L’héritier
Grâce aux liens entre Haas et Ferrari, Mick Schumacher, membre de la Ferrari Driver Academy, est donc propulsé en Formule 1. Il fera ses débuts 30 ans après ceux de son père, à Spa, en 1991. Mick Schumacher devra affronter une forte pression médiatique, c’est logique, et c’est déjà le cas. Il commence sa carrière en Karting en empruntant le nom de sa mère, afin de réduire son exposition, puis assume son patronyme en 2015 quand il commence sa progression en monoplace. Après de bons résultats en F4 (vice-champion Allemagne et Italie en 2016), il passe en F3 au sein de la puissante structure Prema Powerteam, très liée à Ferrari. La saison 2017 est décevante mais il corrige le tir en 2018, remportant le titre face à Dan Ticktum grâce à une superbe fin de saison et une bonne régularité, ce qui semble être sa marque de fabrique.
En 2019, il passe en F2 et réalise une saison très terne, achevée seulement à la 12e place. Alors que certains observateurs doutent de la suite de son ascension, la saison 2020 change du tout au tout. Après un début de saison moyen, il réalise un très bon weekend à Spa puis gagne à Monza, tout un symbole, prenant au passage la tête du championnat. Une autre victoire en Russie conforte son leadership. Le fils de Michael aurait dû faire ses débuts officiels aux essais libres du grand prix de l’Eifel à bord d’une Alfa Romeo, mais la météo l’en empêche.
Se faire un prénom
Comme l’a récemment dit David Coulthard, « Mick n’est pas là pour remplacer qui que soit » et « il fera sa propre carrière ». Mick ne devrait être jugé qu’à l’aune de ses propres résultats, mais il sera difficile d’empêcher des comparaisons avec le père, quand bien même il est illusoire de vouloir comparer des époques si différentes. L’ombre de son père planera évidemment, d’autant que chronologiquement, son arrivée en F1 succède de « peu » à la fin de carrière du paternel : 9 ans. A contrario, d’autres fils de légendes, sont arrivés bien longtemps après la carrière de leur paternel, parfois avec une « hype » médiatique moins forte : Damon Hill débute en 1992 par la toute petite porte, après un parcours très besogneux en F3000, dans la crépusculaire Brabham, 16 ans après la mort tragique de Graham. Nico Rosberg entame sa carrière en 2006 chez Williams, 20 ans après le retrait de Keke, auréolé du titre de GP2 mais sans que le nom Rosberg ne résonne aussi fort que les autres.
On peut comparer l’engouement médiatique de Mick à celui de Jacques Villeneuve, qui débute en 1996, 14 ans après l’accident tragique de Gilles Villeneuve à Zolder. Son père n’a jamais été champion mais jouissait d’une popularité et d’une aura assez semblables à celles de Senna, sublimées par un pilotage intrépide mais aussi une fin tragique. Le canadien arrivait néanmoins déjà auréolé d’une belle carrière américaine (champion CART et vainqueur de l’Indy 500) et débutait qui plus est au sein d’un top team, comme un potentiel vainqueur de grand prix d’emblée.
Dans le cas de Mick, le délai est plus proche. Michael Schumacher est encore très présent dans les mémoires, à la fois par son parcours exceptionnel et, bien évidemment, l’émotion suscitée par son accident de ski et le mystère entourant sa convalescence. Contrairement à Alfa Romeo, où il aurait pu bénéficier de l’appui d’un mentor d’expérience en la personne de Kimi Raikkonen, Mick Schumacher va faire équipe chez Haas avec un autre débutant, Nikita Mazepin, au pédigrée moins solide que l’allemand. Sa tache première sera donc de s’affirmer comme le leader de l’équipe et ensuite de pouvoir guider la structure américaine, qui traverse des temps difficiles. On ne pourra pas lui demander de miracles, mais sa première saison s’apparentera d’emblée à un sérieux test pour la suite de son parcours, avec en viseur, in fine, une place chez Ferrari. Pour Haas aussi, la publicité est bonne à prendre, alors que Mazepin amène de l’argent grâce à son milliardaire de père.
« C’est un rêve qui se réalise, se réjouit Mazepin. Je mesure vraiment la confiance placée en moi par Gene Haas, Günther Steiner et toute l’équipe. Ils donnent une opportunité à un jeune pilote et je les remercie pour ça. J’ai hâte de débuter notre relation, en piste comme en dehors, et de continuer à démontrer mes capacités après une solide saison en F2. L’équipe attendra de moi un retour d’information afin d’affiner son package pour 2021. J’en prendrai la responsabilité et je suis impatient de commencer. »
Actuellement 6e de la F2 avec deux succès, le russe peut faire valoir un titre de vice-champion GP3 en 2018 et une 3e place au championnat asiatique de F3 l’hiver dernier. Toutefois, comme Stroll à ses débuts ou Latifi cette année, Nikita devra se défaire de son image de pilote payant sponsorisé par son milliardaire de père.
Image : F2
Après Monsieur Frère avec Ralph, voilà Monsieur Fils… Va t il reussir l’exploit que son père avait réalisé lors de sa 1ere pige chez Jordan à l’époque ?
Je dirais non 🙂
Mick a montré un certain talent, mais il le reconnait lui-même, c’est un besogneux. Il a besoin de travailler pour comprendre sa voiture et la mettre à sa main.
Il lui a souvent fallu une demi saison pour s’adapter là où d’autres montraient de bonnes aptitudes d’entrée de jeu.
Reste qu’il a montré une bonne maturité et qu’en gros, Ferrari attend de lui qu’il explose Mazepin chez Haas l’an prochain et en 2022 pour envisager de le faire venir en rouge pour 2023.
S’il fait mieux, la question pourrait se poser pour 2022…
Pour étayer le propos.
F3 en 2017 : 30 courses avec Prema. Meilleur résultat, 3e (unique podium) – pas de pole, pas de meilleur tour en course, 12e au final.
F3 en 2018 : il est champion, toujours avec Prema. Mais, il faut attendre la mi-saison pour le voir enchainer les victoires. Avant, c’est 2 podiums. Après c’est 8 victoires, trois 2des places et une 3e.
Il passe en F2, toujours avec Prema. 2019 : 12e. 1 victoire, aucun podium.
Il redouble cette année avec Prema en F2. 2 victoires, deux 2des places, six 3es places. Là encore, le déclic se passe à mi-saison. Désormais il est en tête et semble faire moins d’erreurs qu’Ilott qui peut encore lui piquer le titre.
C’est pas un Leclerc (champion dès sa première année de GP3, puis de Formule 2), ni un Russell (idem, champion dès sa première année en GP3 puis en Formule 2). Mais, il pourrait très bien faire une belle carrière en F1 s’il est bien entouré et épaulé.
Quant à son cousin David (fils de Ralf), il est en F3 sans réellement briller. La probabilité de voir les deux cousins en F1 comme on a vu leurs pères est mince, très mince.