes et structures qui pourraient être affectés, comme le pilote F2 Robert Schwarzman, ainsi qu’à des équipes importantes du monde du GT et de l’Endurance, comme G-Drive Racing et SMP Racing, qui battent toutes les deux pavillon russe. On pourrait aussi se poser des questions sur le partenariat entre Ferrari et la société informatique russe Kaspersky, célèbre pour ses logiciels antivirus.

(4 commentaires)

  1. Je pense que Haas devrait laisser tomber l’idée d’un sponsor titre, ça leur réussi pas

  2. Gene Haas a annoncé qu’il n’y aurait pas de souci de financements (sous-entendu il mettra la main à la poche si besoin). Mais récupérer un vrai sponsor titre ça serait pas mal…

    Ferrari place déjà Mick Schumacher…en placer un second hein, pas trop de mal. Et on « refourgue » un sponsor ? Mission Winnow…ou plutôt Finishnow 🙂

    Ce qui est hallucinant c’est quand même que « certains » sur les réseaux zozios limite plaignent Mazepin. Mais s’il est arrivé en F1 c’est grâce au sponsor…sponsor parti, Mazepin aussi. Ce n’est pas le premier.

    Après tout, Maldonado (vainqueur d’un Grand-Prix donc d’un autre niveau en théorie) a vu sa carrière en F1 s’arrêter quand PDSVA, le pétrolier vénézuélien, a arrêter son sponsoring.
    Guttierez, Nasr, etc. avec le sponsor ils étaient dans un baquet, sans le sponsor….bye bye.

    D’autres pilotes ont un baquet pour leur talent, mais aussi car ils amènent des sponsors persos (Perez, etc.).

    Un bon pilote, ca serait intéressant pour challenger Mick.

  3. Décision peu surprenante. Beaucoup de choses laissaient penser que ça arriverait :
    – Mazepin n’a son baquet que grâce à son père. Il n’a pas été choisi en tant que tel. On l’a vu, ce n’est pas un talent, voire c’est un boulet pour Haas. C’était une bonne opportunité pour l’écurie, bien que le timing soit mauvais.
    – le père Mazepin est bon copain avec Putin. ça allait faire des vagues sur leur image (au fils comme à Haas)
    – Je ne suis pas si sûr que Mazepin (père et/ou fils) soit si enclin à ne montrer aucun support envers la Russie. Je ne serais pas étonné d’apprendre que des pressions politiques soient derrière, côté russe.
    – comme dit dans l’article, le futur du père Mazepin n’est pas forcément assuré financièrement. Sans qu’il ne se retrouve à la rue, si le père perd des milliards avec les sanctions actuelles, il n’est pas dit qu’il sera toujours aussi enclin à mettre la main à la poche.

    Bref, injuste pour Mazepin dans un sens. Mais son arrivée dans la compétition était elle aussi injuste.
    J’espère quand même qu’il rebondira rapidement.

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