La marque allemande a attendu 17 ans avant de renouer avec la victoire à Sebring (Etats-Unis). Mais le doublé réalisé par les deux voitures de l’équipe Porsche-Penske avait des airs de triomphe, samedi soir, sur l’ex-aérodrome floridien.
Après le tour d’horloge, la n°7 pilotée par Felipe Nasr, Nick Tandy et Laurens Vanthoor s’est imposée avec 2,2 secondes d’avance sur la voiture sœur. La Porsche n°6 était pilotée ce week-end par Matt Campbell, Kévin Estre et Mathieu Jaminet.
L’Acura n°93 de Renger van der Zande, Nick Yelloly et Alex Palou a complété le podium. Mais sans réussir à se mêler à la lutte pour la victoire dans les dernières minutes de course.
Un résultat historique pour Porsche
Il s’agit là du premier succès de Porsche aux 12 Heures de Sebring depuis la victoire de la RS Spyder de Timo Bernhard, Emmanuel Collard et Romain Dumas lors de cette même épreuve en 2008.
Ce résultat permet également au Britannique Nick Tandy de devenir le premier pilote de l’histoire à s’imposer dans les six courses majeures de l’endurance mondiale (24 Heures du Mans, de Daytona, de Spa, du Nurburgring, 12 Heures de Sebring et Petit Le Mans).
« Etant donné le niveau de nos adversaires, ce doublé est incroyable, réagissait le Britannique, âgé de 40 ans, peu après l’arrivée. Pas d’erreur, pas de pénalités, pas d’incident. Aujourd’hui, c’était la course de rêve en endurance ».

Couac sous neutralisation
Après une heure de course, il y avait tout de même de quoi douter dans le clan Porsche-Penske. Felipe Nasr et Mathieu Jaminet occupaient les deux premières places lorsque survint une neutralisation par la voiture de sécurité.
Or, les deux Porsche ne reçurent pas l’autorisation par la direction de course de rentrer aux stands et ravitailler. Leurs rivales, arrivées plus tard à l’entrée de la pit lane, eurent en revanche droit à un arrêt « gratuit ». La mésentente plongea les deux voitures officielles dans la deuxième moitié du top 10.
Plusieurs voitures concurrentes occupèrent la tête pendant le tour d’horloge. Sur un circuit où la gestion du trafic est l’une des clés, il fallut attendre la mi-couse pour voir deux voitures de l’équipe Porsche-Penske pour retrouver les avant-postes.
Très véloce, la BMW n°24 reçut une pénalité pour un louvoiement de Dries Vanthoor durant le départ. Elle fut ensuite accrochée par une autre favorite – l’Acura n°60 – dans la voie des stands en fin d’après-midi. L’adversaire la plus coriace pour Porsche fut la Cadillac « Whelen » n°31 partagée par Earl Bamber, Frederik Vesti et Jack Aitken.
Chaleur et pneumatiques à Sebring
L’intense chaleur rendait le pilotage très physique pour tous les concurrents. D’autant que la plupart des équipes avaient adopté une stratégie visant à doubler les relais (changements de pneumatiques et de pilotes tous les deux ravitaillements, soit toutes les 2 Heures environ).

La dotation pneumatique fournie par Michelin était de 11 trains du mélange « medium » pour les qualifications et la course. Les doubles relais avaient pour objectif d’éviter la phase de mise en température des Pilot Endurance après chaque arrêt, coûteuse chronométriquement parlant.
Rappelons ici que les couvertures chauffantes sont proscrites en IMSA comme en championnat du monde d’endurance (WEC). Cette interdiction a pour but d’éliminer les dispositifs de chauffe, gourmands en énergie. Michelin fournit par ailleurs des pneumatiques composés à 45 % de matériaux durables. « Nous repoussons en compétition les limites en matière de matières recyclées » expliquait Raymond Cotton, le directeur de Michelin Motorsport en Amérique du Nord.
Au-delà, le circuit de Sebring n’était normalement pas favorable aux Porsche 963. L’an dernier, l’équipe officielle n’avait pas réussi à trouver les bons réglages sur une piste très bosselée, héritant d’un podium plutôt chanceux. Cet hiver, le train avant de la voiture a été modifié dans une procédure dite « joker evo » afin d’étendre sa fenêtre d’utilisation.
« Nous avons rencontré quelques difficultés pendant la phase de chaleur intense en début d’après-midi, expliquait à l’arrivée Matt Campbell, pilote de la n°6. Mais notre Porsche était incroyablement forte dans les conditions plus fraîches de la soirée ».
Soirée de rêve
La transformation des 963 fut évidente une fois le soleil disparu à l’ouest de Sebring. La température de la piste recula de 28 à 23°C et les Porsche imposèrent un rythme d’enfer. Elles profitèrent notamment d’une période de plus de 100 minutes sans neutralisation pour distancer la concurrence.
Brillant au volant de la Cadillac n°31 (Whelen) alors en tête de l’épreuve, Frederik Vesti fut doublé par la Porsche n°7 de Nick Tandy à un peu plus de deux heures de l’arrivée. Le dépassement du Britannique dans le virage de Sunset était plein d’autorité, la LMDh assemblée par Multimatic passant brièvement hors-piste.
Quelques minutes plus tard, Mathieu Jaminet (Porsche n°6) doubla à son tour la Cadillac n°31 désormais menée par Earl Bamber. Ceci permit au Lorrain d’assurer le doublé de la marque.

Malgré une dernière neutralisation à quarante minutes du damier, personne ne put déloger les Porsche des deux premières places.
Cette victoire conforte l’avantage acquis par la marque, déjà victorieuse en janvier aux 24 Heures de Daytona. Au championnat, Porsche prend le large, tant au classement de l’IMSA qu’à celui de la Michelin Endurance Cup. Cette dernière compétition regroupe les cinq manches les plus longues de l’année.
Thomas Laudenbach, le vice-président de Porsche Motorsport se montrait évidemment satisfait. « La Porsche 963 a maintenu sa réputation de LMDh la plus victorieuse depuis l’apparition de ce règlement (début 2023, ndlr.). Cela peut nous rendre très fiers ».
Il ne manque désormais à cette voiture qu’une victoire au Mans.
Texte : Andy David / Auto Press Club
Bravo Porsche
🙏