Benoît Morand connaît bien et aime les 24 heures du Mans. En tant que manager il entame sa cinquième participation. En 2011, il fut le premier à mettre en piste sous les couleurs suisses du Hope Racing la première voiture hybride aux 24 heures en catégorie LMP1. Cette année, après un rapprochement avec le team mexicain RGR Sport, il gère une équipe ambitieuse et performante.
LBA : Qu’est-ce que les 24 heures du Mans représentent pour vous ?
Benoît Morand : « Pour moi c’est la course la plus importante au monde avec Indy et Monaco. Pouvoir être encore là aujourd’hui c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. Participer aux 24 heures en tant qu’écurie c’est fabuleux pour toute l’équipe ».
LBA : Vous êtes engagé en WEC et avez déjà couru deux épreuves, pouvez-vous nous faire un petit point ?
BM : « Nous avons gagné la première manche à Silverstone et avons fait quatrième à Spa. Si bien qu’en arrivant au Mans, nous sommes en tête du championnat du monde écurie mais également pilotes, devant Alpine et ESM, en LMP2 bien sûr. Notre objectif est bien de repartir du Mans toujours en tête du championnat. »
LBA : Pouvez-vous nous indiquer quelle fut votre préparation spécifique pour venir au Mans ?
BM : « Nous avons effectué deux jours d’essais à Monza, il y a deux semaines. Nous roulions avec la configuration Le Mans. Nous avons vécu deux journées très intenses et nous avons pu bien apprendre sur la voiture typée 24 heures du Mans. »
LBA : Vous roulez sur une nouvelle Ligier, vous bénéficiez d’un soutien particulier du constructeur ?
BM : « Le team RGR Sport by Morand est une association, où nous sommes prestataires pour Ricardo Gonzalez le mexicain pilote et promoteur des 6 heures de Mexico. Ligier, via OAK nous apporte un soutien technique important. »
LBA : Vous connaissez bien le plateau LMP2 avec les Ligier, les Oreca et les Alpine, pour vous quels sont les plus et les moins des uns et des autres ?
BM : « Pour la Ligier ce sont les troisièmes 24 h pour la LMP2. C’est une voiture fiable qui a gagné ici et démontré toute sa solidité, ce qui est très important pour nous. Ensuite, l’Oreca 05 (déjà conçue avec la nouvelle réglementation) a un léger avantage en vitesse de pointe. Avec une largeur moindre elle a un peu moins de traînée que nous.
Voilà, on verra sur la durée de la course. Je pense que cette année les 24 heures du Mans vont, à nouveau, être un long sprint. Il faudra être en dehors de tous les coups et des embûches. Ensuite, on fera les comptes sur le coup de midi pour savoir quelle stratégie adopter. Les Alpine sont des châssis Oreca tels que celui du team KCMG, qui a gagné l’an dernier et en plus, l’organisation hors pair, du team dirigé par Philippe Sinault, en font des concurrents redoutables. »
LBA : Comment pensez-vous déjà votre course, ça part à fond et ça reste à fond ?
BM : « Grosso modo ça va être ça. Nous avons l’avantage d’avoir un équipage très homogène avec deux pilotes titulaires d’une licence Platinum (Senna et Albuquerque) et un pilote Silver très rapide (Gonzalez). Au-delà d’une voiture performante, notre gros point fort c’est incontestablement le trio de pilotes. »
LBA : Votre équipe de mécaniciens semble bien jeune ?
BM : « Notre chef mécano disputera ses vingtièmes 24 heures. Nous comptons également un chef mécanicien ex-team Pescarolo avec 30 éditions au compteur et, effectivement ils encadrent une équipe de jeunes mécanos très dynamiques. »
LBA : Vous êtes le manager général pour cette équipe, n’est-ce pas une très, trop grosse responsabilité ?
BM : « Oui, je manage toute l’équipe dans son ensemble mais maintenant la stratégie n’est pas l’affaire d’un seul homme. Gautier, l’ingénieur mis à disposition pour le team par Ligier-Oak, participe grandement à la prise de décision. »
LBA : Votre crainte majeure pour cette course ce sont les incidents générés par le trafic ?
BM : « Je pense effectivement que le gros point noir se situe là. Mécaniquement, il peut toujours nous arriver un pépin. En sport auto, la mécanique est ce qu’elle est mais je pense qu’aujourd’hui les moteurs, les châssis, les freins et la boîte de vitesses sont éprouvés et fiables. Notre plus grosse préoccupation c’est de ne pas tomber dans les embûches, dans les accidents. On doit également savoir gérer le mieux possible les conditions météo, notamment la pluie. »
LBA : Vos pilotes connaissent bien les 24 heures ?
BM : « Oh, oui, tous ! »
Sur ces mots de pleine confiance, Benoît s’en est allé dans sa cabine observer les relevés télémétriques et discuter avec Gautier. Avec son grand calme et sans hausser le ton à aucun moment, le team manager a guidé l’équipe vers une optimisation des réglages pour apporter les meilleures conditions de confort de pilotage. Il ne nous a pas semblé que l’on ait recherché à faire un temps mais plutôt à dérouler un programme aussi précis qu’une montre suisse.
Dimanche soir, l’équipe semblait sereine malgré ce qui aurait pu la chagriner, à savoir un 18ème temps sur les 23 LMP2. Benoît vous le répéterait, aux 24 heures il faut mettre tous les atouts de son côté et cela passe par une auto parfaite lors de sa mise en grille, tout ce qui vient avant doit directement y avoir contribué. Alors rendez-vous le samedi 18 juin à 15 heures.
Crédit photographique : Gilles Vitry et Thierry Coulibaly