Rencontre: Eric Salignon, part 4

Flat Out

Terminons notre entretien avec Eric Salignon par un survol de son actualité et quelques pistes sur son avenir. Alors que la 3eme manche du WS by Renault a débuté aujourd »hui dans les rues étroites de la principauté de Monaco, Eric me faisait part de ses attentes pour ce week end, et se laissait aller à quelques explications de texte sur son métier (ou ses études plutôt) de pilote, en World Series by Renault.

Monaco, c’est souvent l’occasion de pouvoir cotoyer la F1 de près. Lorsque je lui demande s’il va arpenter les stands de la formule reine pour se faire connaitre, il me regarde un peu interrogatif:

 » Non, non. Tout ça c’est le boulot de mon manager. Un bon manager c’est très important. Jenson Button et Kimi Raikkonen ont le même et regarde où ils en sont aujourd’hui. En fait, durant le week end je suis totalement concentré sur ma course. Encore plus à Monaco car l’an dernier, tout n’a pas bien fonctionné. En fait lors des essais libres en 2005,  je casse mon moteur au 2eme tour. Du coup, je pars en qualifs sur un circuit que je ne connais pas avec seulement 2 tours de reconnaissance auparavant. Bref, j’ai pris 6s au premier tour puis 5, puis 4 et je termine à 2. Bien mais pas assez pour prétendre faire une course brillante. J’ai une petite revanche à prendre. »
On va suivre ça de près !

Monaco nous fait évoquer le paramètre physique dans la course automobile. Et dans le domaine, comme dans le reste, Eric fait figure de bosseur inlassable. Son allure ne laisse pas de place au doute: le gramme de graisse superflu est introuvable. Le garçon est sec. A l’image d’un alpiniste qui développe une musculature impressionante tout en recherchant la masse la plus légère possible.

 » La diététique c’est mon job ! La plus importante de mes activités en fait. Mais j’ai commencé jeune à me préoccuper de mon alimentation, la faute à une taille pas très adaptée à la pratique du karting. Dès cet âge, je me suis surveillé un maximun pour ne pas prendre de poids et ne pas développer un handicap physique supplémentaire à celui de ma grande taille (1.80m). Ca me sert encore aujourd’hui.
Les essais sont interdits en cours de saison et on ne roule qu’assez peu en fait. Donc tout mon temps est voué au sport et à la diététique. Il faut être au top physiquement pendant tout un week end et quand tu es fort dans ton corps, tu es fort mentalement
« 

Eric a bien cerné l’importance de ce facteur et ne cesse de développer le sujet.

« Le physique, ça joue dès le matin au réveil. Dès le lever tu dois être apte à fournir des efforts. C’est une philosophie de vie qui doit t’empêcher de ressentir la douleur dans l’effort pour rester totalement impliqué dans ton pilotage. Il faut comprendre qque si tu as le palpitant qui prend des tours au bout de 3 virages, tu vas rapidement perdre la lucidité et la concentration. L’erreur arrive là. »

Cette voiture est donc si physique ?

« On a 425 ch pour 600 kg. La voiture est super chouette ! Pour un budget équivalent à la F3 qui, elle, ne fait que 200 ch, c’est carrément plus … bandant ! On n’a pas d’antipatinage. On n’est pas des assistés nous (rires). On a les palettes de changement de vitesse au volant, les freins carbone et les slicks. L’an dernier quand le GP2 avec 600 ch tournait en pneus rainurés on était quasiment aussi vite.
En caméra embarquée, tu vois les pilotes qui se battent au volant…enfin surtout dans les mauvaises équipes ! C’est super chaud.
A la vitesse, tu t’habitues vite. Par contre, tu sous-estimes pas mal  l’aéro et le freinage au début
« 

On l’aura compris, nous ne sommes plus dans de l’auto sous-motorisée où il n’y a que 2 positions d’accélérateur: ON et OFF. Là cela réclame un peu plus de doigté. De main comme de pied d’ailleurs.

Mais qui crains tu dans ce championnat ?

« Personne. Et si il y en avait, je ne te le dirais pas ! Je n’aime pas parler de ça en fait. De toutes façons, entre pilotes, on sent quand un adversaire a du potentiel. Y’a des pilotes que l’on craint et d’autres que l’on ne craint pas. C’est très subjectif. Ca ne tient pas nécessairement qu’au chrono d’ailleurs. »

L’avenir se dessine comment pour toi ?

« Mon contrat Mercedes devait me permettre de faire des essais en DTM l’hiver dernier. Malheureusement les soucis de la série durant l’intersaison avec le retrait d’Opel ajouté à la poursuite de tous les anciens (Schneider, Alesi, Hakkinen) fermaient les opportunités. Par contre, c’est une éventualité probable pour 2007. »

Mais tu abandonnerais la monoplace et l’idée d’aller en F1 ?

« Non, en fait tout est conditionné par mes résultats de cette année. Il faudrait que je signe une saison pleine pour que les portes s’ouvrent. Mais bon, les pilotes français n’ont pas trop la côte en F1. Contrairement aux finlandais, aux brésiliens et d’autres nations, la maturité du pilote français est plus tardive. Différence de culture sûrement… A 19 ans, je n’étais pas personnellement prêt à faire le grand saut. Aujourd’hui, oui !

Le GP2 n’est il pas plus coté que le WSR pour parvenir à tes fins ?

« Oui c’est sur. Mais Robert Kubica qui a gagné le WSR l’an dernier nous donne espoir. Il a intégré BMW-Sauber en tant que troisième pilote et réalise d’excellents chronos le vendredi d’essai. Il est pas mal reconnu dans le milieu maintenant. Ca incite quelques patrons a regarder vers le WSR. Et puis je l’ai battu par le passé donc….
En fait je pense que le passage direct vers la F1 est possible
. »

Et le Champcar ?

« Oui oui. Bien sûr. C’est juste une question d’opportunité. Mais franchement tout ça est encore très loin et la saison est encore longue et il ne sert franchement à rien de tirer des plans aussi lointains. Là, mon but c’est Monaco ! »

Je laisse donc Eric Salignon avec l’impression diffuse que l’on pourrait voir le garçon s’exprimer dans quelques catégories plus « lumineuses » d’ici 1 ou 2 ans. J’espère ne pas me tromper.

Pour cela, la dernière partie (à venir) de cette rencontre avec Eric Salignon ne sera pas « made by Salignon » mais plutôt par ses anciens patrons que sont Jean Phillippe Grand, patron du Graff Racing, et Frédéric Vasseur, boss d’ASM mais également d’ART, équipe championne en titre de GP2 avec Nico Rosberg et qui fait courir en 2006 Hamilton et Premat.

Ils nous diront ce qu’ils pensent du bonhomme.

Lire également: Rencontre Eric Salignon 1ere partie
                         Rencontre Eric Salignon, part 2
                         Rencontre Eric Salignon, part 3

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