Lancia : résurrection en trois actes d’ici 2028

La Lance brisée

Jusqu’au début des années 1990, Lancia déchaîne les passions des amateurs de voitures racées et sportives, en grande partie grâce à l’incroyable saga des modèles de rallye. De la Fulvia à la Stratos, de la 037 aux monstrueuses Delta S4 puis Delta HF Integrale, la légende Lancia se forge sur les lacets du WRC et les circuits. Intégrée au groupe FIAT à partir de 1969, Lancia est regroupée avec Alfa Romeo en 1987 dans l’entité Alfa-Lancia Industriale et entame, lentement et surement, son déclin : perté d’identité progressive face aux économies d’échelle et à la synergie de groupe, crise financière du groupe FIAT au début des années 2000 qui freine drastiquement les investissements, errements styistiques, avant d’être achevée par un repositionnement axé sur le luxe et l’élégance qui n’a pas pris, et enfin, sous l’ère FCA, par une gamme paresseuse se contentant de proposer des Chrysler rebadgées et un désintérêt net de Sergio Marchionne.

Depuis 2014, Lancia survit grâce à un seul modèle, l’inoxydable Lancia Ypsilon, qui n’est vendue que sur le marché italien. Malgré tout, les ventes se maintiennent, grâce à l’arrivée récente d’une version hybride légère et à de nouvelles séries exclusives comme l' »alberta Ferretti » conçue avec la célèbre styliste italienne. L’Ypsilon, rentabilisée depuis fort longtemps, s’écoule annuellement à 40/45.000 exemplaires et permet au blason de ne pas définitivement rejoindre le cimetière des marques disparues. Mais côté plaisir et sensations fortes, il faut se tourner vers l’univers du Restomod, qui nous a gratifiés ces dernières années d’une MAT Stratos ou d’une Kimera EVO37.

Trois modèles de 2024 à 2028

Le PDG de Lancia, Luca Napolitano, a confirmé aujourd’hui que la marque, faisant partie au sein du groupe Sellantis du pôle premium avec Alfa Romeo et DS, va repartir quasiment de zéro avec 3 nouveaux modèles programmés entre 2024 et 2028. L’élégance et le raffinement seront toujours de mise, en « carressant le côté féminin de l’automobile » (sic) et en mettant aussi l’axe sur la durabilité, avec l’ambition d’uitiliser 50% de matériaux recyclés pour les intérieurs.  « Contribuer avec Alfa Romeo et DS à la croissance du cluster premium Stellantis, en multipliant les bénéfices par cinq et en augmentant les revenus de 4 à 11 % ». Dit comme ça, ça fait moins fantasmer mais c’est inévitable. Carlos Tavarès a donné 10 ans aux marques affaiblies comme Alfa Romeo et Lancia pour se redresser.

Le premier étage de cette fusée sera une nouvelle Lancia Ypsilon dont l’arrivée est prévue pour 2024. Ce sera toujours une berline compacte 5 portes qui, cependant, aura des dimensions légèrement plus grandes que le modèle actuel, atteignant près de 4 mètres de longueur et partageant sans nul doute bon nombre d’éléments avec ses cousines Peugeot 208 et Opel Corsa. La voiture arrivera sur le marché dans un premier temps avec une version entièrement électrique mais aussi avec des versions équipées de moteurs hybrides et essence. L’Ypsilon aura une approche plus « européenne » et montera en gamme, sans pour autant vouloir défier frontalement ses rivales germaniques comme l’Audi A1. « Pour l’instant, nous ne visons pas à concurrencer Mercedes ou BMW , mais plutôt de lui ménager une place pour réussir en Italie et en Europe, comme c’est le cas pour d’autres secteurs du Made in Italy très appréciés à l’étranger, de la gastronomie au vin en passant par la mode ».

Suivra ensuite l’Aurelia. Lancia ressuscitera ainsi un nom historique et légendaire, puisque la Lancia Aurelia originelle, produite entre 1950 et 1958, avait marqué son temps. Premièr modèle ayant obtenu des succès de course notables, l’Aurelia avait une ligne élégante emblématique du style italien et surtout fut la première voiture de série au monde à être équipée de quatre roues indépendantes et surtout d’un V6 de série. La « nuova Aurelia » ne sera cependant pas dans la lignée de la berlie tricorps qui l’a précédée. Elle s’apparentera davantage à un SUV polyvalent, au profil de coupé, dans les 4,60 mètres de long, qui recevrait ainsi la plate-forme STLA Medium qu’elle partegerait avec sa cousine premium DS7 Crossback.

Enfin, le troisième modèle prévu en 2028 serait lui aussi en charge de raviver un nom prestigieux, celui de la Delta, en cousinage avec la Peugeot 308 et la DS4, voire une nouvelle Giulietta. Il ne faut pas s’attendre à la résurgence de la virile et bestiale Intégrale du passé, la philosophie étant davantage tournée vers le confort et le raffinement, mais Napolitano n’a pas fermé la porte, en cas de succès, à une version sportive. Autre détail, les études de design semblent s’orienter vers un design « anguleux » qui pourrait faire de gros clin d’oeils à la Delta de Giugiaro.

Renforcement du réseau et identité affirmée

A partir de 2028, Lancia ne vendra plus de voitures thermiques et à partir de 2026, tous les nouveaux lancements ne concerneront que des voitures 100 % électriques. Les voitures se caractériseront  par la présence de SALA (Sound Air Light Augmented), une interface virtuelle, essentielle et intelligente, avec laquelle le client aura le contrôle de l’habitacle. En termes de finition et de design, la volonté affichée est clairement de hausser le niveau et de se doter d’une identité propre, avec une ambiance intérieure qui s’inspirera à la fois des modèles iconiques du passé et du mobilier de grands designers italiens. Tradition et italianité mélangées à la modernité, voilà une approche qui semble intéressante.

Le réseau de vente sera remis en selle avec un réseau national passant de 150 à 220 points de vente et une présence affirmée dans 60 villes européennes. Néanmoins, la marque entend accorder beaucoup de poids aux ventes en ligne qui pourraient représenter 50% du total des immatriculations. Le logo pourrait aussi évoluer. La révision  « pourrait faire ressortir davantage la lance, le drapeau et le volant », symboles d’une marque noble et élégante qui a plus de 115 ans d’histoire derrière elle. Si l’on peut éviter un dessin flat design tout moche, on prend de suite.

Notre avis, par leblogauto.com

Ce programme est en soi réjouissant, car cela fait mal de voir un blason aussi prestigieux être si peu valorisé et exploité. Au-delà de la réussite des modèles, le plus gros défi pour Lancia sera néanmoins de reconstuire son image. Si elle ne souffre pas d’une mauvaise réputation quelconque, et que les amateurs en connaissent le pédigrée, elle s’est forcément évaporée auprès du grand public avec le rétrecissement de sa gamme, sa contraction sur le seul marché italien et sa logique raréfaction sur les routes. A l’image de Maserati qui arrive en Formule E, peut-on imaginer un programme sportif pour reconstruire cette réputation, en WRC par exemple ?

(26 commentaires)

  1. Oh punaise, Lancia, la marque sportive italienne massacrée par les ricains, s’apprête à revivre ? Je m’attend au pire.
    Pitié, prenez exemple sur Alpine, qui a sublimé l’A110 en s’inspirant judicieusement de son aïeule ! La Delta ne méritait pas ce qui lui est arrivé.

    1. « Oh punaise, Lancia, la marque sportive italienne massacrée par les ricains, s’apprête à revivre ? Je m’attend au pire. »
      Ah Fiat c’était américain? C’est nouveau ça.

      1. @zafira500
        Je crois qu’il voulait dire que du temps de FCA/Marchionne, c’était les marques américaines qui étaient privilégiées (plus rentables et plus internationales pour Jeep).
        De plus, Achille Talon fait sûrement référence au rebadgeage des Chrysler en Lancia.
        D’une certaine façon, à l’époque de FCA, c’était la partie américaine qui était prédominante.

        1. Je l’avais compris, mais la tournure de sa phrase laisse à penser que FCA était américains et non italo-américain.
          Sinon, pour ma part, la descente aux enfers de Lancia a commencé bien avant les « erreurs » de Marchionne.

      2. Oh, il fait allusion de la greffe maladroite qui n’a pas pris du Voyager et de la Chrysler 300 en Thema.

  2. Le problème de Lancia depuis les années 80 a toujours été le même : une finition en deçà du prix, un design baroque et souvent dans le mauvais sens du terme, en résumé des produits qui n’ont pas pris.
    C’est bien beau de vouloir faire du premium mais encore faut-il en assurer au minimum les bases, c’est à dire la qualité de construction.
    Les premières Delta, glorifiées ici et là, étaient de piètre fabrication, à peine mieux que les Ritmo, c’est dire. En face il y a eu la Golf 2, terreur de tout le segment en terme de fabrication.
    Si l’avenir de Lancia c’est de suivre DS pourquoi pas, mais les marques vont se cannibaliser sur leurs marchés d’exportation.
    Le seul intérêt c’est que grâce aux plateformes modulables électriques, ça va être beaucoup plus rentable de lancer des petits séries.

    1. @Panama
      Justement, les Lancia étaient plutôt bien finie – même si en deçà des standards allemands – et bien équipée – la Thesis avait par exemple des équipements que n’avaient pas encore les BAM. En revanche, je suis d’accord avec le style baroque de la marque, mais il fallait bien se distinguer par rapport à la concurrence (sans compter qu’elles n’étaient pas forcément moches ces Lancia).

      1. Je rejoins Zafira : le problème de Lancia était ailleurs : similairement à Rover la marque était en near premium chic : le cul entre 2 chaises mais à prix acceptable.
        Le problème est que l’acheteur premium veut l’ensemble des prestations premium et pas un intérieur joli mais pas trop bien fini /solide.

        Le style Lybra ou Kappa était amusant mais il fallait trouver l’acheteur prêt à faire l’achat neuf à prix normal et pas celui qui flaire la bonne occasion.

        Puis comme Austin/Rover, Fiat/ Lancia souffrait de ce lien : une Lybra Tempra après une Delta qui déjà avait finalisé sa révolution (et pas évolution) Fiat, ça a condamné la marque.

        Alors Lancia arrivera t’il aussi au bon moment ? L’époque est au style ampoulé et aux couleurs full Black line ou camouflage vert/gris jusque sur des BMW série 7 (combien de série 3 ou 5 sortent encore en couleurs normales et pas en full black ou gris genre nardo pack M ?) .
        Mazda peine avec ses lignes assez épurées et lisses à faire plus que de la beauté d’estime… qui écarte l’achat. Lancia ferait mieux sur base de…. Citroën? O Tempra (sic) O mores pour Lancia dans ce cas ?

    1. Oui, cette grosse mascarade qui a transformé une 300 C en Thema il y a 10 ans.
      Ça doit être des collectors maintenant, vu qu’ils n’ont pas dû en vendre des masses.

      1. … Et le Lancia Voyager… J’en ai vu un, une fois, un peu le même effet qu’une éclipse solaire totale. 😉

  3. Perso, j’aimais bien la dernière Delta, elle attire toujours mon regard quand j’en croise une, j’avais hésité à l’époque mais j’ai finalement pris sa cousine.
    Concernant l’article, la future Ypsilon ne défiera pas l’Audi A1 vu que cette dernière va disparaître avec la génération actuelle, ça été annoncé par la marque.
    Idem pour la Delta, la mention « voire une Giulietta » est inutile, le patron d’Alfa a annoncé qu’il n’y en aurait pas (lu en début de semaine), que le Tonale est là pour le segment compacte et qu’une nouvelle Giulietta n’est pas compatible avec le souhait de la marque de faire des modèles « universels » pour tous les marchés.
    Concernant Lancia, curieux de voir ce qu’ils vont sortir comme nouveau design pour la relancer

    1. « Perso, j’aimais bien la dernière Delta, elle attire toujours mon regard quand j’en croise une »
      J’ai un ami qui en a acheté une. C’est vrai qu’elle a de la gueule, mais ce n’est plus du tout l' »esprit Delta ».

      1. Oui et non, Lancia ne se résume pas à la Delta 1 et la Stratos, et en dehors de celles là a souvent été plus bourgeoise que sport. Par contre une amie vient d’en prendre une de 2009 et 220000km et c’est bien simple, je n’ai jamais vu une voiture de grande série qui ait aussi bien vieilli. C’est vrai qu’elle dormait au garage, la peinture est quasi neuve, mais je me dis que comme souvent, entre le ressenti de finition qu’on a ou celui des journalistes et la réalité de la tenue dans le temps, il y a des abîmes. L’intérieur est quasiment neuf, pas de plastiques usés dont le pelliculage se barre (qui peut en dire autant, même dans les premium sur les modèles des années 2000?…), pas de sièges avachis, pas le moindre rossignol, pas un bruit de charnière en ouvrant ou fermant une porte, qui sonnent bien « lourd » encore comme le neuf en concession. On sent que le travail sur les joints aussi a été bien au delà de ce qui s’est fait dans la catégorie chez la plupart des autres.
        Bref, je pourrais en faire des tonnes, mais comme souvent entre les réputations et la réalité on a des surprises…..

        1. exact, Lancia c’est du bourgeois, élégant et sportif.
          DS et Lancia vont vraiment se marcher sur les pieds question marché visé, sauf si DS abandonne totalement toute velléité sportive (à part la 1ere DS3, pas beaucoup de sport d’ailleurs).

          ha un petit coupé Fulvia, je signe tout de suite (avec autre chose qu’un puretech 130 cv quand même)

        2. « Oui et non, Lancia ne se résume pas à la Delta 1 et la Stratos, et en dehors de celles là a souvent été plus bourgeoise que sport. »
          Je suis d’accord avec toi, Lancia est avant tout une marque bourgeoise. Mais dit à une personne lambda « Lancia » et la première chose auquel elle va penser c’est ‘Delta HF Integrale ». C’est comme ça, on n’y peut rien.

      2. Oui, c’est clair, c’était un design plus chic inauguré sur la Thésis (que j’aimais bien aussi…).
        Je n’ai finalement pas pris la Delta car trop longue.
        J’ai préféré la Bravo sport Mjt 165 en rouge maranello (coup de cœur immense à sa sortie et encore aujourd’hui), je l’ai depuis 11 ans, un regal…

  4. Continuer sur l’Ypsilon, pas sûr que ce soit bon pour une image « premium »
    La 500 et ses dérivés a bouffé Lancia dans l’esprit « urban chic » et c’est encore plus vrai avec la 500e.
    Un programme WRC dans les proportions de la Delta d’origine, c’est à dire d’une citadine polyvalente d’aujourd’hui, impacterait d’avantage le grand public.
    Juste à piocher chez DS, avec un DS3 Crossback abaissé.

  5. Beaucoup de bullshit marketing pour nous annoncer un énième déclinaison de citadine Ypsilon sur base de CMP dépassée en électrique en plus des berlines Corsa / 208 / C3 ou des SUV urbains DS3 / Mokka / 500x / baby Jeep / baby Alfa… et une Delta me too des DS4 / 308 / Astra / C4. Les marketeux vont s’aracher les cheveux pour positionner cette cour des miracles. N’en jetez plus la coupe est pleine. Stellantis veut etre partout et finira … nulle part. Quoi que Lancia vend plus avec une antiquité aux MILF italiennes que DS avec 3 modèles dans toute l’Europe…

    1. Les marketeux de VAG ne semblent pas « s’arracher les cheveux pour positionner » leur « cour des miracles »: « berlines » Fabia / 208 / Ibiza « ou des SUV urbains » Q2 / Kamiq / T-Roc / Arona… « et une » A3 « me too » des Leon / Golf / Octavia / Slavia. « N’en jetez plus la coupe est pleine ».
      Un problème avec les réalités du marché automobile moderne peut-être…?

      1. Ils ont appris de leur erreur : A1 pas remplacé, Q2 pas emplacé au moment même ou Carlos décline du premium à toutes les sauces sur sa CMP vieillissante. A ma connaissance VAG ne propose que 3 déclinaisons sur les citadines Polo / Fabia / Ibiza, et 4 compactes Scala / Golf / Leon / A3. Et c’est déjàtrop quand on voit le semi echec de Scala. Mais Stellantis va plus loin avec 5 offres en compactes 308 / Astra / C4 / DS4 / Delta ou 4 sur les citadines 208 / Corsa / C3 / Ypsilon et va jusqu’à l’overdose sur le sacro saint SUV urbain avec pas moins de 9 voitures en 2023/2024 : C3 Aircross / 500X / Crossland / Mokka / 2008 / DS3 Crossback / Renegade / Baby Jeep dans les tuyaux / Brennero. Du grand n’importe quoi selon moi.

  6. Lancia est devenue une marque sportive dans les années 60 avec la Fulvia.
    Rachetée par Fiat, la marque à fait feu de tout bois avec la Stratos en rallye, la Beta Montecarlo en gr. 5, la 037 en gr. B, les LC1 et LC2 en gr. C, puis toute la série des Delta, de la S4 à la HF integrale evo 2. Sans oublier l’improbable Thema 8.32 à V8 Ferrari.

    Jusqu’à dans les années 90, Lancia était synonyme de compétition et de victoires en rallye. Surtout la seule marque transalpine à remporter des championnats du monde, pendant que Ferrari végète en F1 (avant l’ère Todt-Brawn-Schumacher).
    Puis la marque a commencé son déclin, alors qu’au même moment, on voit arriver des Honda Civic et Intégra Type R, mais surtout une marque inconnue, Subaru.

  7. Quel beau salauds..ils on enterr? Chrysler(sous la marque Lancia) et Dodge et maintenant,le triomphalisme.Decidemant,les latins et le management,ça fait deux

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