Le groupe français Michelin a annoncé jeudi sa décision d’arrêter la fabrication de pneumatiques dans son usine de Port Harcourt, au Nigeria, pays où il maintient toutefois son activité commerciale et ses plantations de caoutchouc.
Cependant, la situation est loin dêtre sereine dans cette région riche en pétrole de lun des plus importants pays producteurs membres de lOPEP. Linsécurité du personnel voire déventuelles pressions menées à lencontre de ce partenaire du pétrolier TOTAL sont également à prendre en compte.
Michelin a annoncé jeudi sa décision d’arrêter la fabrication de pneumatiques dans son usine du Nigeria, qui emploie actuellement 1.300 personnes. « Cette décision stratégique est liée aux difficultés de l’usine à rester compétitive malgré les investissements et les efforts consentis ces dernières années », a indiqué une porte-parole du groupe, numéro un mondial des pneumatiques.
La décision de cesser la production a été notifiée mardi aux autorités nigérianes, et « il a été convenu de rechercher ensemble, le plus rapidement possible, un repreneur » pour cette usine qui fabrique essentiellement des pneus pour poids lourds destinés au marché local. En raison des « stocks très importants », le personnel de l’usine était déjà au chômage technique depuis décembre et ces mesures seront prolongées jusqu’à fin mai, a ajouté la porte-parole du groupe.
« L’objectif est de rechercher et de mettre en oeuvre rapidement les mesures appropriées d’accompagnement » pour les personnes concernées, selon les termes même Michelin. L’activité commerciale ainsi que les activités liées aux plantations du groupe Michelin au Nigéria sont par ailleurs maintenues.
MICHELIN fabrique à Port Harcourt du caoutchouc brut issu de ses plantations dhévéas et des pneus quil exporte vers 25 pays. SIPH, fournisseur de caoutchouc naturel a signé récemment un accord avec Michelin (son principal client) pour reprendre ses plantations au Nigéria en échange d’une participation d’environ 20% dans son capital. L’ensemble des plantations représente 11 000 hectares d’hévéas, soit une production actuelle de l’ordre de 11 000 tonnes qui devrait s’élever à terme à 18 000 tonnes. Suite à cet apport, SIPH contrôlera 6 sociétés de production du caoutchouc naturel sur 3 pays (Côte d’Ivoire, Ghana et Nigeria) et disposera d’un potentiel de production d’environ 100 000 tonnes de caoutchouc naturel par an.
Port Harcourt est la principale ville du Nigeria pour le raffinage du pétrole, l’industrie pétrolière y tient donc une place prépondérante. Une école française se trouve aussi à Port Harcourt. Cette école se nomme Total-Michelin.
Un Néerlandais et trois Nigérians ont par ailleurs été tués mardi soir dans le Delta du Niger dans une attaque par des hommes armés près du terminal pétrolier de Bonni, selon des sources concordantes. L’attaque a visé un bateau transportant du personnel de la compagnie Hyundai, selon des informations fournies par les personnels hospitaliers et industriels. Plusieurs autres personnes auraient été blessées. Une violence récurrente sévit depuis près d’un an dans cette région pétrolière du Nigéria, des groupes séparatistes mais également de simples malfrats s’attaquant aux compagnies multinationales opérant dans la zone.
Shell a par ailleurs annoncé mardi qu’elle avait évacué ses employés de ses installations situées à Ekulama, petite ville du sud de l’Etat de Rivers, dans le delta du Niger, en proie à des « violences intercommunautaires » depuis samedi. La compagnie a précisé qu’il s’agissait d’une « mesure de précaution ». Le porte-parole s’est refusé à préciser le nombre de personnes visées par cette mesure, qui, a-t-il souligné, a été prise en raison du climat d’insécurité dans la région et non d’une attaque visant la compagnie elle-même. Six otages étrangers dans le sud du Nigeria ont été libérés depuis mercredi par leurs ravisseurs, mais un groupe rebelle a annoncé jeudi qu’il garderait ses autres prisonniers et poursuivrait l’action violente pour la reconnaissance de ses revendications.
Le MEND a fait savoir que la libération de M. Dieghi était un « geste de bonne volonté » et qu’il n’avait pas l’intention de relâcher deux autres italiens et un libanais, encore détenus. « L’éventuelle libération de tous les otages en notre pouvoir dépend du gouvernement nigérian, et cela ne signifiera pas la fin de notre campagne. « Nous continuerons notre action jusqu’à ce que nous ayons réussi à chasser les compagnies pétrolières du Delta et à stopper définitivement les exportations de pétrole nigérianes. L’unique alternative à notre campagne armée est la restitution à son légitime propriétaire des richesses volées à la population du delta du Niger », conclut le communiqué. Le MEND exige également des autorités nigérianes la libération de l’ancien gouverneur de l’Etat de Bayelsa, Diepreye Alamieyeseigha, emprisonné pour corruption, et du leader séparatiste Mujahid Dokubo-Asari ainsi que d’autres détenus du delta du Niger.
Sources : AFP, Reuters
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