La trajectoire du papillon que l’on décrirait volontiers comme cahotique et fragile, est plus justement l’expression d’une volonté farouche d’arriver à destination, contre les obstacles et les vents mauvais. Et si le souffle des aléas vient parfois rabattre la progression, c’est pour ensuite mieux émerger dans la lumière, vitale pour la survie de l’insecte.
Ainsi est la trajectoire d’Eric Salignon, vainqueur des 2 premières épreuves 2006 de la Formule Renault 3.5l qui retrouve un éclairage qu’il n’aurait jamais du perdre. Interview
Les prémices:
Eric est né le 22 Juillet 1982. Il a 23 ans.
Il n’est pas de cette génération de pilotes qui ont posé les couches dans un karting. Le papa rallyman occasionnel ne voit pas en son rejeton, plutôt calme et tranquille, le prototype du pistard affamé. Raté.
A 7 ans, premier essai en « touriste » et le petit gars est « ferré ». Le pli est pris et la compétition en karting débute à 10 ans avec des résultats certains. Malgré un gabarit (1.80m) peu propice à la discipline (« pour le centre de gravité, c’est pas top ! »), Eric saura compenser pour signer des perfs étonnantes. 8eme au championnat du Monde 1995, et double vainqueur du GP de Monaco karting en 1995 (juniors) et 1997 (formule A). En 1996, c’est un certain Michaël Schumacher qui emportait la course.
Tenter sa chance:
Le gabarit évoqué empêche l’adolescent de poursuivre plus avant en karting. Décision est prise de faire le saut en automobile.
Premier trait de caractère du bonhomme, il est du genre jusqu’au boutiste et opiniâtre.
Avec un papa garagiste et pas champion du monde de F1 ou PDG de multinationale, difficile de trouver les appuis pour se lancer. J’oubliais. La famille Salignon n’habite pas Paris, mais Aubignan. Joli patelin mais très peu fourni en mécènes potentiels !
Bref, en 2000 les économies partent dans l’achat d’une Formule Renault (première année de la FR 2000 monotype) qui fera les voyages sur la remorque, à l’arrière de l’auto de la famille. Le mécano sera papa Salignon avec sa boîte à outils.
Un plan très sixties-seventies qui, s’il n’était pas rédhibitoire à l’époque sus-dite, est rarement synonyme de reussite dans le milieu de la monoplace du 21e siècle.
Et pourtant, les résultats épisodiques mais réellement surprenants sont là et Jean Phillipe Grand, en patron au nez creux du Graff racing, fait le forcing pour le voir chez lui en 2001. Eric avoue modestement. « C’était la première année d’existence de cette auto et les grandes écuries ne l’avaient pas encore totalement optimisée. On a eu de la chance pour le coup« . Comme si cela suffisait à mener l’auto aux avant-postes.
Eric Salignon se confond en remerciements, toujours aujourd’hui, sur l’homme qui lui a permis de signer ses premières victoires et le titre de Champion de France de FR en 2001.
» Il a tout fait pour que je bosse avec lui. Il m’a demandé un budget « light » ( 75.000 euros) sachant que je n’avais pas les finances nécessaires pour payer une saison complète (230.000 euros). JP.Grand est un homme capable de s’impliquer énormément, tant humainement que financièrement, pour faire courir quelqu’un en qui il croit. Je lui en suis plus que reconnaissant. »
Le papillon Salignon prenait son envol vers des lauriers toujours plus nombreux et la brillance du pilote attirait même le RDD (Renault Driver Development) à son baquet. En 2002, Eric remporte le titre en Eurocup Formule Renault toujours au Graff Racing.
Mais les premières bourrasques s’annoncent…
à suivre