25 ans déjà : Monte-Carlo 1994, Delecour enfin !
Le Monte-Carlo, François Delecour en rêve depuis qu'il est tout jeune, en arpentant les routes de son Nord natal où il s'est aguerri à l'art du pilotage et de la dérive du train arrière.
Le Monte-Carlo, François Delecour en rêve depuis qu'il est tout jeune, en arpentant les routes de son Nord natal où il s'est aguerri à l'art du pilotage et de la dérive du train arrière.
Ce n'est qu'un avis personnel, mais François Delecour me rappelle un peu Jean Alesi dans sa trajectoire : un tempérament de feu et une personnalité attachante, un funambule du pilotage et une carrière qui aurait pu être encore plus grande que ce qu'elle a été, la faute parfois à pas de chance, parfois à un caractère peut-être trop impulsif.
Pour en revenir au Monte-Carlo, François Delecour y fait sa première apparition en 1984 sur une Talbot Samba Groupe N (67e et 2e de classe N1) et termine à une superbe 9ème place en 1990 sur une Peugeot 309 GTI, meilleur dans la catégorie deux roues motrices. En 1991, surprise : Ford le recrute pour disputer les épreuves européennes du championnat du monde WRC sur une Ford Sierra Cosworth 4x4. La voiture a été introduite en 1990 mais n'a pas spécialement brillé.
Pour le Monte-Carlo 1991, les yeux sont braqués sur le champion du monde en titre Carlos Sainz (Toyota) et sur l'armada Lancia emmenée par Juha Kankkunen, Miki Biasion, Bruno Saby et Didier Auriol. Pourtant, contre toute attente, Delecour, copiloté par Anne-Chantal Pauwels, va s'immiscer dans la lutte. Au soir de la 1ère étape, Auriol est hors jeu avec ses soucis de moteur. Sainz devance Biasion et Saby, tandis que Delecour pointe 4e à 1 minute de l'espagnol. Le lendemain, dans Burzet, Delecour entre vraiment dans la cour des grands avec un scratch où il colle 6 secondes à Sainz et gagne le respect du peloton. La suite est un duel acharné entre Sainz, poussé dans ses retranchements après être parti en tête à queue et l’effronté Delecour qui sort la grosse attaque. Un petit parfum de Senna-Alesi à Phoenix. Dans la nuit finale du rallye, Delecour vole, enchaînes les scratchs et colle 40 secondes à Sainz. Et puis, patatras. Les images de la dernière spéciale entrent dans l'histoire : soudain, la Sierra Cosworth arrive avec la roue avant gauche sur la jante, au ralenti. Une rotule de suspension a lâché, des minutes entières se sont envolées et le Français est relégué en 3e position. Delecour, à la fois incrédule et hors de lui, hurle au point stop "j'ai pas tapé", "j'ai perdu une roue ! Mais putain mais c’est pas vrai…" alors que les spectateurs et Bruno Saby l'acclament et le réconfortent. La défaite peut-être belle parfois, mais toujours cruelle.
En 1992, il n'y aura rien à faire. Didier Auriol est sur une autre planète et même s'il réalise plusieurs scratchs, Delecour doit se contenter de la 4e place.
En 1993, l'espoir renaît avec la nouvelle arme de Ford, l'Escort Cosworth. Le duel oppose encore les français Delecour et Auriol, Miki Biasion étant le seul à pouvoir se mêler à leur lutte. Le rallye est bien plus sec que d'habitude et marqué par une affluence énorme des spectateurs sur les routes, qui donne au Monte-Carlo des airs de rallye d'Argentine de la grande époque. Delecour part fort et compte encore plus d'une minute d'avance à l'issue de l'étape 2, même si les Ford ont donné des signes de fatigue au niveau du moteur. Le leader reste cependant confiant, estimant que à la régulière, Auriol aura bien du mal à aller le chercher. Le final nocturne commence bien pour Delecour, qui signe le scratch dans le Turini et puis, une nouvelle fois, tout s'emballe.
Au Col de la Couillole, il perd 25" sur Auriol puis encore 31" à Entrevaux, alors que le pilote Toyota est déchaîné. Des rumeurs circulent déjà, on parle d'un carburant illégal pour la Celica. Pourtant, d'autres voitures se montrent en forme, comme Sainz sur la vieillissante Lancia Delta. Alors, qu'arrive-t-il à Delecour ? Impuissant, il cède encore des dizaines de secondes et termine finalement à 15 secondes d'Auriol au général. Dépité, il suppute une faille mécanique sur sa suspension mais se voit coller aussi l'étiquette de "looser" ou de "Poulidor" du rallye. La polémique s'enflamme quand il déclare à la presse "j'ai été battu plus par une voiture que par un pilote" puis persiste et signe en mettant clairement en doute le gain de performance soudain de la Toyota sur la dernière étape. Il n'y aura pas de réclamation, mais quand Toyota sera exclue en 1995 après l'affaire des turbos truqués, certains rappelèrent l'épisode du Monte-Carlo 93. Delecour fera taire ses détracteurs en réalisant une superbe saison 93, ponctuée de 3 victoires (Portugal, Corse, Catalogne) et d'un titre de vice-champion du monde, qui se serait sans doute transformé en titre de champion sans sa sortie au San Remo alors qu'il était largement en tête.
En 1994, Delecour fait désormais partie des favoris pour le titre et retrouve son vieil ennemi Auriol au Monte-Carlo pour un duel qui s'annonce tendu dès le départ. Le pilote Toyota frappe fort dans Burzet en collant 9 secondes à Delecour qui réplique dans la spéciale suivante. Dans l'ES5, Auriol part à la faute sur une portion enneigée et abandonne. Débarrassé de son grand rival, Delecour maîtrise ses autres adversaires et donne un récital, enchaînant les scratchs. Dans les dernières spéciales, tout le monde se demande si la malédiction va se poursuivre. Mais cette fois-ci, rien ne viendra contrarier Delecour, qui signe même le meilleur temps dans le dernier chrono et gagne avec 1'05 sur Kankkunen. La victoire, enfin, lui tendait les bras et fut célébrée comme il se doit. Ce fut pourtant la dernière victoire en WRC de François Delecour, qui sera victime peu après d'un grave accident qui le tiendra éloigné des pistes une bonne partie de la saison. Il signera encore un podium au Monte-Carlo en 1995 (2e derrière Sainz) et une superbe 6e place en...2012, pour une pige remarquée avec M-Sport sur la Fiesta WRC !
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Le Monte-Carlo, François Delecour en rêve depuis qu'il est tout jeune, en arpentant les routes de son Nord natal où il s'est aguerri à l'art du pilotage et de la dérive du train arrière.
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