Driving with the devil

Un livre (en anglais) sur le NASCAR? Comme de nombreux non-Américains, vous n’aimez sans doute pas ces histoires de pilotes qui tournent en rond dans des voitures aux technologies bloquées depuis les années 50 (même les « cars of tommorow« ) avec des règles compliquées. Mais un ouvrage qui revient en arrière, quel que soit la discipline, c’est toujours sympa.

Il n’y a pas si longtemps, les pilotes de Nascar n’étaient pas rasés de près, ne faisaient pas de muscu, n’avaient pas d’attachés de presse. Quant aux voitures, elles étaient bricolées à même le sol, dans un pit-lane non-bitumé. Et alors? C’était la même chose en Europe, n’est-ce pas MdS? Sauf que la Nascar tire ses racines dans les contrebandiers de la prohibition…

Aux Etats-unis, chaque discipline provient d’un milieu sociologique et géographique bien identifié. Le Champ Car/IRL est né à l’est, à l’ombre des constructeurs (Indianapolis est à un jet de pierre de Detroit.) Les dragsters sont nés à l’ouest entre cruising sous le ciel californien et runs sur les lacs salés. L’endurance US a débuté avec des courses de gentleman-drivers sur des roadsters européens dans des aérodromes militaires désaffectés, également à l’ouest.

Pour le Nascar, il faut aller au fin fond du sud-ouest rural. Lors de la prohibition, on distillait à tour de bras. Il fallait donc des pilotes capables d’acheminer l’alcool frelaté et de semer les policiers (plus ou moins virulent selon les comtés, car le trafic faisait vivre pas mal de monde, or les shérif sont élus…) Parmi eux, Raymond Parks (photo), que la police coince alors qu’il a 14 ans, au volant de la Ford familiale avec une barrique de maïs fermenté dans le coffre.

Peu après, Parks s’installe chez son oncle, qui possède une station-service… Qui sert de couverture pour un alambic. Pendant ce temps, les conducteurs perfectionnent leurs véhicules. Ils aiment bien se mesurer. Un champ (non-labouré), un peu de grillage et voilà! Ca tombe bien, car dans le sud, il n’y a ni cinémas, ni stades. Donc les badauds sont contents d’avoir un peu d’animation.

En Floride, Bill France (c’est « Monsieur France » et vu son gabarit, celui qui l’appelle Bill a intéret à savoir courir) a l’idée de les réunir sur la plage de Daytona, dés 1936. Dans les terres, Parks se découvre un talent de mécano dans le garage de l’oncle. Avec son jockey Lloyd Seay, il est le roi des courses rurales. Mais la bourgeoise AAA (qui gère alors le Champ Car) refuse d’entendre parler de ces bouseux.

Au lendemain de la 2e guerre mondiale, France, Parks et quelques autres se réunissent dans un hôtel. Puisque l’AAA ne veut pas d’eux, ils agiront seuls, ce sera la Nascar. Parks rachète le garage de son oncle. Hélas, Seay ne sera pas de la partie: en 1941, lors de la conclusion d’un deal d’alcool, le ton monte et il prend une balle mortelle dans le ventre. Ce sera avec Red Vogt que Parks sera le premier team-manager titré en Nascar.

Les constructeurs ne mettent pas longtemps à s’intéresser à la discipline. Puis, dans les années 70, Winston devient le sponsor de la série, qui se professionalise. D’où une tendance à cacher ce passé sulfureux au profit des marchands du temple France père et fils (ici, le père en photo.)

Gràce à Driving the devil de Neal Thompson, vous pourrez donc (re)découvrir cette époque. Indispensable pour le fan de sport auto vintage.

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