Echos
Balance de performance inaugurale
Même si la chose ne suscite pas les mêmes polémiques que dans les autres disciplines d’endurance autour de la planète, le Super GT use volontiers des ajustements de balance de performance afin de garder la compétition serrée.
Pour la première manche du championnat, la GT Association a décidé, suite à l’augmentation de performance régulière et générale des voitures et à la configuration un peu étriquée d’Okayama, d’appliquer une restriction ponctuelle de performance, avec une limitation du débit de carburant pour les GT500 et un supplément de poids pour les GT300.
Si cet ajustement était identique pour tout le monde, il était plus ou moins bien absorbé selon les constructeurs. Au vu de ce qui se passe habituellement, on peut penser qu’il a eu moins de conséquence pour les moteurs Toyota que pour les Honda, ce qui explique les tendances générales du week-end. Ce sera une autre paire de manches à Fuji pour la prochaine épreuve, où la réglementation habituelle sera à nouveau en place.
Remplacements provisoires
Comme précédemment indiqué dans notre présentation de la saison, un certain nombre de pilotes ne pouvaient pas être présents à Okayama, ce qui a donné lieu à quelques remplacements :
- Sacha Fenestraz, toujours empêché d’entrer au Japon par les mesures anti-Covid, était remplacé sur la Supra no37 par Sena Sakaguchi. Lui-même, titulaire sur la Lexus RC F GT3 no96, prêtait son baquet à Hibiki Taira, jeune pousse de la filière Toyota. Bandoh-san, le patron de la GT Association, a indiqué faire le lobbying auprès des autorités pour bénéficier des mêmes aménagements que d’autres sports comme le baseball ou le football pour faciliter l’entrée au Japon de ses pilotes internationaux, mais sans résultats pour l’instant.
- Tadasuke Makino est toujours en convalescence suite à une hépatite contractée cet hiver, et laissait son volant dans la NSX championne no1 à Hideki Mutoh, fraîchement mis à la retraite du GT500 par Honda et qui avait là une occasion d’en tâter à nouveau.
Décès de Haruo Tsuchiya
Au moment où l’écurie qu’il avait créée s’apprêtait à prendre la piste dans le paddock d’Okayama, un grand nom du sport automobile japonais, Haruo Tsuchiya, s’éteignait chez lui à 76 ans, vaincu par le cancer.
Haruo Tsuchiya, après un début de carrière sur deux roues, créait dans les années 1970 un atelier et une écurie de course et commençait rapidement à se faire un nom en tant qu’ingénieur et propriétaire d’écurie dans le championnat de tourisme très suivi à l’époque, avec la célèbre Nissan Sunny aux couleurs Advan et un numéro de course qui serait désormais synonyme du nom Tsuchiya Engineering, le 25.
Engagé dans le JGTC dès sa création, Tsuchiya construisit et aligna des Toyota MR2, gagnant plusieurs championnats dans la catégorie ancêtre du GT300, avant de passer au GT500 avec la Supra, avec moins de succès. L’écurie Tsuchiya reste néanmoins dans les tablettes de la catégorie comme ayant inscrit la première victoire du championnat Super GT, quand l’appellation succéda au JGTC.
L’écurie se retira de la compétition après 2007 et réapparut en 2015 avec la Toyota 86 MC dont le développement doit beaucoup à la famille Tsuchiya. Alors qu’Haruo se retirait progressivement des affaires, son fils Takeshi, après une carrière de pilote de pointe chez Toyota en GT500, a repris les commandes de l’entreprise familiale, remportant le titre en GT300 en 2016 et continuant jusqu’à ce jour à porter haut le nom de Tsuchiya Engineering et le numéro 25, pilier du sport auto japonais.
Qualifications
GT500
Alors que les NSX avaient dominé la séance d’essais officielle en mars, cette fois elles n’étaient nulle part, blâmant les conditions de piste différentes et la restriction du débit de carburant.
Cela provoquait le premier choc du week-end avec la voiture championne no1 et la no8, comme d’ailleurs les Nissan GT-R, ne franchissant pas la première phase de qualification.
En conséquence les grands gagnantes de cette première qualification de l’année étaient les écuries Toyota, qui prenaient les cinq premières positions sur la grille. La pole position revenait, de façon quelque peu inattendue, au jeune Sena Sakaguchi, le remplaçant de Sacha Fenestraz sur la Supra Keeper TOM’S no37, devant Oshima sur la Supra no14 du Rookie Racing.
GT300
Les GR Supra GT300 dominaient les séances libres et l’on se demandait si elle n’allaient pas, comme leurs grandes soeurs en GT500, verrouiller le haut de la grille, mais en fin de séance les GT3 sonnaient la charge et les poids-lourds du championnat se rappelaient au bon souvenir de tous.
On retrouvait ainsi Hiranaka sur la Nissan GT-R Gainer no11 en pole position devant l’AMG GT Leon no65 en première ligne, devant la Supra Green Brave no52 et les champions 2020, la Nissan GT-R no56 du Kondo Racing.
Course
GT500
La course se déroulait sous un beau ciel bleu et une température un peu fraîche, qui n’aurait pas de conséquence majeure sur le comportement des pneumatiques.
Sena Sakaguchi, qui disputait là la seconde course de sa carrière en GT500, prenait un bon départ et mettait deux longueurs entre lui et le reste des Supra, menées par Oshima sur la no14.
Les premiers tours se déroulaient sans incident et l’on notait après quelques boucles le bon départ de Bertrand Baguette sur la NSX no17, celui de Ronnie Quintarelli sur la GT-R no23 et les NSX de fond de grille qui affichaient un rythme de course bien meilleur que leurs catastrophiques qualifications.
Un premier safety car remettait tout le monde en paquet après une dizaine de tours, mais Sakaguchi ne se laissait pas impressionner et gardait le commandement. Il passait avec succès également le test de la navigation dans le trafic des GT300, réussissant à maintenir derrière lui un bien plus expérimenté Oshima qui, bien que proche, ne pouvait menacer la voiture de tête.
La course ne manquait pas d’action pour autant. Un groupe compact s’impatientait à la porte de la sixième place derrière Kunimoto sur la plus lente des Supra : les trois GT-R no3, no23 et no12 et les NSX no1 et no8 se battaient comme des chiffonniers, multipliant coups de portières et freinages héroïques. Tomoki Nojiri sur la NSX ARTA no8 s’illustrait particulièrement et Nobuharu Matsushita, pour sa première course en GT500 sur la GT-R Impul, montrait qu’il avait déjà compris l’essentiel.
On approchait de la mi-course et des ravitaillements lorsque la course basculait à la suite d’un tête à queue de la GT-R GT300 no360, qui se retrouvait à cheval sur une bordure. Anticipant la mise en piste du safety car et la fermeture de la pit lane à un moment critique, la quasi-totalité des concurrents plongeait dans la voie des stands pour ravitailler, créant un terrible embouteillage dans l’étroite zone des stands d’Okayama pas vu depuis le fameux chaos dans les stands de Sugo 2015.
Les teams faisaient de leur mieux dans un désordre indescriptible et c’est Kenta Yamashita sur la Supra Eneos no14 qui repartait en tête, suivi de Sho Tsuboi sur la Supra TOM’S AU no36. Le grand perdant de l’épisode était Ryo Hirakawa, qui tombait de la tête de la course à la quatrième place sans coup férir.
Après une échauffourée qui causait l’élimination de la GT-R no23 de Matsuda, celle de la Lotus Evora GT300 et un tête à queue de la GT-R Impul, la seconde partie de l’épreuve allait se résumer à un fantastique duel à couteaux tirés entre les deux jeunes étoiles montantes du clan Toyota, Kenta Yamashita et Sho Tsuboi.
Tsuboi passait vingt des vingt cinq derniers tours niché dans l’aileron arrière de Yamashita, tentant à plusieurs reprises de passer et se voyant, parfois sèchement, remettre à sa place par ce dernier.
A cinq tours de l’arrivée Tsuboi tentait un dernier freinage limite pour passer devant, tellement limite qu’il bloquait ses roues et ne pouvait éviter un passage dans le gravier qui lui ôtait toute chance de victoire. Yamashita, débarrassé de la menace de son poursuivant, passait la ligne en vainqueur. Tsuboi devait se contenter de la seconde place devant Ryo Hirakawa et Heikki Kovalainen, Toyota trustant les quatre premières positions devant la Honda no17 de Baguette et Tsukakoshi, auteurs d’une bonne course. La première Nissan était la no3 de Hirate et Chiyo en neuvième position.
Le Rookie Racing, écurie propriété du grand patron de Toyota, vole cette saison de ses propres ailes après avoir été de facto en 2020 la seconde voiture du team Cerumo. Pour sa première course en Super GT avec sa propre structure, elle emporte une victoire prometteuse, même si toutes les Supra ont été proches. Honda et Nissan, au vu de leur rythme en course, ne sont pas si loin que le résultat brut ne pourrait le laisser croire.
GT300
La course en GT300 a été aussi intense qu’en GT500, mais de façon plus subtile. Dès le départ, quatre voitures se sont détachées, roulant à la même allure. La GT-R Gainer no11 aux mains de Hironobu Yasuda prenait la tête au départ, suivie comme son ombre par la Toyota GR Supra Green brave no52 de Kohta Kawaai. A quelques longueurs on retrouvait la Nissan GT-R no56 et l’AMG Leon no65, alors que derrière ce quatuor se distinguaient la Lotus Evora MC no2 et une autre GR Supra, la no244 du Max Racing.
Les écarts ne grandissaient pas entre les voitures jusqu’à l’incident de la mi-course et la scène de ravitaillement général et chaotique qui changeait, de façon un peu aléatoire, l’ordre des autos. La Nissan GT-R championne 2020, la voiture du Kondo Racing no56 désormais pilotée par Joao Paolo de Oliveira émergeait en tête devant l’AMG GT Leon no65 de Naoya Gamou, la GT Supra no52 et, grande perdante de la séquence, la GT-R no11.
L’ordre n’allait plus changer jusqu’à l’arrivée mais il a fallu toute l’expérience et le sang-froid du vétéran Oliveira qui n’a pas mis une roue à l’écart de la trajectoire pendant 25 tours pour ne pas offrir d’ouverture à ses pressants poursuivants.
La Lotus Evora MC, éliminée par la même bousculade qui détruisait les chances de la GT-R Nismo no23, est la grande victime, alors qu’elle paraissait capable d’un top 5 pour sa première course sous ses nouvelles couleurs.
Ce fut une belle entrée en matière avant le traditionnel temps fort de la saison, les 500 km de Fuji les 3 et 4 mai.
Résultats
Première manche du championnat Super GT 2021 à Okayama le 11 avril 2021
GT500
Po | No | Machine | Driver | Diff.(km/h) | Tire |
1 | 14 | ENEOS X PRIME GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Kazuya Oshima
Kenta Yamashita |
2:06’55.425 | BS |
2 | 36 | au TOM’S GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Yuhi Sekiguchi
Sho Tsuboi |
1.187 | BS |
3 | 37 | KeePer TOM’S GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Ryo Hirakawa
Sena Sakaguchi |
13.621 | BS |
4 | 39 | DENSO KOBELCO SARD GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Heikki Kovalainen
Yuichi Nakayama |
30.142 | BS |
5 | 17 | Astemo NSX-GT
Honda NSX-GT |
Koudai Tsukakoshi
Bertrand Baguette |
30.562 | BS |
6 | 38 | ZENT CERUMO GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Yuji Tachikawa
Hiroaki Ishiura |
31.677 | BS |
7 | 8 | ARTA NSX-GT
Honda NSX-GT |
Tomoki Nojiri
Nirei Fukuzumi |
32.171 | BS |
8 | 1 | STANLEY NSX-GT
Honda NSX-GT |
Naoki Yamamoto
Hideki Mutoh |
32.929 | BS |
9 | 3 | CRAFTSPORTS MOTUL GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT500 |
Kohei Hirate
Katsumasa Chiyo |
33.438 | MI |
10 | 12 | CALSONIC IMPUL GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT500 |
Kazuki Hiramine
Nobuharu Matsushita |
46.798 | BS |
11 | 16 | Red Bull MOTUL MUGEN NSX-GT
Honda NSX-GT |
Ukyo Sasahara
Toshiki Oyu |
52.960 | DL |
12 | 19 | WedsSport ADVAN GR Supra
GR SUPRA GT500 |
Yuji Kunimoto
Ritomo Miyata |
58.091 | YH |
13 | 64 | Modulo NSX-GT
Honda NSX-GT |
Takuya Izawa
Hiroki Otsu |
1 Lap | DL |
14 | 24 | Realize corporation ADVAN GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT500 |
Mitsunori Takaboshi
Daiki Sasaki |
1 Lap | YH |
23 | MOTUL AUTECH GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT500 |
Tsugio Matsuda
Ronnie Quintarelli |
33 Laps | MI |
GT300
Po | No | Machine | Driver | Diff.(km/h) | Tire |
1 | 56 | Realize Nissan Automobile Technical College GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT3 |
Kiyoto Fujinami
Joao Paulo de Oliveira |
2:07’21.752 | YH |
2 | 65 | LEON PYRAMID AMG
Mercedes AMG GT3 |
Naoya Gamou
Togo Suganami |
0.454 | BS |
3 | 52 | SAITAMATOYOPET GB GR Supra GT
TOYOTA GR Supra |
Hiroki Yoshida
Kohta Kawaai |
0.660 | BS |
4 | 11 | GAINER TANAX GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT3 |
Katsuyuki Hiranaka
Hironobu Yasuda |
1.021 | DL |
5 | 244 | Takanoko-no-yu GR Supra GT
TOYOTA GR Supra |
Atsushi Miyake
Yuui Tsutsumi |
16.908 | YH |
6 | 96 | K-tunes RC F GT3
LEXUS RC F GT3 |
Morio Nitta
Hibiki Taira |
35.977 | DL |
7 | 25 | HOPPY Porsche
PORSCHE 911 GT3 R |
Takamitsu Matsui
Kimiya Sato |
46.169 | YH |
8 | 60 | SYNTIUM LMcorsa GR Supra GT
TOYOTA GR Supra |
Hiroki Yoshimoto
Shunsuke Kohno |
53.810 | DL |
9 | 88 | JLOC LAMBORGHINI GT3
Lamborghini HURACAN GT3 |
Takashi Kogure
Yuya Motojima |
1 Lap | YH |
10 | 10 | GAINER TANAX with IMPUL GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT3 |
Kazuki Hoshino
Keishi Ishikawa |
1 Lap | DL |
11 | 18 | UPGARAGE NSX GT3
Honda NSX GT3 |
Takashi Kobayashi
Teppei Natori |
1 Lap | YH |
12 | 48 | SHOKUMOU Ks Frontier GT-R
NISSAN GT-R NISMO GT3 |
Yuki Tanaka
Ryuichiro Tomita |
1 Lap | YH |
13 | 21 | Hitotsuyama Audi R8 LMS
Audi R8 LMS |
Shintaro Kawabata
Takuro Shinohara |
1 Lap | YH |
14 | 4 | GOODSMILE HATSUNE MIKU AMG
Mercedes AMG GT3 |
Nobuteru Taniguchi
Tatsuya Kataoka |
1 Lap | YH |
15 | 61 | SUBARU BRZ R&D SPORT
SUBARU BRZ GT300 |
Takuto Iguchi
Hideki Yamauchi |
1 Lap | DL |
Championnat
GT500
Po | No | Driver | Total | SW |
1 | 14 | Kazuya Oshima
Kenta Yamashita |
20 | 40 |
2 | 36 | Yuhi Sekiguchi
Sho Tsuboi |
15 | 30 |
3 | 37 | Ryo Hirakawa
Sena Sakaguchi |
12 | 24 |
4 | 39 | Heikki Kovalainen
Yuichi Nakayama |
8 | 16 |
5 | 17 | Koudai Tsukakoshi
Bertrand Baguette |
6 | 12 |
6 | 38 | Yuji Tachikawa
Hiroaki Ishiura |
5 | 10 |
7 | 8 | Tomoki Nojiri
Nirei Fukuzumi |
4 | 8 |
8 | 1 | Naoki Yamamoto
Hideki Mutoh |
3 | 6 |
9 | 3 | Kohei Hirate
Katsumasa Chiyo |
2 | 4 |
10 | 12 | Kazuki Hiramine
Nobuharu Matsushita |
1 | 2 |
GT300
Po | No | Driver | Total | SW |
1 | 56 | Kiyoto Fujinami
Joao Paulo de Oliveira |
20 | 60 |
2 | 65 | Naoya Gamou
Togo Suganami |
15 | 45 |
3 | 52 | Hiroki Yoshida
Kohta Kawaai |
11 | 33 |
4 | 11 | Katsuyuki Hiranaka
Hironobu Yasuda |
9 | 27 |
5 | 244 | Atsushi Miyake
Yuui Tsutsumi |
6 | 18 |
6 | 96 | Morio Nitta
Hibiki Taira |
5 | 15 |
7 | 25 | Takamitsu Matsui
Kimiya Sato |
4 | 12 |
8 | 60 | Hiroki Yoshimoto
Shunsuke Kohno |
3 | 9 |
9 | 88 | Takashi Kogure
Yuya Motojima |
2 | 6 |
10 | 10 | Kazuki Hoshino
Keishi Ishikawa |
1 | 3 |
Crédit photos : GT Association et archives leblogauto.com
sympa, merci de nous faire partager ce championnat très intéressant
Un grand merci Pierre Laurent Ribault pour tous ces comptes-rendus très sympathiques et très bien rédigés. L’espace de cet article, on semble voyager jusqu’à Okayama sans quitter sa maison 🙂
Hate de lire le compte-rendu de Fuji.
Merci de votre commentaire. Le compte-rendu de Fuji est désormais en ligne aussi.