Salariés polonais: PSA revoit sa copie sous la pression du gouvernement

« Compte tenu de l’émotion que ce sujet suscite », ce que « nous comprenons dans le contexte actuel du pays », « nous avons travaillé à une solution alternative », permettant « de monter cette équipe supplémentaire » finalement constituée « majoritairement d’intérimaires », a déclaré à l’AFP le responsable communication de PSA Hordain, Jean-Pierre Papin.

Cette équipe, qui sera composée de quelque 530 personnes, comprendra toutefois « quelques collègues » d’usines PSA européennes « qui continuent de subir les effets de cette crise et pour qui il s’agit d’une solution solidaire afin de leur permettre d’avoir une activité », a-t-il ajouté.

Cette prise de parole est intervenue de longues heures après l’annonce par Bercy d’un renoncement pur et simple à ce projet par le patron du groupe, Carlos Tavares, au terme d’un entretien avec le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, dont le ministère a fait part à l’AFP.

« Le ministre a eu Carlos Tavares ce matin, les deux hommes s’entendent bien, ça a été une discussion constructive et M. Tavares s’est engagé à revenir sur cette décision », a déclaré Bercy.

PSA appelé à renoncer par le Gouvernement

Le gouvernement était monté au créneau vendredi soir pour déminer ce sujet sensible, au lendemain de l’annonce par l’Insee de la destruction de près d’un demi-million d’emplois dans le secteur privé, un drame social provoqué par un effondrement de 40% de l’intérim sous l’effet des mesures de confinement prises pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.

Les ministres du Travail et de l’Economie, Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire, avaient alors demandé à PSA « d’embaucher en priorité les intérimaires » et de « renoncer » à ce projet annoncé la veille par la direction à l’issue d’un CSE.

La direction avait fait savoir aux élus syndicaux qu’un « premier contingent » de 120 Polonais de l’usine de Gliwice – produisant des Opel Astra – allait arriver, puis que 150 autres les rejoindraient la semaine suivante, tous pour une mission de trois mois, logés par l’entreprise dans la région et payés selon la convention collective française du secteur.

– « Rester hyper vigilants » –

« Dans la situation actuelle, les entreprises doivent tout faire pour protéger l’emploi en France », a estimé le gouvernement.

Un CSE extraordinaire doit entériner cette nouvelle option, lundi matin, dans le Nord, a indiqué Franck Théry secrétaire général de la CGT PSA d’Hordain.

La CFE-CGC PSA a salué une solution « socialement responsable », tout en soulignant que l’usine Gliwice de PSA « est la seule usine du groupe qui n’a pas encore retravaillé suite au confinement ». « Il ne faut pas non plus laisser ces salariés dans une situation de précarité. Le groupe PSA est une entreprise avec une forte empreinte européenne, la responsabilité sociale au niveau européen en découle », a conclu le syndicat.

« C’est une victoire mais elle doit en appeler d’autres. On va rester hyper vigilants. La venue des travailleurs polonais à PSA Hordain est annulée, (…) mais on va continuer à se battre pour que ce soit le cas aussi ailleurs », en Moselle par exemple, a déclaré à l’AFP Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord.

Dans l’usine mosellane de Trémery, qui emploie « une quinzaine » de salariés du site de Mulhouse en renfort, « on a annoncé qu’on réfléchissait à faire venir des employés d’autres sites PSA de France et de l’étranger » sur la base du volontariat, notamment des ouvriers allemands, a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’usine PSA de Tremery et du site voisin de Metz, qui fait travailler 50 ouvriers polonais de l’usine de Gliwice.

PSA avait justifié sa décision de faire appel à ses salariés polonais en expliquant que la « crise économique brutale » générée par l’épidémie de Covid-19 nécessitait « de réagir avec agilité et efficience, afin d’assurer la pérennité du groupe PSA ».

« On est au stade de chercher des solutions pour trouver des gens pour rejoindre nos équipes qui ne sont pas au complet, sans faire appel à des intérimaires » puisqu’il y a encore des mesures de chômage partiel dans le groupe, selon les fonctions et les sites, a indiqué la porte-parole de Metz.

Par AFP/ngu-maj-frd-zl/dlm

(16 commentaires)

  1. Eh beh Carlos est vraiment très généreux d’annuler et de faire le travail du gouvernement en trouvant des solutions pour faire travailler des français quand ses propres salariés n’ont pas de travaille. Et j’adore les syndicats qui disent maintenant qu’il faut aussi trouver des solutions pour l’usine en Pologne où les salariés ne travaillent pas lol

    1. Vous n’avez pas bien compris le problème, mais comme beaucoup, il est de bon ton de critiquer le gouvernement alors que dans cet affaire, c’est l’industriel français, comme hélas beaucoup d’autres, qui oublie les français mais pas toujours, car il appelle au secours dès qu’il est au bord de la faillite comme PSA il n’y a pas si longtemps ou Renault cette année!!!!! Et nos gouvernements, de tout bord, renflouent ces industriels qui très rapidement l’oublient sous la pression des actionnaires….
      Et laissez les syndicats tranquille, le jour où il n’y aura plus de représentants du monde ouvrier, nous serons en dictature, mais peut-être vous préfèreriez…….mais attention, vous en subirez, directement ou indirectement les conséquences. Et si nos syndicalistes ne sont pas représentatifs, c’est de la faute à l’ensemble de la population qui comme pour les hommes politiques, votent démocratiquement pour élire les élus, du plus bas jusqu’au président…….

      1. Dans le cas de PSA, l’état et DongFeng ont surtout fait une très belle LBO en quelque sorte il y a quelques années (ok ils n’ont pas revendu…), sur le dos de la famille Peugeot qui n’avait pas d’autre choix que de boire la potion amer ?!?
        Chacun voit ça à sa façon…

  2. CQFD : les intérêts financiers de Peugeot ont été perturbés par la mécanique de l’état.

    Si cela avait été légal et moral, la question n’aurait fait l’objet de ce renversement.

    Et la com de PSA de souffrir encore et encore.
    L’Etat, lui vient de faire un +1 auprès de beaucoup (sauf quelques petits entrepreneurs qui oublient pester sur les camionettes roumaines et polonaises qui prennent leurs chantiers, leur travail, leur pain).

    1. @Mwouais
      Légal, apparemment oui.
      Moral, vu des français (id est des intérimaires donc non employés de PSA) non, vu des polonais (id est des employés de PSA) oui. C’est une question de point de vue.
      Que penseriez vous si des employés français de PSA devait rester au chômage pour que des intérimaires polonais travaillent là où ces français pourraient le faire ?
      Et pourquoi cela ne choque personne quand ce sont des français de Mulhouse qui vont à Sochaux ou des allemands qui traversent la frontière.
      Tant mieux pour l’emploi français.

    2. @AQW : par flemme, je t’invite à lire ma position sur le même sujet mais antérieur de quelques heures.
      Ce qui n’est que mon avis.

  3. Certes crise brutale mais l’équipe dirigeante profite de la situation pour mettre en place des dispositifs avant la fusion. Je suis gêné qu’on dise « PSA » tant un gouffre se dessine actuellement entre les dirigeants et les salariés du groupe. Je parlerai plus de « l’équipe dirigeante » tant ils n’ont pas l’adhésion des salariés sur ce qu’ils font. En témoignent les pressions mises sur les usines, sur le réseau de ventes et sur les cols blancs. L’imposition du télétravail et même la fusion est mal perçue par la majorité de PSA justement!!!! Cet épisode démontre ce que les dirigeants ont dans leur manche … la casse risque d’être incomprise si Fusion il y a. L’équipe dirigeante n’a que la fusion en tête et en vient à faire payer les errances d’Opel au reste du groupe et aux Français plus particulièrement pour ne pas avouer qu’Opel va re mal.

    1. Si Opel va mal, c’est simple il ont augmenté tous les prix. Il suffit de se mettre à la place des acheteurs, un grand nombre ne se retrouve plus dans les budgets demandé.

      Il faut alors espéré que Opel ait la capacité a charmer des clients qui avant achetait d’autres marques ?

      Sinon c’est comme pour PSA, FCA FIAT, Alfa … la lente descente continu du volume de vente.

  4. Donc l’état pro européen, ne veut pas de l’Europe des travailleurs détachés.
    On est quand même dans l’hypocrisie. Est-ce légal, d’un point de vue européen? Pourtant pour construire des bateaux cela ne dérangeait pas le gouvernement, de faire appel massivement à de la main d’œuvre non française.

    Cela ressemble à de l’immigration choisie, avec le concept « l’Europe mais autrement et comme ça m’arrange ». Au final sans avoir élu LePen (père) la France applique quand même son programme.

    Après on parle de moins de 300 Polonais pour une durée de quelques mois venus avec un contrat de travail déclaré. On est loin d’une horde de millions de barbares. Qui seraient venus pour travailler clandestinement, voler les allocs et détruire le paysage culturel. Il n’y a pas de petite victoire électoraliste en ces temps de crise, surtout quand on arrive à rien avec Renault.

    1. @Bizaro. La France a mis des dispositifs financiers pendant toute la durée du confinement pour que les usines de PSA France ne ferment pas (donc joli coup de pouce pour PSA France de la méchante France « intolérante » … Que fait la Pologne pour ses usines et les salariés pendant ce temps? Je vous invite à lire cet article ci-dessous, on y entend les intérimaires que PSA qui bossent depuis plusieurs années sur ce site … Ah Oui, Renault Sandouville n’est pas le seul à faire appelle à des intérimaires longue durée … PSA fait de même. Dingue alors!?!

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/13/le-gouvernement-souhaite-bloquer-l-arrivee-de-salaries-polonais-de-psa_6042732_3234.html

  5. Il est normal qu’une usine française, qui bénéficie du chômage partiel payé par les impôts et les cotisations des français, ré-embauche en priorité les salariés de son bassin d’emploi.

    1. Je rajouterai que le 1er marché de Peugeot est la France.
      Les dégats au niveau de l’image du constructeur risquent d’être importants, la grande majorité des français ne comprenant pas une telle démarche.

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