Ralph Mulford: le pilote le plus lent ou le plus rapide?

La plupart des gens se focalisent sur le sport auto d’après-guerre. C’est logique, on parle souvent de ce que l’on connait. L’entre-deux guerres, avec ses pilotes et constructeurs instrumentalisés par les nationalistes(de gré ou de force.) Quant au sport auto d’avant la première guerre mondiale, il est tout simplement réduit à quelques anecdotes (premier vainqueur du grand prix de X, première victoire de tel constructeur, première épreuve disputé dans tel pays, etc.) Si à la fin du XIXe siècle, il s’agissait de courses entre bourgeois grisonnants sur des tracés improvisés, il s’est vite professionnalisé.

Dés 1909, aux Etats-Unis, l’AAA organisait un championnat (ancêtre du Champ Car et de l’IRL.) En 1910, le New-yorkais Ralph Mulford décide d’en être. Particularité, ce chrétien très praticant refusait de courir le dimanche. C’est donc les autres jour qu’il disputera 87 épreuves « Champ Car Style » (dont 10 visites à Indy.) Lorsqu’après une non-qualification à Indianapolis 1926 sur Duesenberg, il raccrochera son palmarès comptera 2 titres (1911 et 1918), 19 victoires et 54 « top 5 ».

En 1916, à Universal City, sur une Hudson Super Six de série, il décroche le record de la plus longue distance parcourue en 24 heures: 2910km en solitaire. A titre de comparaison, aux 24 heures du Mans, il faudra attendre 1930 et la Bentley de Barnato-Kidston pour battre cette distance. A l’arrivée, il est félicité non pas par J.L. Hudson, mais par les Ford père, fils et bru. Edsel Ford, en pleine lune de miel avec madame (chaperonné par l’omniprésent Henry Ford) passait par là! 

Après cela, il tentera de monter sa propre marque de voiture (il perdra 100 000$ dans l’affaire) et courra avec succès en cote.

Le speedway d’Indianapolis a ouvert le 19 août 1909. Sur une piste alors en terre, les accidents se muitiplient, tuant au moins cinq pilotes. Les quatre fondateurs décident de paver l’anneau et dés le 17 décembre, Lewis Strang peut imposer sa Fiat sur le « brickyard ». De nombreuses courses euent lieu à Indianapolis et ce n’est qu’en 1911 que Carl Fisher, premier patron, décide qu’il n’y aura plus qu’une seule course par an: les fameuses 500 miles d’Indianapolis.

L’imposant livre de Rich Taylor Indy 75 years of racing’s greatest spectacle évite de parler de la première édition: le chronométrage y était minable et les préposés n’étaient pas des Michèle Dubosc, Alfred Neubauer, Jean Todt ou John Wyer… A un moment, le leader Ray Harroun s’arrêta longuement au stand et Ralph Mulford prétendit ensuite lui avoir pris un tour à ce moment-là. Mais le drapeau à damier s’abaissa sur la Marmon à queue aérodynamique d’Harroun et non la Lozier de Mulford. Et Harroun d’entrer dans la légende.

Les officiels n’ont pas voulu entendre Mulford (changer a posteriori le classement, cela aurait fait desordre.)

En 1912, il veut prendre sa revanche. Ralph De Palma, sur orbite mènera 196 tours, mais à deux boucles de la fin, un piston le trahit. Du coup, Joe Dawson se retrouve en tête et il sera le 2e vainqueur. Et le « Gumdrop Kid » (il mâche des boules de gomme en course)? Sa Knox est 10e au passage du damier, avec plusieurs tours de retard.

Les officiels ne veulent rien savoir: pour toucher la prime d’arrivée (1200$), il doit faire 200 tours. Mulford mange du poulet frit, tandis que ses mécaniciens réparent la Knox (on est en 1912; on devait être dans l’univers du marteau et non celui de la clef Allen.) Une fois bonne pour le service, il effectue les fameux tours de retard, terminant 2h30 après Dawson et 1h30 après le 9e!

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