C’était la dernière course de cette année, le Ford 400 au Homestead-Miami Speedway, considérée par Montoya comme sa course à domicile puisqu’il y a élu résidence avec toute sa famille. Le colombien fait ses débuts en Cup Series par la petite porte puisqu’il a dû qualifier sa voiture (Dodge #30) pendant que Mears profitait d’une qualification automatique sur la Dodge #42. Leader au championnat, Johnson attendait son heure depuis quelques années. Efforts récompensés…
En effet, le système de qualifs en Cup Series est un peu particulier. Les 35 premières voitures au classement des équipes disposent d’une qualification automatique pour la course suivante. Chez Ganassi, il s’agit de la #42 de Casey Mears, qui sera remplacé par Montoya en 2007. Ce dernier aurait pu prendre la #42 et reléguer Mears à la #30, mais un consensus d’équipe a conclu que le tandem #42-Mears pourrait prétendre à la victoire et qu’il serait plus juste pour Montoya de ne pas se placer d’entrée de jeu en enfant gâté. Langue de bois à part, Mears aurait préféré démissioner que piloter une voiture moins bonne, et Montoya doit encore gagner le respect de ses pairs. Son enjeu était donc de figurer parmi les huit voitures les plus rapides en dehors du cercle des 35, ce qui fut chose faite avec un très bon 29ème chrono, dix places devant un Mears qui ne se fera pas regretter la saison prochaine, et 5ème temps sur les 20 autres prétendants à une place sur la grille. Il s’est montré capable de gagner quelques dixièmes de seconde lors de son second tour, ce qui lui a évité un retour au bercail anticipé. Montoya enchaine le Ford 400 après le Ford 300 en Busch Series samedi, qu’il a terminé 14ème en ayant mené la meute une fois sous les drapeaux jaunes.
La course débute après le lavage de cerveau ritualisé, pardon l’hymne national, et la traditionnelle prière (prononcée par la moins traditionnelle Miss Florida, mais qui s’en plaindrait?). L’enjeu de Johnson (#48) est simple: finir dans le top 12. La première moitié de la course se déroule sans trop d’anicroches ni de neutralisation, au contraire de la seconde moitié. Earnhardt (#8) fait bande à part en prenant les virages très haut et finit par décaper le flanc droit de sa Chevrolet. Johnson fait à plusieurs reprises le bilan de son karma puisqu’une perforation après un impact de débris à l’avant de sa voiture le relance en 40ème position, puis un écrou de roue (5 par roue ici) capricieux lui coûte un séjour plus long dans le pit road, et enfin il évite Robby Gordon qui part de travers devant lui. Il roulera prudemment mais efficacement, remontant le peloton pour finir 6ème et laissant Kahne, Kyle Bush, Earnhardt, Truex, Sadler, Riggs, Biffle et Yeley se relayer en tête. Greg Biffle remporte la course tôt après une ultime neutralisation. La consécration de Johnson vient après deux saisons où il menait le championnat avant d’échouer au Chase. Chose certaine, il n’est plus le Poulidor de sa discipline, ce qui lui ferait sûrement très plaisir s’il savait qui est Poulidor.
L’ami Montoya a pris en charge la pyrotechnique de célébration mais la déclenche un peu trop tôt quand Ryan Newman se venge d’un incident précédent en l’envoyant dans le mur au 251ème tour. Le colombien raccourcit son porte-à-faux arrière de 80% et son réservoir prend feu tandis que l’épave de sa voiture s’arrête dans l’herbe. Ah! ces bizuths… C’en est assez pour sortir le drapeau rouge. Il aura tout de même roulé brièvement en 13ème position.
Il reste au Nascar à hiberner cet hiver et à se mettre en forme pour Daytona, le Superbowl du stock car!