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par Alain Monnot

Rallye : Dubert et Coria en championnat de France avec le team FJ

On aurait pu penser que Vincent Dubert ayant terminé sur le podium du championnat du monde Junior-WRC, passerait un hiver tranquille en attendant la reprise des rallyes mondiaux, assuré qu’il aurait pu être de « monter » dans la catégorie WRC 2.

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Le rallye, comme tout sport automobile, n'est pas un long fleuve tranquille pour les pilotes et copilotes. Et quand un acteur majeur comme VW se retire, cela a des répercutions sur toutes les catégories. Il y a ce que le grand public peut voir à travers la télévision, les sites web, les journaux ou les réseaux sociaux, et il y à l'envers du décor. Les négociations, les prévisions à revoir en fonction des aléas, les budgets à réunir, etc. Venez avec le blog auto dans ces coulisses découvrir un bout de "l'autre vie" des pilotes.

Un horizon bouché en WRC

La filière promotionnelle Citroën dans laquelle Vincent s’était illustré n’étant plus de mise avec le retour officiel de la marque et les nouvelles C3, il aurait pu redoubler en Junior WRC,  étant encore loin de la limite d’âge de 29 ans. En fait, la seule question valable consistait à analyser quelles pourraient être les opportunités crédibles pour  assouvir cette soif qu’un pilote de 24 ans éprouve pour continuer de progresser, en vue de rouler un jour avec la crème des pilotes officiels en WRC.

On imagine assez mal comment un pilote pétri de talent et déjà expérimenté sur différentes surfaces doit faire preuve d’une certaine force de caractère, quand il faut se confronter à un fort rétrécissement (tardif) de l’entonnoir des possibilités de participation à des rallyes de niveau élevé, dont il rêve depuis des années.

Du fait du retrait de Volkswagen et de la redistribution des cartes, des pilotes au sommet, certains aspirants à la montée dans la hiérarchie, furent stoppés et, même Mikkelsen privé de Polo d’usine dû se rabattre en WRC2, où les « voraces » ne manquaient pas, comme on peut en juger par la liste suivante : Gilbert, Giordano, Bouffier, Camili, Bonato, Crugnola, Basso, Kremer, Bergkvist, Rendina, Tideman, Kopecky. On pourra aussi parler du Français Eric Camilli redescendu en WRC 2.

Bref, l’horizon semblait bien bouché sur cette voie de la progression naturelle dans le cadre des épreuves mondiales. Pour autant, le jeune équipage Vincent Dubert-Alexandre Coria n’entendait aucunement raccrocher les casques, ni renoncer à démontrer qu’ils représentent les espoirs de demain.

Définir un but : une évolution vers une 4 roues motrices

Le départ du rallye de Monte Carlo réveillait un peu plus les envies de Vincent, qui y avait engrangé beaucoup d’expérience l’an dernier. Alors, entre conseil de famille (les pères de Vincent et Alexandre se mobilisant fortement), prises de contacts tous azimuts, réflexion personnelle et démarchages auprès de teams, le souhait de monter d’un cran en termes de monture, c’est à dire passer d’une R3 à une R5 (4 roues motrices) était arrêté.

Le championnat de France avec 9 épreuves apparaissait comme un cadre idéal pour engranger un maximum d’expérience sur des profils de terrain somme toute assez variés (par exemple, le Touquet, le Charbo' ou le Var présentent des spécificités différentes). Avec le désir de se donner le maximum de chances d’assimiler tous les ingrédients pouvant conduire à la victoire, Vincent et Alexandre misant sur leur jeunesse se donnaient deux saisons pour viser le titre de champions de France, avant de rebondir en Mondial.

Avoir défini un but c'est bien, mais, il restait à monter le programme ce qui n’était pas le plus simple, surtout fin janvier. L’équation à résoudre se résumait à deux paramètres aussi essentiels que difficiles à réunir.

Trouver une structure en capacité de fournir une prestation de qualité et réunir un budget conséquent pour couvrir les dépenses induites par toute une saison (location voiture, préparation mécanique, assistances, essais, reconnaissances, courses, pneumatiques, hôtellerie, carburant, lubrifiants), constituaient un véritable Everest à gravir en un temps record et quasiment sans oxygène, pourrait-on dire.

Le Team FJ comme meilleure chance

Sachant que le team FJ possédait une très grande expérience en rallye avec notamment les quatre titres de vice-champion de France obtenu par le pilote maison Pierre Roché et qu’en plus, Jean Galpin (le père) et Jérôme Galpin (le fils), avaient acheté 3 Skoda R5 2017 pour disputer la saison à venir, Vincent Dubert a pris contact avec le team FJ. Sans tarder, une séance de test fut proposée à Vincent et à son coéquipier Alexandre. Nous avions la chance de nous trouver dans la boucle, tout comme les  papas respectifs, Jacques Dubert et Franck Coria.

La visite du très vaste atelier FJ situé juste à proximité de Blois impressionna tout le monde. Jean Galpin expliqua la volonté du team de pousser un jeune à faire ses preuves au sein de la structure afin de monter en gamme et viser le titre de champion de France en 2018. Vincent et Alexandre tout en écoutant le boss, n’avaient d’yeux que pour la monture blanche, dont le moteur chauffait dans l’atelier.

Sur un petit parcours très proche du siège du team FJ, un bout de spéciale était sécurisé. Vincent au volant prenait ses marques avec Jean Galpin comme moniteur. Rapidement ce dernier jugeant que « l’apprenti » de la Skoda en avait compris le fonctionnement, lâchait l’équipage Dubert-Coria, pour une vraie prise en mains de ce qui pouvait devenir leur monture en championnat de France.

Au fil de quelques allers-retours, nous entendions l’échappement vrombir de plus en plus rageusement et les passages confirmaient que Vincent s’adaptait bien à l’auto, en augmentant la vitesse.

La mine radieuse du pilote à la fin de cette brève séance en disait long sur la satisfaction de la découverte de l‘efficacité d’une telle bête de course. Le verdict de Jean Galpin nous déclarant «  il maîtrise bien », semblait ouvrir les portes à une future collaboration fructueuse.

Sécuriser le budget

Après ce galop d’essai prometteur, le team FJ et le tandem Dubert-Coria a pris le temps et le soin de définir avec précision la nature et les conditions financières de la collaboration. Des deux côtés avec lesquels nous avons été en relation, nous avons senti  une forte envie de monter un programme sérieux et ambitieux. L’équipage des deux jeunes a mobilisé à fond les relations et la volonté de leurs familles pour boucler un budget de nature à les mettre à l’abri de tout pépin risquant d’entraver la marche en avant vers un titre de champions de France en 2018.

Le team FJ et l’équipage Vincent Dubert-Alexandre Coria ont conclu ces jours derniers un accord pour disputer le championnat de France des rallyes 2017 avec une option 2018. Ils disposeront d’une Skoda R5 version 2017 dotée des dernières évolutions. En tant que jeunes amateurs ils disputeront le trophée Michelin.

Une première séance d’essai de deux jours est prévue avant le Rallye du Touquet, où Vincent et Alexandre vont avoir affaire à de sérieux concurrents avec des jeunes pilotes comme William Wagner (Ford Fiesta R5), Quentin Giordano (Skoda R5) ou encore Charles Martin (Peugeot 208 R5) rejoignant les Yoan Bonato(DS3 R5) ou encore Pierre Roché, bien entendu.

Premières réactions

LBA : Vincent le Rallye du Touquet se déroulera le 16 mars prochain, c’est demain, pourquoi une décision aussi tardive ?

« Effectivement la décision a été prise tard parce que l’objectif de l’inter-saison a été de trouver le moyen de changer de catégorie en vue d’évoluer en catégorie R5. Etant donné que je vais découvrir ce type d’auto à 4 roues motrices, je pense qu’il était plus judicieux et plus intéressant de démarrer en France avec le Team FJ  sur 9 courses relativement espacées, nous permettant de travailler en essais entres les épreuves. Le team FJ ayant une très grande expérience du championnat de France et qui connait parfaitement la Skoda, nous allons gagner un temps fou. Nous allons progresser sans brûler les étapes et repartir ultérieurement en championnat du monde. »

LBA : Le choix de cette catégorie était quasiment obligatoire en vue d’une progression vers le championnat du monde ?

« Oui, bien sûr. Déjà chez Citroën avec la séparation de Citroën et DS,  repartir avec eux était relativement compliqué. Comme en plus nous avions connu des soucis de fiabilité, vu l’investissement financier on ne pouvait plus se permettre de rouler avec une voiture dont on n’est pas sûr d’être à l’arrivée. Dans ces conditions, nous souhaitions avoir la meilleure voiture. Nous avions alors le choix entre la Hyundai, la Ford et la Skoda. La rencontre avec le team FJ qui avait des Skoda a fait que tout s’est bien coordonné et que nous aurons la meilleure auto, dans le meilleur team. »

LBA : Le team FJ connait le championnat de France par cœur et de plus il fait rouler une référence en la matière, en la personne de Pierre Roché, de quoi t’aider dans l’affaire ?

« Oui, tout à fait. J’en discutais avec l’ingénieur. Ainsi lors des essais, pouvoir bénéficier de ses données lors d’une séance, je vais gagner en 20 kilomètres l’équivalent de 200 kilomètres. En effet, je dois oublier les bases de conduite de la traction. Il me faut repartir de zéro. Cette présence dans le team de Pierre Roché va être pour nous un gain de temps énorme. Ensuite, se trouver dans une équipe motivée qui est réputée pour la qualité et la fiabilité de ses préparations, dans laquelle on se sent soutenu, cela nous donne très envie de nous retrouver sur la ligne de départ du premier rallye de la saison au Touquet. »

LBA : Connais-tu toutes les épreuves du championnat de France ?

« Non pas toutes. Je n’ai jamais roulé au Rouergue, ni au Cœur de France, qui vient juste d’accéder au championnat et se déroule quasiment sur les terres de la famille Galpin. »

LBA : Jean Galpin pourquoi avoir choisi l’équipage Dubert-Coria pour défendre les couleurs du team FJ en championnat de France ?

« Nous avions envie d’accueillir un pilote en devenir et de lui permettre d’éclore au sein de notre structure rallye, avec pour objectif de décrocher le titre de champion de France en 2018. »

LBA : Comment voyez-vous la mise en route du programme à une date aussi proche du départ de la première épreuve ?

« Nous connaissons bien la SkodaR5 pour l’avoir exploitée l’an passé avec une seconde place au championnat pour Pierre Roché, sans connaitre aucun abandon. L’esprit d’équipe jouera à fond pour faire bénéficier les petits jeunes de l’expérience de Pierre et de toute notre équipe. Nous avons confiance en Vincent et Alexandre -que nous avons choisis en toute connaissance de cause- pour défendre les couleurs du team FJ. »

Voilà une belle histoire qui débute et comme l’an passé, nous serons dans les coulisses pour vous la conter au cours de la saison, histoire d'en voir un peu plus que ce que les caméras peuvent montrer.

Alain Monnot

Crédit photographique : Gilles Deschamps et Alain Monnot

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Pour résumer

On aurait pu penser que Vincent Dubert ayant terminé sur le podium du championnat du monde Junior-WRC, passerait un hiver tranquille en attendant la reprise des rallyes mondiaux, assuré qu’il aurait pu être de « monter » dans la catégorie WRC 2.

Alain Monnot
Rédacteur
Alain Monnot

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