Mais la rumeur nous dit que les nouveaux propriétaires ne voudraient pas se contenter des courses de BTCC ou de F3 Britanniques et louchent sur la F1…
Si le tout premier Grand Prix de F1 comptant pour un championnat du monde eu bel et bien lieu à Silverstone, en 1950, le grand prix de Grande-Bretagne n’a pas été toujours couru là. Le tout premier grand prix de Grande-Bretagne se déroula à Brooklands, puis il passa à Goodwood et à Donington avant que la guerre n’éclate.
En 1948, le RAC décida d’organiser de nouveau un grand prix et le circuit tracé à la hâte autour d’un ancien aérodrome militaire près d’Oxford, était alors le seul en état. Mais en 1955, c’est à Aintree, à côté de Liverpool (sur un circuit construit à côté d’un hippodrome!) que la F1 débarque. Il fera encore trois infidélités à Silverstone en 1959, 1961 et 1962, avant qu’Aintree ne change de main et que le RAC ne soit persuadé que le nouveau propriétaire ne veut pas de la F1. Mais dés 1964, le grand prix de Grande-Bretagne attérit à Brands Hatch. Il y reviendra 11 autres fois; la dernière eu lieu en 1986. Il faut y ajouter un Grand Prix d’Europe, en 1983, organisé précipitamment après le forfait du Grand Prix de New York. Et depuis 1987, Silverstone accueille en continu le Grand Prix de Grande-Bretagne.
En 1986, John Foulston s’est offert B’Hatch et comptait bien y faire revenir la F1, avec l’aide de John Webb, ex-propriétaire et surtout patron historique du circuit (il prendra sa traite en 1990.) Brands Hatch est un « circuit d’hommes », très vallonné et très rapide. La légende veut que ce soit un groupe de cyclistes qui découvrirent cet « amphithéatre naturel », en perçurent le potentiel et convainquirent un brave fermier de leur vendre le terrain. Brands Hatch fut d’abord une piste de terre, avant d’être goudronné en 1953 et de changer de sens de rotation. Après la tragédie du Mans, Brands Hatch est vu comme un exemple de modernité et de sécurité (dans les années 90, il était vu comme une vieille piste dangeureuse, alors on n’ose imaginer une « piste dangeureuse » en 1955…) Gràce à des agrandissements, le tourniquet devint une vraie piste. Mais la mort de Jo Siffert lors du Grand Prix 1971 et un carton collectif en F3000 en 1988 lui donnèrent mauvaise réputation.
Brands Hatch et Silverstone sont deux frères ennemis et Bernie Ecclestone comprend vite qu’il peut faire monter les enchères entre les deux pistes. Il commence par imposer de gros travaux à Brands Hatch. En riposte, en 1992, le BRDC (British Racing Driver’s Club, propriétaire de Silverstone) remodèle complètement son circuit. En 1987, John Foulston se tue en essayant une McLaren d’Indycar à… Silverstone. Sa veuve, Nicola, prend alors le relais. En 1996, elle introduit Brands Hatch Leisure en bourse, ce qui lui permet de faire un très beau chèque à Ecclestone en échange du Grand Prix de Grande-Bretagne, en 1999.
Mr E. a son chouchou, il annonce à Foulston que Brands Hatch aura la F1 en 2002. En 2000, comme par hasard, la FIA (dont Ecclestone est le N°2) déplace le Grand Prix de Grande-Bretagne d’août à avril (en pleine « saison des pluies ».) Du coup, les télévisions du monde entier montrèrent des VIP pataugeant dans la boue et des voitures que des tracteurs doivent tirer hors du parking (on se gare dans des prairies.) Ecclestone joue les outrés: « C’est inadmissible, Silverstone n’est plus capable d’accueillir la F1. » Octagon paye BHL (Brands Hatch Leisure, pas le philosophe) pour s’occuper de l’organisation du Grand Prix, l’année suivante. Coup de théatre: le BRDC râcle ses poches et fait à Ecclestone une offre qu’il ne peut pas refuser. Du coup, Octagon se retire de Brands Hatch et passe un accord avec Silverstone.
Et Donington? Le circuit a ouvert en 1933 et d’emblée les « 500 miles de Donington », une course de sport, fut un succès populaire. Mais pendant la 2e guerre mondiale, le site est réquisitionné pour devenir un entrepot militaire. Il le restera jusqu’en 1973 lorsqu’un fan, Tom Wheatcroft, le rachète et reconstruit le circuit (il créera également un musée de F1.) En 1977, la F2 inaugure le nouveau Donington. A la fin des années 80, grace à des travaux d’agrandissements, Donington obtient l’agrément d’accueillir la F1. Et plutôt que de se placer dans la bagarre Silverstone-Brands Hatch, il propose à la FIA un Grand Prix d’Europe. Ce sera chose faite en 1993, avec une victoire de Senna dans des conditions dantesques. Etant propriétaire d’une Super Nintendo et du jeu F1 Pole Position 2, j’ai pu disputer cette course 2 ans plus tard (sur une Benetton munie d’un V10 Renault) et j’ai du me battre pour obtenir une 2e place (surtout que j’avais cassé ma boite et que je devais passer directement de 4 en 6!)
Mais dés 1994, le Grand Prix d’Europe déménagea à Jerez, avant de passer au Nürnburgring. Wheatcroft voulait bien faire des travaux pour améliorer son circuit (il y a ainsi investi 6 millions de dollars l’an dernier), mais il a toujours refusé de jouer les enchères. Le nouveau propriétaire s’appelle Donington Ventures Leisure LTD et ses deux patrons Lee Gill, issu de la GMS et Simon Gillett, un consultant. Bref, on ne sait pas qui ils sont, d’où provient leur argent et quelles sont leurs idées… En tout cas, depuis 2002, BHL, le BRDC et Octagon sont financièrement lessivés. DVLL peut donc remporter le marché.