Michelin vient d’annoncer sa décision de fermer d’ici début 2021 son usine allemande située à Bamberg, laquelle emploie 858 personnes. Une mesure justifiée par la baisse de la demande en pneus 16 pouces et de la concurrence des marques asiatiques.
Cette décision a été prise après une phase de consultation avec le comité d’entreprise conformément aux dispositions légales en vigueur en Allemagne.
Michelin victime de la baisse de la demande des pneus de petite taille
Michelin devrait ainsi provisionner environ 167 millions d’euros en 2019 pour financer la fermeture de Bamberg. Fin 2018, le groupe avait d’ores et déjà annoncé l’arrêt d’un autre site européen de pneus de petite taille, en Ecosse.
Le site produit « majoritairement des pneumatiques premium pour les véhicules de tourisme de dimension 16 pouces, un segment de marché qui se caractérise à la fois par une forte baisse de la demande globale et par une concurrence extrêmement forte des fabricants asiatiques », a expliqué Michelin dans un communiqué.
La baisse de la demande de pneus de petite taille est elle-même consécutive à l’engouement des consommateurs pour les SUV, équipés le plus souvent de pneumatiques de plus grand diamètre.
Des investissements insuffisants pour lutter contre la tendance actuelle
Depuis 2013, Michelin a réalisé 60 millions d’euros d’investissements « pour faire face à cette évolution du marché et progressivement adapter la production du site », a tenu à souligner le groupe.
Ajoutant toutefois que « ces efforts, conjugués à l’engagement des équipes ne suffisent cependant plus aujourd’hui à compenser la transformation structurelle du marché des pneus tourisme en Europe ». Michelin n’y va pas par quatre chemins, indiquant qu’ « aucune alternative industrielle économiquement viable » n’est « possible dans ce contexte ».
Mise en garde contre une féroce concurrence chinoise
Cette annonce intervient alors que mardi et mercredi, Jean-Dominique Senard, ancien président de Michelin et actuel président de Renault, a mis en garde à l’assemblée nationale contre la concurrence automobile chinoise féroce, rappelant que la part de marché des pneus chinois en Europe s’était envolé de 5% à 30% en cinq ans.
Dispositif salarial personnalisé
Michelin a indiqué que chaque salarié du site allemand se verrait proposé un dispositif personnalisé. Des départs anticipés à la retraite et des aides à la mobilité interne ou à la réalisation de projets externes devraient faire partie des propositions.
Un porte-parole du groupe a tenu à préciser qu’aucun licenciement sec n’est à l’ordre du jour.
Michelin s’engage par ailleurs à lancer un programme de revitalisation du site de Bamberg, dont l’activité doit cesser d’ici le début 2021.
Craintes sur l’emploi au niveau du groupe Michelin
L’annonce de cette nouvelle fermeture intervient alors que les salariés redoutent que des mesures globales sur l’emploi ne soient prises au sein des différents sites industriels de Michelin en Europe. Lesquels sont historiquement plus petits et moins modernes que ceux bâtis dans les pays aux économies émergentes.
Assurant ne prévoir aucune fermeture de site, le groupe de pneumatiques a identifié des problèmes de compétitivité sur quatre sites français, lesquels représentent 4.400 emplois. Ce qui correspond tout de même à 20% de l’effectif global du groupe dans l’Hexagone, regroupant 23.000 personnes.
Marché des pneumatiques en net recul
Le marché des pneumatiques dans son ensemble a souffert durant le premier semestre 2019. Les ventes de pneus TC4 (tourisme, camionnette et 4X4 ou véhicules de loisir) ont ainsi reculé de 3,6 % durant la période.
Il s’agit du plus mauvais résultat semestriel enregistré depuis 2012. Le segment camionnette est le plus touché avec une baisse des volumes de 6,2 %.
Sources : Reuters, AOF, Agefi-Dow Jones, AM-TODAY.COM
Une chose m’échappe … Michelin a fait 60 millions d’investissement en 6 ans pour moderniser l’usine soit une moyenne de 10 millions par an ….donc le maximum qu’ils pouvaient faire je pense !
Et là ils lâchent l’équivalent de 16 ans d’investissement pour fermer la boutique car elle ne serait pas assez moderne pour s’adapter au marché !
Euh comment dire c’est plus rentable de dépenser une fortune pour fermer que de continuer à moderniser et s’adapter ?
Préparer vous à trinquer les ouvriers français l’hiver sera rude
ce n’est pas aussi simple
Michelin a investi dans l’usine pour améliorer sa compétitivité. Mais sauf très grossière erreur de conception de l’usine au départ, on n’améliore pas par la suite sa compétitivité d’un facteur de 2 ou de 3. Tu peux gagner 5%, 10%, éventuellement 25% qui serait déjà miraculeux (ça veut dire que les concepteurs de l’usine avaient déjà mal fait leur boulot). Tu peux gagner un peu en automatisant un poste de travail, en supprimant un transfert par humain avec un transfert automatisé, quelques petites améliorations du process, mais sans plus. Bref, ce n’est pas parce qu’on va investir 2x plus d’argent en moyenne qu’on va améliorer d’autant la compétitivité de l’usine. Il y a eu certains postes où le gain est sensible, et ils avaient investi dans ces postes, et ça avait couté 60M€ à l’époque. Michelin aurait été dirigé par Ghosn, ce dernier aurait jeté l’éponge au bout de 3 ans, et on aurait « 20M€ d’investissement en moyenne par an » (et si par FCA, alors ça aurait été 0€ investissement en moyenne depuis 20 ans…)
https://www.presstor.fr/technologie/pneus-chinois-remportent-franc-succes-en-europe-191
Or, la différence entre ces pneus va du simple au double. Non seulement les automobilistes y sont intéressés, mais aussi les constructeurs automobiles, et pas forcement les modèles low cost. Et pour cette usine, Michelin ne peut même pas conserver le personnel, son savoir faire, et la changer en modèle 17-18-19″, parce que d’autres usines les fabriquent déjà, et ne sont pas en surcharge… (ex: à 5 ans près, PSA aurait pu sauver Aulnay en produisant des utilitaires, et soulager Valenciennes au taquet)
La prochaine fois qu’on ira changer les pneus de nos voitures, jetons y un coup d’oeil sur leur provenance. Qui sait, nous risquons de participer à la préparation d’un futur article de LBA dans quelques années….
Je suis d’accord. Nos achats ont des conséquences sur notre industrie. Quand on a le choix, on devrait privilégier les productions locales. Les pays à bas coûts rognent sur les salaires, les normes sociales, environnementales… subventionnent et protègent leur industrie de manière anticoncurrentielle. Et on accepte parce que nos grands patrons et politiques y trouvent leur compte personnellement
Personnellement je préfère mettre le prix et monter du Michelin, c’est sans doute chauvin mais j’ai plus confiance en ces pneus que certaines autres marques… (Que j’avoue ne pas avoir essayé) …
Le seul problème c’est que je change tout les ans….
je ne sais pas comment vous faites mais quand j’achète un pneu, je n’ai aucune idée d’où il est fabriqué
Si tu achètes un de marque Michelin tu sais que c’est fabriqué dans une usine de Michelin (enfin normalement) si tu achètes un pneu de marque distributeur ou de marque chinoise ou inconnu …. .
Tu peux demander qui le fabrique.
Mon dernier achat de pneu, des Michelin, la paire était fabriquée en Russie.
papagaiou
« on accepte », mais personne ne met un fusil dans ton dos pour te pousser dans tel ou tel rayon dans le magasin….
Je comprends tout à fait le raisonnement …mais ça ça veut bien dire qu’à terme ça va aussi dégraisser en France !
Par contre je me demande ce qui fait le choix de tel ou tel marque de pneus sur un véhicule (français par exemple) sortant d’usine ?
en première monte, ça dépend du….constructeur (son directeur d’achat, ou le grand manitou, ou juste le chef commercial…mais en accord avec le service technique, qui assure le développement du véhicule, et donc avec ces pneus). Quelques centimes grattés par ici, quelques euros par là….
Donc quand le grand manitou choisi du Michelin c’est open bar du coup ?
10 ans auparavant :
http://archives.lesechos.fr/archives/2008/Enjeux/00252-043-ENJ.htm#
C’ est la faute au Brexit