F1 2021 : vers une boîte de vitesses standardisée

Budgets capés, simplification des moteurs : pour l’instant, la FIA a fait chou blanc dans sa volonté de revoir les bases de la règlementation globale de la F1 avec les constructeurs. Les choses pourraient cependant évoluer avec cet appel d’offres lancé par la FIA pour trouver un fournisseur commun de boîte de vitesses à partir de 2021.

Qui emboîtera le pas ?

« Le but du fournisseur unique est de maintenir les performances actuelles pour les changements de rapports, à un coût bien plus faible pour les concurrents, tout en mettant fin à la nécessité des équipes de concevoir ou de trouver le fournisseur pour une boîte de vitesses » précise l’appel d’offres de la FIA. La fédération précise que les boîtes de vitesses pourront disputer plusieurs saisons, « ce qui mettra fin au besoin d’un développement continu. » Toutefois, « le boîtier externe de la transmission restera spécifique aux écuries, c’est-à-dire que chaque concurrent devra concevoir et produire le sien, et ce afin de permettre aux écuries de conserver une liberté de dessin au niveau de la suspension et des surfaces aérodynamiques de la boîte de vitesses ». La FIA précise que cette boîte, semblable aux modèles actuels, sera limitée à 7 rapports et qu’elle devra supporter une puissance accrue du MGU-K (système de récupération d’énergie cinétique) d’environ 30 Kw. Le fabricant devra en assurer la production, la livraison et la maintenance, au moins jusqu’en 2024.

Le célèbre fabricant anglais X-Trac est sur les rangs pour remporter l’offre mais une des équipes F1 pourrait postuler pour fournir l’ensemble du plateau. Actuellement, c’est déjà le cas pour McLaren qui fournit l’ECU. L’appel d’offres est également clair quant au fait que le fournisseur vainqueur devra travailler avec les équipes sur le design. « La boîte de vitesses devra être dessinée avec le concours de tous les concurrents et les fournisseurs d’unités de puissance pour garantir qu’elle puisse fonctionner aussi bien que possible dans toutes les voitures, et tous les efforts nécessaires doivent être faits pour satisfaire un maximum d’exigences des concurrents et des fournisseurs d’unités de puissance. »

Boîte à malices

En effet, le développement des boîtes de vitesses s’avère très coûteux pour gagner en poids, en compacité. Cela contribue à la course aux armements entre les équipes car son impact sur l’aérodynamique et l’équilibre de la voiture est considérable. Ce n’est pas un hasard si des équipes comme Haas et Alfa Romeo ont préféré acheter un « pack » complet à Ferrari moteur+boîte pour gagner sur les coûts de production et de développement internes.

Justement, cette standardisation voulue par la FIA a sans doute pour objectif de contrer le système de partage de technologies qui s’est renforcé entre les équipes-fournisseurs et leurs clients, à l’instar de RedBull/Toro Rosso ou de Ferrari et Haas/Alfa Romeo: par exemple, l’écurie américaine achète à Ferrari non seulement son ensemble moteur-boîte mais aussi ses suspensions, dont le dessin découle évidemment de la boîte de vitesses. Ce partenariat très poussé a  souvent fait réagir vivement d’autres équipes (Renault et Force India pour ne pas les nommer) qui étaient très critiques et tiraient la sonnette d’alarme contre la prolifération des « voitures bis » des top-teams. Avec cette boîte commune, la vente de trains arrières complets à des équipes affiliées sera plus difficile et représentera un manque à gagner pour les grosses écuries.

La date butoir de l’appel est fixée au 15 mars, un délai donc très court. La FIA semble vouloir reprendre la main alors que les négociations pour le règlement 2021 sont un peu au point mort. Renault indiquait ces derniers jours être assez anxieux face au manque d’avancées des discussions sur la future législation.

L’avis de leblogauto.com

La standardisation n’est pas dans l’ADN de la F1 (quoique, 90% du plateau roulait en V8 Cosworth dans les années 70…) mais face aux contraintes budgétaires et au risque permanent de course aux armements, il faut légiférer. Des questions demeurent : est-ce la première étape vers une standardisation plus poussée de la F1, avec le risque de faire fuir à terme une équipe comme Ferrari ? Est-ce plutôt un aveu d’échec pour la FIA qui, faute d’avoir pu faire évoluer sensiblement la règlementation moteur, se reporte sur la boîte de vitesse par défaut ? Doit-on y voir une manœuvre visant à contrecarrer la mainmise technologique des top-teams sur le reste du plateau ?

(22 commentaires)

    1. Ah bon ? Mais les constructeurs de quoi ? Pendant des décennies aucun  » grand  » constructeur n’était en F1, et même maintenant ce sont plus des officines qu’on achète et qu’on revend en fonction de critères qui n’ont rien de sportif, et sur lesquelles on plaque un nom de  » grand  » constructeur. VW n’a jamais fait de F1 et le groupe est N°1 ou 2 ou 3 suivant les années. Renault a gagné avec son moteur pendant des années, mais on ne peut pas dire que leurs groupes motopropulseurs de série soient particulièrement remarquables ou au-dessus du lot. Aucune grande avancée technique n’ait issu de la F1 ou de la course automobile en général, dont ce n’est pas le BUT !!! On ne demande pas aux coureurs à pied d’améliorer les chaussures de Monsieur tout le monde !….
      Le turbo a été inventé en 1905, utilisé sur des moteurs de camion ou de navires pendant des décennies avant d’arriver en F1. Les freins à disque issus de l’aviation ont été montés sur une voiture de série, la DS 19 avant les Jaguar vainqueur au Mans. Les moteurs hybrides commercialisés par Toyota en 98 bien avant la F1, etc…..

    2. Les boîtes à double embrayage de vos nouvelles autos elle viennent d’où à votre avis ???
      Et le surfaçage des pièces de friction des moteurs ?
      Etc…

      1. La boite à double embrayage n’est qu’un avatar des boites automatiques beaucoup plus complexes (et qui datent des années 30!). Une boite à double embrayage n’est que la juxtaposition de deux  » boites manuelles  » automatisée. Les CVT ( transmission continue type DAF amélioré ) ne sont pas issues de la compétition, ni les  » infiniment variables  » type Torotrak. La compétition automobile c’est d’abord de la compétition dans un cadre technique défini. Les ingénieurs s’ingénient dans les limites des réglements, mais leur but n’est certainement pas d’améliorer la voiture de » Monsieur Toutlemonde « . Même si un moteur de F1 doit maintenant durer plusieurs courses , disons 8 pour faire simple, ça fait maximum 2500 km en comptant large. Loin de ce que demande le client Lambda. Dans un pays qui jusqu’à peu plébiscitait le moteur Diesel, celui-ci est interdit en F1. Idem pour les 4 roues motrices. Les pneus, on les change au bout de 10 à 15 tours pour les Ultra-softs , soit 40 à 60 km ! Et quand il pleut on les change. Effectivement ce sont de gros progrès pour la voiture de tous les jours !!!
        Dans le domaine de la sécurité, les ceintures de sécurité, airbags, ABS, etc…ne sont pas issus de la compétition.
        Aux USA, on appelle un chat un chat, et la compétition automobile est d’abord un spectacle. Et ils ne se réfugient pas derrière de soi-disant arguments de progrès pour justifier le sport automobile. Sinon il faudrait dans ce cas laisser TOUTES les options techniques possibles pour stimuler la créativité. Ce qui n’a jamais été le cas nulle part ( voir l’interdiction de la turbine à gaz à Indianapolis ), même si des strapontins ont parfois été accordés comme au Mans pour des véhicules « excentriques ».
        A noter que quand Citroën sortait la DS, avec suspension hydropneumatique et freins à disque, les F1 de l’époque avaient des essieux rigides à l’arrière, et des freins à tambour !

  1. L’avis d’Ami204 :
    « face aux contraintes budgétaires et au risque (pourquoi « risque » ?) permanent de course aux armements, » non, il ne faut PAS légiférer !
    Il y a TROP de lois, de règlements. Pourquoi pas la li-ber-té ?

  2. Si on va vers une boîte commune, pourquoi pas un moteur commun, etc.. ?
    L’imposition de l’égalitarisme provoquera un sérieux ralentissement du progrès technologique ainsi qu’une baisse de l’intérêt de la course.

  3. Je ne vois pas l’intérêt de standardiser à outrance, cela bride la créativité, c’est cela qui fait le progrès technologique

    1. En fait l’intérêt qu’il pourrait y avoir c’est de fournir les petites écuries en matériel « peu cher ».
      Développer sa propre boîte, cela demande des compétences et de l’argent.
      C’est pour cela que les écuries privées ont tendance à acheter la transmission.

      En standardisant, on leur permet de mettre plus de budget ailleurs.
      Mais, les gros mettrons aussi plus de budget ailleurs.
      La FIA espère que la différence de budget sur ce ailleurs fasse moins la différence en piste.

      Ce qui est idiot car on arrive à avoir des dizaines de millions dépensés sur un petit déflecteur posé idéalement sur la carrosserie après des heures en simulation….
      Ce que ne pourront jamais faire les « petites » écuries et les écarts resteront.

      Le seul moyen, à mon sens, pour que l’on voit des petits être en mesure de gagner, c’est de relâcher la pression sur la fiabilité.
      On joue sur le moteur par exemple…avant, les grosses écuries pouvaient voir le moteur partir en fumée et donc un plus petit faire un podium ou une victoire, sur une stratégie un peu plus conservatrice.
      Ou au contraire, le petit prenant des risques et ne cassant pas…

      Là, c’est tellement fiable que le seul moyen de voir un bouleversement de hiérarchie c’est la pluie (et encore) ou une crevaison pour le leader (de moins en moins vrai aussi).
      Bref, la standardisation profite aux gros.

      1. À Thibaut :
        « l’’intérêt […] c’est de fournir les petites écuries en matériel «peu cher» » :
        L’intérêt à privilégier les petits au détriment des gros n’est QU’idéologique : l’égalitarisme.
        Ce genre d’égalitarisme est intrinsèquement
        – de l’interventionnisme arbitraire (ici, les boîtes),
        – de l’interventionnisme changeant (les hommes sont de petits politiciens qui ont des lubies changeantes), etc …
        Et qui dit interventionnisme dit coût : faut payer les fonctionnaires en charge de sa mise en place, de son fonctionnement, de la vérification, des abus, de la justice, etc..
        Et qui dit interventionnisme dit aussi tracas.
        D’autant plus qu’ici, il s’agit de compétition ! La concurrence devrait être respectée et exempte d’interventionnisme égalitariste.
        L’égalitarisme est mal placé ici.
        Cette ingérence idéologique égalitariste est stupide.
        Il n’y aurait donc aucune raison de s’immiscer dans les affaires des autres.
        Li-ber-té et simplicité devraient être les mots d’ordre de tout un chacun.

      2. De toutes manières, la F1 châtrée, je ne la regarde plus depuis fort longtemps… J’ai pas été très loin après l’époque Prost/Senna en fait.
        Les GP moto sont bien plus intéressants.

        1. En quoi la Moto GP est plus intéressante ?
          Perso je ne ratais aucun GP à l’époque de la 500, puis au passage au 4 temps.
          Maintenant ? Je n’en regarde plus.

          Pourquoi ? Les motos usine sont devenues irrattrapables. Et même quand on veut nous faire croire à la possibilité d’une victoire d’un privé (Zarco par exemple), la course nous rappelle que la moto la plus rapide est toujours une usine.
          Les motos GP sont des merveilles d’ingénierie que j’adore disséquer (mentalement) pour comprendre les trouvailles d’ingénierie pour toujours aller plus vite.
          Mais…cela ne vaut pas la 500 ou le début du moto gp avec toutes les « aides » qu’ils ont…les shifters, les assistances au freinage, etc.
          L’endurance moto me sied plus déjà.

          La F1, c’est un peu pareil. Trop de technologie et moins de « trouvailles ».
          Les mecs mettent désormais plus de 10 000 euros dans un volant…et cette année on impose des gants biométriques !
          Pourquoi la FE attire alors qu’ils vont aussi vite que des GP3 en pneus usés ?
          Car les mecs peuvent se foutre des coups de roue (ou presque) et surtout car il y a du suspense jusqu’à la fin (il n’y a qu’à voir le dernier ePrix de Mexico);
          Remettons de l’incertitude en F1 en enlevant les contraintes moteur…chacun prendra les risques qu’il veut, quitte à pêter à 100 m de l’arrivée.
          Virons ces appendices aéro qui sont des bijoux d’ingénierie là aussi….mais qui coûtent un pognon de dingue et ne font que séparer encore plus les privés des équipes constructeurs.

          Ou alors, attendons nous à 2 catégorie en F1, comme en LMP1. Youpi.

          1. Les 2 temps n’ont plus vraiment le vent en poupe même en compêt et on peut le regretter c’est clair. Mais quand on voit ce qu’ils font avec des cylindrées doublées (et gabarit un peu supérieur) pour conserver une puissance identique, disons que ce n’est quand même pas le même spectacle.
            Les motos sont aussi techniquement plus proches de la série avec un rôle de banc d’essai qui me semble plus important, même si c’est vrai que cela avantage les gros. Et la F1 qui est grandement sortie de ce rôle ne me parait pas s’en sortir mieux…
            Et plus ca va, moins ca va: Les gants biométriques, c’est une blague?! Non, quand on en arrive là le mieux c’est de regarder une autre discipline. C’est pas ce qui manque.

          2. Non c’est l’une des nouveautés de la saison (on vous dit tout prochainement).
            Cela permet, en cas d’accident d’avoir immédiatement une remontée d’info vers l’équipe médicale.
            A voir ce que la F1 en fera après mais on peut aussi imaginer que s’affiche à l’écran les données biométriques en direct d’un pilote…hop un petit pic de battements cardiaques pendant un dépassement, ou à l’arrivée, etc.

            Toute interactivité est bonne à prendre.

            Par contre les motos sont très différentes des moto gp.
            Elles sont bien plus proches des moto d’endurance, et même des SBK.
            Rien que le calage des cylindres par exemple est très différent 😉

  4. Peut-on m’expliquer ce qu’est le boîtier externe de la boîte de vitesse et en quoi cette boîte à un impact sur l’aérodynamique?
    Les suspensions arrières se fixent dessus, et elles mêmes jouent un rôle aéro…?

    1. Les châssis de F1 sont de type autoporteur: c’est à dire que l’ensemble moteur/boîte participe structurellement au châssis.
      Dans les faits: les suspensions sont fixées cet ensemble moteur/boîte. Donc la position des points d’encrage des suspensions définie la cinématique de fonctionnement des suspensions et des performances aéro liées.
      La standardisation des boîtiers de BV va directement limiter le travail possible sur la suspension arrière.
      Sauf si bien sûr ils parviennent à se mettre d’accord pour décorréler la boîte standard d’un boîtier qui lui pourrait être développé par l’écurie.

  5. c’est une bonne chose, car la F1 coute de plus en plus cher et intéresse de moins en moins de monde (logique, ça ne passe plus bcp sur la TV publique) et les sponsors se cassent tous en FE.
    Reduire les couts, simplifier les règles, et la F1 ira mieux. Regardez Williams….elle est loin l’époques ou ils étaient les rois de la F1 avec renault, puis BMW et ou les sponsors se battaient sur la monoplace

  6. tout à fait d’accord !! surtout ces 20 dernières années, y’a lgtps que les concept cars ont pris le role de laboratoire ! A la limite la course sert à faibiliser le tout en conditions extrêmes,mais c’est tout.
    La nascar n’est pas technique, mais est populaire et sert à promouvoir la marque sans chichis technologiques (même si ça arrive à petites doses)

  7. Vrai que la F1 pas définition, c’est la créativité , la confidentialité de solutions inédites adoptées et fiabilisées en compétition . Donc imposer par réglementation un élément comme la boite de vitesses dénature la discipline.
    La boite de vitesse est un élément qui est adapté au moteur et pas l’inverse. A un moteur qui a telle plage de puissances , on adapte les rapports pour le circuit. Pour un autre circuit, on va peut-être nuancer la démultiplication des derniers rapports. Avec cette mesure , c’est un nivellement , une uniformisation des autos de courses qui auront les mêmes développements.
    C’est un renoncement à l’essence même de la course, la compétition ( mon humble avis )

  8. Désolé mais la boîte semi-auto que l’on connaît aujourd’hui vient directement de la F1. L’optimisation de l’huile moteur pour améliorer le rendement et le rapport puissance / conso vient directement de la F1. La réduction des frottements interne idem, le différentiel actuel qui équipe les Ferrari de route et qui arrivera sur le reste aussi. Il y a une quantité de technologies qui ne sont pas très connues du grand publique qui proviennent de la F1…
    La F1 devrait revoir les coût liés à l’aéro car là il n’y a aucun intérêt pour la voiture de Mr toutlemonde.

  9. Juste une info, en passant. Torotrak utilise la tech de flybrid pour le CVT et le system hybrid. Flybrid qui a été acheté par torotrak et qui depuis à été revendue a été fondée par deux ingénieur ex-renault F1. Jon Hilton et Doug Cross.

  10. Donc si je comprend bien, à l’époque où, à part Ferrari, avaient un Ford Cosworth (ou même avant un Coventry Climax) ce n’était pas de la F1.
    Pourtant ceux qui aiment parler de l’ADN de la F1 devraient se souvenir de cette époque d’à peine 10 ans plus vieille que les débuts de celle ci

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