Injustement boudée
En 2005, dans la continuité d’une décennie de résurrection Alfa Romeo qui s’était matérialisée par le succès des 156 et 147, le Biscione dévoilait la version de série de son coupé Brera, dessiné par Giugiaro. Baptisée en référence au quartier élégant et artistique de la capitale lombarde, et basée sur un concept sublime qui fut présenté à Genève en 2002, la Brera avait conservé dans l’ensemble une ligne flatteuse, quoiqu’un peu raccourcie par rapport au concept, mais très agréable à regarder avec cet avant agressif et cette poupe à la fois sensuelle et sportive. Malheureusement, la Brera ne reçut pas de V8, contrairement à ce qu’avait laissé penser le concept, et le V6 3.2 disponible dans le haut de gamme n’était pas le fameux Busso « maison », endiabé et envoûtant, ce à quoi avait eu droit deux ans plus tôt la GT, mais – entente Fiat GM oblige à l’époque – un bloc GM Holden, certes retravaillé par Alfa Romeo, qui néanmoins avait suscité le courroux les puristes.
Au final, le coupé Brera, en dépit de son design aguicheur, n’est malheureusement pas apprécié à sa juste valeur par la communauté alfiste et reçoit un accueil très mitigé de la presse, qui lui reproche un manque de caractère et un comportement routier en deçà des attentes, à cause notamment d’un certain surpoids du châssis. Au final, le Brera s’avère être un échec commercial, avec seulement 21600 exemplaires produits au cours d’une brève carrière de 5 ans. Mais, comme souvent, les éconduites d’antan finissent par avoir leur revanche, et la Brera bénéficie désormais d’un certain engouement dans le marché des amateurs. Encore quelques années et elle rejoindra les « Youngtimers ».
C’est en Afrique du Sud que la Brera a donc connu une expérimentation audacieuse, qui a abouti à un travail bluffant de qualité. Brendon Scholtz, devenu Alfiste sur le tard, a rapidement collectionné pas mal de modèles de la marque milanaise, et s’est demandé à quoi ressemblerait le style sensuel de la Brera avec cinq portes au lieu de trois…puisque le modèle d’origine n’avait été proposé qu’en coupé 3 portes ou Spider 2 portes.
Alfrankestein
L’idée ? Croiser, tel un savant fou, une berline 159 avec une Brera. Scholtz a considéré que les deux modèles, sortis la même année, avaient aussi un lien de parenté stylistique. Après avoir mis la main sur un arrière de Brera endommagé dans une casse, il s’est lancé dans ce projet d’envergure. Les deux carrosseries ont été coupées au même endroit sur les ailes arrière pour pouvoir souder la partie arrière de la Brera à la 159. La coque et le groupe motopropulseur de la 159 ont nécessité un démontage minutieux des points de soudure de l’arrière de la Brera avant que le sous-ensemble ne trouve sa place sur le châssis de la 159. Un travail d’orfève a également été nécessaire pour assurer la variation des lignes de toit de la 159 et de la Brera, celle-ci étant logiquement plus basse que la berline. Sur l’avant, des rétroviseurs et un bouclier de Brera ont été substitués à ceux de la 159 cobaye, afin d’harmoniser l’ensemble.
Ces efforts se poursuivirent pendant plusieurs mois et, finalement, la carrosserie fut achevée avec un professionnalisme digne de certains carrossiers répurés chez nos voisins transalpins. Il s’agit de la première Brera cinq portes au monde, décorée d’une teinte rouge 8C éclatante et chaussée de jantes empruntées à la Giulia Quadrifoglio.
Une « daily » qui continuera d’évoluer
La première présentation publique a eu lieu lors du Concours d’Élégance Alfa Romeo 2024 à Johannesburg, mais 2025 est l’année mémorable où la 159 et la Brera fêtent leur 20e anniversaire de production. Des modifications mineures sont en cours, la plus récente étant la suppression du coffre arrière pour permettre au V6 de mieux s’adapter et disposer d’un alignement correct des sorties d’échappement. Surtout, ce n’est pas une « reine du garage » et Brendon Scholtz l’utilise aussi souvent que possible.
Cela montre à quel point les « Alfistes » n’épargnent aucune quantité de temps, d’argent et d’efforts, afin de combler des « manques » dans l’histoire de leur marque fétiche. On l’a vu récemment, à un niveau encore plus poussé, avec Kimera Automobili, qui a imaginé une Lancia 037 Rally intégrale avec l’EVO38.
Sympa
quel était le bénéfice de FIAT d’aller chercher ce moteur? si c’était pour faire fructifier l’alliance avec GM, il y avait surement d’autres moteurs voir plateforme qu’ils auraient pu récupérer?
le chassis de l’Opel Astra était largement mieux que les traction FIAT de l’époque.
dommage pour la Brera que je trouve très réussi esthétiquement, mais jamais essayée. (dommage les versions diesel !!!)
Tout a fait d’accord avec ton commentaire sur le moteur V6. Pourquoi diable Alfa a t il remplacé ce moteur enchanteur par un v6 GM aseptisé. Pas contre, je ne partage pas du tout ton opinion sur le chassis. Si Fiat avait conservé le châssis de l’alfa GT, le comportement aurait été plus à la hauteur de cette superbe ligne….
Elle était surtout horriblement lourde
Dommage
Comme la 159 d’ailleurs
Je suis impressionné par la qualité du travail, mais si j’avais les compétences de ce messieur, j’aurais plutôt croisé un ensemble chassis-moteur d’Alfa GT avec une carrosserie de Brera. Pour avoir possédé les 2 modèles, cela aurait donné une super voiture que j’aurais probablement conservé dans mon garage.