Un ancien cadre de Michelin a été mis en examen lundi à Clermont-Ferrand et placé sous contrôle judiciaire.
Ce qui lui est reproché ? Il aurait livré des secrets de fabrique de la manufacture de pneumatiques au Japonais Bridgestone.
Tout de même un peu gonflé, non ?
L’ancien salarié de Michelin, âgé de 32 ans, a été mis en examen pour “livraison à une entreprise étrangère de renseignements dont l’exploitation et la divulgation sont de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation”. Ce crime est passible de quinze ans de réclusion.
Mais ce n’est pas tout ! Notre peu scrupuleux “personnage” a également été mis en examen pour abus de confiance et violation des secrets de fabrique. Son contrôle judiciaire est assorti d’une interdiction de sortie du territoire français. Bref, l’année commence mal pour lui …
En guise “d’espionnage”, l’ancien salarié de Michelin avait chaussé de gros sabots.
Selon une source proche de l’enquête, l’ingénieur est soupçonné d’avoir envoyé le 3 juillet 2007 un courriel à Bridgestone- premier fabricant japonais de pneus – proposant de lui vendre des données confidentielles de Michelin, contre 100.000 livres sterling (150.000 euros environ). Mais Bridgestone avait alors immédiatement alerté Michelin qui a tendu un piège à son ancien salarié en communiquant avec lui par internet, se faisant passer pour le fabricant japonais.
Maître Gilles-Jean Portejoie – interrogé par Le Point – affirme pour sa part que son client a fait preuve d’une « grande naïveté ». On peut le croire …
Le cadre, qui travaillait chez Michelin depuis cinq ans, avait démissionné en mars 2007 de la branche poids lourd de la Manufacture, dont le siège social et le centre de recherches se trouvent à Clermont-Ferrand. A priori donc, aucun esprit de vengeance n’aurait pu motiver son geste.
Selon son avocat, l’ingénieur a quitté l’entreprise de son plein gré pour s’installer à Londres afin de suivre une formation en anglais. “Mon client a sûrement regretté d’avoir démissionné et n’a pas fait le « deuil » de son ancien poste”, précise-t-il.
Michelin a déposé plainte le 10 octobre auprès du parquet de Paris qui s’est dessaisi au profit du parquet de Clermont-Ferrand. Une information judiciaire a été ouverte le 21 novembre.
L’ingénieur a été interpellé le 9 janvier dans l’Eure par les policiers de la Brigade centrale pour la répression des contrefaçons industrielles et artistiques, chargés de l’enquête. Il a été placé en garde à vue puis transféré lundi à Clermont-Ferrand.
« C’était un jeu pervers », a affirmé l’avocat de l’ingénieur, Me Gilles-Jean Portejoie, en contestant « toute intention de nuire ». « La somme réclamée était ridiculement faible », a-t-il souligné. « Parmi les données confidentielles dont mon client était détenteur, il n’y avait pas de secrets de fabrication », a assuré l’avocat : « les informations passées étaient tronquées, amputées, effacées, elles n’étaient pas susceptibles d’être exploitées ».
Les informations qu’il a livrées sont des prévisions de développement économique de la branche Poids-lourds de Michelin, et, notamment, les projets de développement de certains sites de la firme. Des informations qui étaient en sa possession eu égard à son activité professionnelle. Cela pourrait tout de même intéressé “quelques-uns” …
Michelin a confirmé qu' »un ancien salarié est suspecté d’avoir tenté de vendre à la concurrence des documents confidentiels ». « Nous ne souhaitons pas nous exprimer davantage tant que l’enquête judiciaire est en cours », a déclaré une porte-parole du groupe. « Nous entendons faire respecter notre propriété intellectuelle de manière très stricte », a-t-elle poursuivi, soulignant que « Michelin dépose actuellement 150 brevets par an ».
Sources : AFP, Le Point
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