Polaris contre Yamaha
Pour le trentième anniversaire de ces fameuses douze heures (encore 14 nations représentées ce week-end dernier), le plateau des SSV s’était également bien étoffé. En plus des Polaris et des Canam vus l’an dernier, Yamaha avait dépêché une armada de ses YXZ 1000, le véhicule sportif de la marque. Axel Dutrie le dynamique distributeur Drag’on était à la manœuvre comme manager et, ne cachait pas avant la course, que malgré un travail sérieux de préparation, les risques étaient grands d’être victime de petits pépins car personne n’avait de recul quant au comportement des machines sur une piste aussi technique. Parmi ses pilotes, on remarquait la présence de Stéphane Chambon, Adrien Van Beveren et Jérémie Warnia, dont le renom n’est plus à établir.
Chambon, pilote moto éclectique, champion Supersport, Superbike, Supermotard, est passé sur quatre roues avec de nombreuses victoires en rallye sur terre. Van Beveren a démontré une étonnante supériorité à l’Enduropale. Jérémie Warnia multiple Champion de France et d’Europe en quad, a acquis de belles lettres de noblesse en SSV également.
Chez Polaris l’importateur français avait délégué deux pilotes officiels : Guyette et Cuvelier, qui avaient survolé l’édition 2015 et disposait de son côté de machines éprouvées et très fiables.
Variateur contre boîte séquentielle
Au plan technique, la comparaison entre les deux marques portait essentiellement sur le variateur de vitesse pour les Polaris, contre la boîte séquentielle chez Yamaha. Si Polaris paraissait pouvoir tirer avantage d’une expérience engrangée la saison passée doublée d’une maîtrise quasi totale des questions de suspensions ou d’amortissement lors des sauts, Yamaha de son côté, redoutait des soucis avec les cardans, en raison du très grand débattement obligatoire des suspensions.
Pour gagner cette épreuve dont la notoriété pointe déjà le bout de son nez avec des ambitions légitimes de devenir une sorte de référence -comme le quad depuis 30 ans-, l’équation n’était pas évidente. En effet, l’épreuve comportant cinq manches de 45 minutes, chacune avec addition de points en fonction des places, flamber sur une ou deux manches ne suffisait pas pour décrocher la timbale finale. Il fallait au contraire demeurer constamment aux avant-postes durant toutes les manches si l’on voulait sortir vainqueur.
Sur un circuit très bien tracé, avec une piste large, des virages techniques et des sauts spectaculaires, rythmant une progression somme toute assez rapide, les pilotes s’en donnent à cœur joie, malgré la chaleur éprouvante.
Si Chambon (Yamaha) se fait sortir en première manche (photos ci-dessus) laissant la victoire à Warnia (Yamaha), en seconde manche un autre Yam remporte la course. Sébastien Guyette redonne l’avantage à Polaris en troisième manche. Warnia qui avait envisagé de disputer simultanément les course de SSV et les courses du Mondial du quad 2016, ne se présentait pas au départ de la troisième, préférant se consacrer totalement au quad. D’ailleurs, cela arrangeait bien les affaires de la grande équipe Drag’on, qui s’empressait de cannibaliser son SSV pour rajeunir d’autres machines.
Entre deux manches, Thierry Viardot spécialiste technique de tout ce qui roule sur de la terre ( il fut consultant auprès de Peugeot Sport lors du dernier Dakar) présent aux côtés des champions Yamaha nous confiait en quelques mots sa vison de l’évolution du SSV.
« Je regarde cette course avec attention. Le SSV ne sera-t-il pas le futur du quad. Le SSV peut être un futur pour l’auto , la moto, pour les quadeurs. Pour tout le monde le SSV constitue un bon compromis pour toutes les catégories de compétiteurs et j’y crois fortement. »
Du panache et de la stratégie
Les explications entre les potentiels vainqueurs ne mollirent aucunement au fil des manches. Le spectacle fut grandiose, tant l’adresse et le sens de l’attaque des leaders ont su régaler les passionnés n’ayant pas voulu rater une telle occasion. Les belles images étaient partout: au freinage avant les serrés, en vol au-dessus des bosses, lors des dépassements hasardeux parfois…
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, les pilotes de pointe semblaient vraiment s’amuser et pourtant panneautage ou liaison radio renseignaient en permanence les pilotes afin de tenter stratégiquement de produire une course de manche, en fonction du positionnement des autres prétendants à la victoire. Si bien que l’on arriva à l’orée de la cinquième et ultime course avec trois Polaris aux trousses du Yamaha, d’un intraitable Adrien Van Beveren.
Il était évident que Yamaha allait tout faire pour assurer la victoire finale. Effectivement, Adrien Van Beveren après un feu d’artifice tiré lors des premiers tours, se calait ensuite sagement dans le peloton à une troisième place, assurant de fait une victoire finale. Axel Dutrie le patron du team Drag’on perché sur le muret présentait une ardoise informative. Adrien appliquait les consignes à la lettre pour remporter cette seconde édition de la course de SSV à Pont de Vaux.
Polaris n’avait plus les moyens de répliquer pour empêcher le sacre de celui qui, une fois la ligne d’arrivée franchie confessait s’être bien amusé. Autre information à peine croyable mais totalement vérifiée, Adrien Van Beveren n’avait piloté un SSV que durant un quart d’heure avant l’épreuve!
A l’arrivée, Adrien confiait
« Je suis particulièrement heureux de cette victoire dans une discipline nouvelle pour moi, obtenue avec Drag’on mon partenaire habituel des courses sur sable. C’est une fierté pour moi d’avoir cette équipe de ma région autour de moi et avec ce partenaire j’ai remporté mes trois Enduropale et fait sixième au Dakar, alors gagner ici, encore sur Yamaha, me comble de joie. Ma première course sur quatre roues et une première victoire…c’est génial !
Avec les Polaris, il ne fallait rien lâcher, ils en voulaient, eux aussi. Je remercie forcément toute cette équipe, qui méritait la victoire dix fois plus que moi, ils ont bossé comme des fous et je me suis bien amusé « .
Chez Polaris on ne faisait pas trop grise mine car la réplique donnée aux Yam’ était de toute beauté. Toutefois, la grande classe et l’énorme faculté d’adaptation d’Adrien Van Beveren associées aux performances de haut niveau du nouveau Yamaha, grâce notamment à la boîte de vitesse séquentielle, ont permis encore de hausser le ton et de sortir vainqueur.
Joël Bontoux conseiller chez Yamaha pour ces questions sportives ne cachait pas sa satisfaction de constater tout le potentiel de développement que la nouvelle machine pouvait offrir.
Une nouvelle discipline est entrain de naître. La remarquable organisation de PDV Racing a contribué à la mettre en valeur de la meilleure façon, mais franchement, Adrien Van Beveren nous a épatés par son sens inné des trajectoires, ses capacités d’adaptation et sa simplicité heureuse.
Classement final
1-N° 421 Adrien Van Beveren Yamaha 1 victoire de manche- 107 points
2- N° 17 Axel Alletru Polaris 1 victoire de manche- 103 points
3- N°1 Sébastien Guyette Polaris 2 victoires de manche- 94 points
4-N° 2 Pascal Mercier Polaris 71 points
5- N°6 Emmanuel Ebrille Yamaha 61 points
La totalité du classement en suivant ce lien.
Photos: Alain Monnot et Gilles Vitry