Pont de Gênes: nouveau pas vers la révocation de la concession autoroutière aux Benetton

« Pour nous la seule option est la révocation comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises », a déclaré le ministre du Développement économique Stefano Patuanelli, en commentant l’hypothèse évoquée par des médias qu’à la place d’une coûteuse rupture du contrat entre Atlantia et l’Etat soit appliquée à Atlantia « une maxi-amende » d’un milliard d’euros.

Le gouvernement n’est toutefois pas unanime sur le sujet, divisé entre les ministres provenant du Mouvement 5 Etoiles (anti-establishment) comme M. Patuanelli, et ceux affiliés au Parti démocrate (centre gauche), jugé plus favorable aux entreprises.

Ainsi la ministre des Infrastructures, Paola De Micheli (PD), a jugé « insuffisantes » jeudi les propositions d’investissement d’Atlantia pour la réfection du Pont Morandi et un contrôle renforcé de l’entretien des autoroutes, ponts et tunnels en concession, jeudi dans une interview au quotidien La Repubblica. Mais elle a paru plus ouverte à la discussion avec Aspi (Autostrade per l’Italia, contrôlée majoritairement par Atlantia) que son collègue Patuanelli, appelant Atlantia à faire des efforts supplémentaires en abaissant par exemple les tarifs des péages des autoroutes gérées par le groupe.

Vers une bataille judiciaire ?

Son ministère a préparé un volumineux rapport qui précise les investissements à faire dans le réseau et impose un nouveau système de contrôle et d’indemnisation.

« Nous parlerons bien sûr avec Mme De Micheli, qui gère le dossier aux côtés de la présidence du Conseil (le chef du gouvernement Giuseppe Conte, ndlr), mais pour nous il n’y a pas d’alternative à la révocation », a déclaré M. Patuanelli.

Il a au passage critiqué le fait qu’Atlantia ait lié son éventuelle participation à la relance de la compagnie aérienne en grande difficulté Alitalia au contentieux autoroutier.

L’écroulement du pont Morandi de Gênes avait fait 43 morts le 14 août 2018. L’enquête est encore en cours mais des manquements à l’entretien du pont sont déjà apparus.

Selon les médias italiens, ce sera au final à M. Conte de trancher entre une énorme amende ou une révocation pure et simple des concessions qui pourrait se traduire pour l’Etat italien par l’ouverture d’un grave contentieux et peut-être à terme la nécessité d’indemniser Atlantia qui gère la majorité des autoroutes italiennes.

Par AFP – fka/cco/oaa

(4 commentaires)

  1. A voir si le « mauvais entretien » est reelement fondé ou non …. On parle quand meme du pont d’un mec qui à crée 5 ponts dont 3 se sont écroulés …

    1. écroulés par manque d’entretien aussi, donc mauvaise conception + mauvais entretien, ça ne peut pas faire des miracles…
      Le ***** (mouvement) a aussi sa part de responsabilité depuis 10 ou 12 ans, en refusant par exemple la construction d’une nouvelle autoroute pour éviter ce putain de pont !

    2. Oui mais NON !

      L’ingénieur Morandi n’a pas construit 5 ponts mais plusieurs centaines dont 5 viaducs extraordinaires. Voici résumé ce qui concerne les 3 ouvrages qui ont connu des problèmes :

      1 – le Pont du Général-Rafael-Urdaneta ou viaduc de Maracaibo, construit entre 1960 et 1962 au Venezuela sur un concours international de 1957, permet de traverser le Lac Maracaibo sur 6 voies sur 8,7 km de long à 92 mètres de hauteur au dessus des eaux. C’est un des 5 ponts les plus célèbres au monde selon Michel Virlogeux.

      Le 6 avril 1964 à 6h45, le pétrolier « Esso Maracaibo » chargé de 40.000 tonnes de pétrole est victime d’une panne électrique qui le rend ingouvernable ; à la dérive, il heurte violement les piles 31 et 32 de l’ouvrage entraînant l’effondrement du tablier entre ces piles de 259 mètres. La forme très particulière (mais ingénieuse) de ces piles a pu, un temps, être mise en cause, mais quel type de pile aurait pu résister au choc d’un pétrolier de ce gabarit ?
      Grâce à sa conception particulière, le viaduc a été rapidement remis en état et rouvert à la circulation à peine huit mois et six jours plus tard.

      Le 3 novembre 1999, le cargo « Espartana » lourdement chargé de 100.000 tonnes de ciment vient frapper à son tour la pile 24 du viaduc sans provoquer de dégâts importants.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont_du_G%C3%A9n%C3%A9ral-Rafael-Urdaneta

      2 – le Pont Morandi ou viaduc de Polcevera, à Gênes, en Italie, construit entre 1963 et 1967 sur un appel d’offres de 1959, lancé par l’ANAS ( l’ex DDE française), propriétaire de l’ouvrage. L’ouvrage est constitué du viaduc principal supportant l’autoroute A10 et d’un échangeur autoroutier entre l’A10 et l’A7 qui relie Milan à Gênes. Il présente une longueur totale de 1.102,50 m avec 4 travées à haubans en béton précontraint. Une des 4 travées centrales de 208 m s’écroule le 14 août 2018.

      3 – le pont du Wadi al-Kuf, très proche du pont Morandi dans sa conception, construit en Libye en 1972, a été un court moment interdit à la circulation après qu’une inspection ait révélé, en octobre 2017, de probables fissures dans sa structure.

      En ce qui concerne le viaduc de Gènes, il faut quand même rappeler qu’en prévision de l’exposition internationale de Gênes 1992 dite « Colombiadi », la société Autostrade per l’Italia (devenue Atlantia, une société du groupe Benetton) avait déposé le projet de construction d’un ouvrage de substitution à 2×4 voies (au lieu des 2×2 voies) pour faire face à l’évolution du trafic lourd sur l’ouvrage.

      Bien que l’ouvrage ait été conçu à une époque où les poids lourds étaient peu nombreux et leur PTC inférieur à celui autorisé de nos jours, le remplacement d’un ouvrage aussi important ayant déjà plus de 30 ans et situé en bordure de mer, donc en milieu salin agressif, aurait du être la bonne solution ne serait-ce que pour fluidifier le trafic. Ce projet a été refusé par l’Administration locale de Ligurie dirigée par les représentants du M5S locaux, ceux-là même qui, arrivés au gouvernement italien, critiquent aujourd’hui le prétendu manque d’entretien de l’ouvrage… affirmation pas encore démontrée.

      Le ministère italien des transports rappelle toutefois qu’il y a, en Italie, 1.608 ponts et viaducs autoroutiers pour une longueur de 1.013 km sur plus de 6.000 km d’autoroutes et plus de 61.000 ponts et viaducs de plus de 10 mètres de longueur sur les 255.000 km de routes nationales et provinciales.

  2. Si un industriel du tricot veut étendre ses champs d’activités, il lui faut la structure. En matière de génie civil, c’est dantesque. L’Italie compte un grand nombre d’ouvrages vieillissants. Benetton en a le potentiel ? Il semble que Non vu la décision du GVT italien.

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