A Interlagos, Lewis Hamilton (ici, à gauche de Nicole Scherzinger) a décroché un titre synonyme de nombreuses premières fois. Il est le plus jeune champion du monde (23 ans), le premier champion du monde black, le premier champion du monde Britannique depuis Damon Hill (1996) et le premier champion du monde sur McLaren depuis Hakkinen (1999.) Mais ce que beaucoup de médias ont oublié, c’est qu’il est également le premier champion du monde de F1 par ailleurs champion de GP2 (ou de ses prédécesseurs la F2 et la F3000.)
Les F2 naissent officieusement au lendemain de la première guerre mondiale avec les « voiturettes », des monoplaces plus petites que les « Grand Prix ». En 1948, la FIA définie clairement les « Formule B » (bientôt renommée « Formule 2 ».) Mais ce n’est qu’en 1967 qu’à lieu le premier championnat officiel de la spécialité. A l’époque, il entre en concurrence directe avec des courses de F2 ne comptant pas pour le classement, mais richement dotées. De plus, comme le plateau de F1 ne comporte qu’une quinzaine de concurrents réguliers, les organisateurs complètent régulièrement avec des F2.
Enfin, il n’est pas rare que les ténors de la F1 effectue des piges en F2 (pour satisfaire un sponsor, toucher la prime de départ ou tenter de se faire « remarquer » et lancer leur carrière.) La FIA décrète donc que les pilotes « gradés » ne peuvent marquer de points. En 1967, Jochen Rindt s’impose dans 5 des 10 manches, mais c’est un « gradé ». Alors c’est Jacky Ickx (ci-dessus) qui inaugurera le palmarès de la F2.
Dans les années 70, le sport automobile Européen se structure; la « filière monoplace » se met en place. Des constructeurs débarquent (comme la March/BMW de Jean-Pierre Jarier, en 1973) et les budgets explosent. Pourtant, de 1967 à 1984, aucun champion de F2 ne sera plus tard champion de F1. Il y eu au mieux des « champions sans couronne » comme Ickx, Ronnie Peterson (champion 1971), Jacques Laffite (champion 1975) ou René Arnoux (champion 1977.)
En 1985, pour réduire les couts et chasser les « usines », la FIA crée la F3000, qui remplace la F2.
Mais de nombreux champions allèrent directement de la F3 à la F1: Mika Hakkinen, Nelson Piquet, Alain Prost, Michael Schumacher, Ayrton Senna… Kimi Raikonnen fit même le grand saut de la Formule Renault à la F1! On pense qu’il vaut mieux débuter tôt en F1 (quitte à démarrer dans une petite équipe) et apprendre sur le tas plutôt que d’affiner son pilotage dans les formules de promotion.
De plus, Elf y emmène de nombreux pilotes Français (dont certains n’avaient pas leur place.) Les tricolores représenteront jusqu’au tiers du plateau! Ajoutez-y les « pilotes à mallette » et vous comprendrez qu’un titre de F3000 n’avaient pas beaucoup de valeur auprès des team-managers de F1. Parmi les champions, seuls Jean Alesi (champion 1989) et Olivier Panis (champion 1993) eurent une carrière longue. Notez néanmoins que Rubens Barrichello, David Coulthard, Heinz-Harald Frentzen et Damon Hill passèrent par la case « F3000 ».
En 1996, la FIA impose le châssis (Lola) et le moteur (Zytek.) L’objectif est toujours de réduire les couts. De plus, les courses se déroulent toutes en prologue de la F1. Mais le mal est fait et les team-managers scrutent davantage la F3000 Japonaise (actuelle Formula Nippon) ou l’Open Nissan (actuelle WSR.)
Avant, une victoire en F3000 ouvrait automatiquement les portes de la F1. Champion 1995, Vincenzo Sospiri se contentera d’une non-qualification en F1 avec la Lola. Son successeur, Jorg Müller aura le « privilège » d’être le premier champion de F3000 qui ne courra pas en F1. Bruno Junqueira (champion 2000) et Bjorn Wirdheim (champion 2003) eurent le même « privilège ».
Même le bref épisode des « junior team F1 » ne changea pas la donne.
En 2005, énième nouvelle formule avec le GP2. Les trois premiers champions (Nico Rosberg, Lewis Hamilton et Timo Glock) trouvèrent un volant en F1 dans la foulée.
Aujourd’hui, les pilotes débutent en monoplace à 16 ans (contre 18 ans, voir 20 ans, auparavant) et les meilleurs ne passent plus qu’une saison par discipline (comme Alonso en son temps.) Les team-managers n’ont plus à choisir entre un « jeune » et un pilote expérimenté. Hamilton, Rosberg et Sebastian Vettel sont les prototypes de ces « jeunes vieux ». Nul doute que dans le futur, un autre fera le doublé F1/GP2…
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