Bill France Junior: monsieur Nascar n’est plus

D’ordinaire, lorsque l’on dit monsieur [sport automobile], cela signifie que la personne possède un palmarès exceptionnel. William Clifton France, alias Bill France Junior (en fait, il faudrait l’appeler Bill France III, vu que son grand-père s’appelait aussi William), alias « Little Big Bill » (par analogie avec son père « Big Bill » France) et surtout « Mister France », n’a jamais couru en Nascar. Mais l’homme qui donne ici un trophée à Dale Earnhardt Sr (la Nascar adore les dynasties) en fut le président pendant un tiers de siècle. Son père a fondé la série. Mais c’est Bill France Jr qui avait amorcé la médiatisation de la Nascar.

Pour parler de Bill France Junior, il faut évoquer son père (ici à droite de la photo avec son fils.) Comme des millions d’Américains, Bill France fuit la dépression. En 1935, ce fils d’immigrés Irlandais débarque à Daytona (Floride) avec sa femme et son fils (alors agé de 2 ans) pour s’improviser garagiste.

L’année suivante, il participe à la première course organisée sur la plage de Daytona. L’organisateur est un amateur et dés 1937, « Big Bill » prend sa place et en fait un événement qui attire les foules. 10 ans plus tard, il s’associe avec des organisateurs de courses plus ou moins légales dans le sud rural pour fonder la Nascar.

Il n’en restera pas là. Big Bill fera venir les constructeurs, construira des Speedways (on y reviendra.) En bon manager « old school », il est omniprésent sur les circuits. Et comme tout Irlandais, lorsqu’on le cherche, on le trouve…

En moins d’une décennie, la série s’est trouvé ses stars, ses lieux mythiques et surtout son public de fidèles. En 1970, son plus gros coup, il convainc le cigarettier Reynolds de devenir le sponsor-titre du Nascar.

Et Bill Junior? Il grandit à l’ombre de son père. A la sortie de l’université, il est d’abord pilote moto d’enduro (ici sur la droite de la photo.) Mais Bill Sr en fait son dauphin (et N°2 officiel de la Nascar.) En 1959, il fait construire le Speedway de Daytona et son fils en sera le chef de projet, s’impliquant physiquement (cf. la dernière image, où il pose sur la compacteuse.) En 1972, Bill Senior a une attaque, alors à 38 ans, Bill Junior prend sa suite.

Homme discret, Bill France Jr fut un mélange de Jean-Marie Balestre (pour le côté monarque absolu de droit divin) et de Bernie Ecclestone (et son pragmatisme, voir son cynisme.) Tant pis pour les traditions: il supprime les derniers circuits en terre du Sud profond, puis s’ouvre aux états du Nord (et ses circuits routiers.)

Le gros tournant, ce sera l’arrivée des télévisions. Dés 1979, les 500 miles de Daytona sont diffusés intégralement. Puis en 1989, ce sera le tour de l’ensemble de la saison. Il y a trop de circuits? Il crée le Busch Grand National (D2), puis le Craftsman Truck (D3.) Sans scrupule, il accepte la venue de Toyota, le satan Japonais.

Aujourd’hui, la Nascar est le deuxième sport préféré des Américains (derrière le foot US.) Atteint par le cancer, Bill France Jr doit passer la main. Brian France (son fils) n’est pas de taille, alors c’est Mike Helton qui prend les commandes en 2000. Mais Bill France Jr n’était pas vraiment retraité et début 2007, il faisait du « tourisme » en Chine.

Il s’est éteint lundi à l’age de 74 ans, à Daytona.

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