Une veillée bien symbolique, à maints égards … Face à l’angoisse du licenciement après l’annonce de la fermeture de leur usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), les salariés de l’équipementier automobile Molex vont réveillonner, comme à Noël, devant leur usine.
Tant pour marquer le coup et alerter les media … que pour éviter que leur outil de travail ne prenne la poudre d’escampette à leur insu.
Selon Guy Pavan, délégué syndical CGT, « il n’y a pas de raison de ne pas être joyeux car on se bat pour notre droit », soulignant que « le coup sur la tête » de l’annonce de la fermeture est « désormais passé ». « On ne peut pas admettre que l’entreprise ferme, pour délocaliser en Slovaquie, alors qu’elle fait des bénéfices.
C’est la porte ouverte à tous les abus », avait récemment relevé quant à lui Lionel Garrigues, délégué CFDT, regrettant le « manque de volonté gouvernementale pour empêcher les investisseurs de partir ».
Molex Automobile Sarl, filiale du groupe américain Molex, employant 30.000 personnes dans le monde, a annoncé fin octobre sa décision de fermer en juin 2009 son site de production de connecteurs automobiles, arguant de « la hausse constante du prix des matières premières et l’érosion des prix de vente des produits » pour ce faire.
La direction estime en effet que le site de Villemur-sur-Tarn, fournisseur notamment de Peugeot et Renault, nest plus compétitif avec la mondialisation. Sa production sera transférée vers lusine slovaque de Kosice, dont les effectifs sont passés de 300 à 900 personnes entre 2004 et 2008.
Le maire de Villemur-sur-Tarn considère que depuis le rachat de l’entreprise par le groupe Molex, « le coup était prémédité. Molex est arrivé avec l’intention de nous piller et de mettre fin à l’activité ».
Une analyse que partage les élus du personnel. En rachetant le site, Molex a acquis les brevets et s’est ouvert les portes des grands constructeurs, sans investir localement mais en Slovaquie. Selon les représentants des salariés, l’unité a dégagé un bénéfice de 1,2 million d’euros durant l’exercice clos en juillet 2008, pour un chiffre d’affaires de 41 millions.
« L’usine fait des bénéfices mais fabrique surtout des produits anciens », affirme Stéphane Kellar, directeur des ressources humaines de Molex Europe. « Que va-t-il se passer si elle ne réalise pas de nouveaux produits à des prix compétitifs ? Les constructeurs comme Peugeot réduisent les prix des pièces et nous subissons la hausse des coûts des matières premières argumente-t-il.
Le député PS de Haute-Garonne, Gérard Bapt, a quant à lui demandé l’interdiction des licenciements des firmes lors de délocalisations à l’étranger, dans une lettre au président Nicolas Sarkozy. Certes Monsieur Bapt oeuvre pour sa paroisse, la fermeture de l’usine impactant directement ses électeurs, mais la « proposition » est loin d’être dénuée de fondement et de logique sociale.
« Nous commençons à vivre dans le secteur automobile des situations dramatiques de mise en chômage partiel ou licenciements en rapport avec la crise du marché. Mais dans le cas du site de Villemur, il s’agit d’une multinationale qui profite de la crise pour délocaliser le site de production« , affirme M. Bapt. Selon le député socialiste, la décision de fermer l’usine « pour développer celle située à Kosice en Slovaquie n’est absolument pas consécutive de la crise financière mondiale actuelle mais (relève) bel et bien d’une logique financière au service des actionnaires ».
Face à cette situation, les salariés de l’usine sont mobilisés depuis le 23 décembre devant leur usine afin d’empêcher toute tentative de déménagement d’outillage et de stocks par leur direction. Laquelle a bien évidement juré aux grands dieux qu’elle n’avait envisagé cette éventualité l’once d’un instant …
Les 283 salariés de l’usine doivent reprendre le travail le 5 janvier prochain.
Sources : AFP, CCFA, Mediapart