Raymond Lévy naît à Paris le 28 juin 1927. Malgré la seconde guerre mondiale, il réussit à poursuivre ses études et sort major de Polytechnique en 1948 (promotion 1946). L’Ecole des Mines et le MIT (Massachusetts Institute of Technology) seront ses écoles d’application.
La première partie de carrière de Raymond Lévy se passe dans le charbon puis le pétrole. ERAP, Elf Aquitaine, son ascension semble bloquée. Il bascule alors vers la sidérurgie avec la présidence d’Usinor. Il se heurte frontalement au « plus jeune Premier Ministre », Laurent Fabius. Cela lui vaudra de se faire débarquer un an plus tard, malgré le redressement de l’entreprise.
Ironiquement, ce n’est pas le Premier Ministre qui lui annonce son éviction, mais un certain Louis Schweitzer, alors Directeur de Cabinet de Matignon. Il rebondit en prenant la présidence de Cockerill-Sambre, sidérurgiste belge. C’est alors que le destin, et l’assassinat tragique de Georges Besse par les terroristes d’Action Directe, vont le propulser à la tête de la RNUR (Régie nationale des usines Renault), alias la Régie Renault.
La mort de Georges Besse le propulse patron de Renault
On est fin 1986, et avec la cohabitation Mitterrand-Chirac viennent les premières privatisations. Lévy sera chargé de préparer la RNUR à devenir une société privée. Georges Besse a commencé le travail de redressement d’une Régie Nationale qui cumule les pertes. Malheureusement, il faut tailler sévère pour que Renault ne disparaisse pas. AMC (American Motors Corporation) est vendue à Chrysler. C’est la fin de l’aventure de Renault aux USA. Avec le recul, cela peut paraître une mauvaise décision. Mais, il y avait urgence à redresser la barre durablement.
A son arrivée, Raymond Lévy trouve une Régie endormie. Les voitures ne sont plus ce qu’elles étaient et la qualité est mauvaise. Il va même se plaindre des pannes mensuelles de sa Renault R25 de fonction devant la presse. Il n’hésitera pas à retarder des lancements importants, jugeant que les voitures (R19, Clio, Safrane, etc.) sont en-dessous de ce qu’elles devraient être. Il réussit l’augmentation de capital, il taille dans les effectifs – un comble pour une régie nationale de virer 1/3 des salariés ! – et les nouveautés trouvent leur public.
Résultat, Renault renoue avec les bénéfices en 1989, un peu plus de 2 ans après son arrivée. C’est le bon moment pour changer le statut de la Régie qui devient une société anonyme à capitaux d’État. Les marchés s’internationalisent et Lévy veut relancer la croissance de Renault. Il se fait chiper Skoda par Piëch et VAG. Ce sera Dacia plus tard qui prendra le rôle de « low cost » qu’il envisageait déjà. C’est aussi le début du rapprochement (houleux) avec Volvo, et le désengagement progressif de l’Etat français. Mais, cette privatisation, Raymond Lévy ne la fera pas.
La relance, puis l’obligation de passer la main
En effet, en juin 1992, il a officiellement 65 ans. Ainsi, il est frappé par la limite d’âge et doit abandonner le train Renault remis sur de bons rails. Et c’est là que l’ironie du sort revient dans la carrière de cet homme. Il adoube, sans sourciller, celui qui lui avait signifié des années plus tôt son renvoi d’Usinor, Louis Schweitzer. C’est ce dernier qui achèvera la privatisation (et terminera l’aventure Volvo) avant de passer la main à un autre Polytechnicien, Carlos Ghosn (*). A noter que la Renault Twingo sera la dernière voiture lancée sous l’ère Lévy (même si elle est présentée à l’automne 1992).
Raymond Lévy de son côté est « embauché » pour son expérience et ses compétences dans les sujets difficiles. D’abord au CDR (Consortium de Réalisation) – la structure chargée de gérer les suites de la « faillite » du Crédit Lyonnais – puis chez Lagardère. Ce sera son dernier combat, et il le perdra. En effet, il n’arrive pas à convaincre Arnaud de se mettre en retrait et voit le groupe « péricliter ». En 2009, à 82 ans, il passe définitivement la main et se retire de tout engagement.
5 années cruciales pour le Renault actuel
Sans doute moins connu que Carlos Ghosn ou Louis Schweitzer, patrons plus récents de Renault, Raymond Lévy est un acteur majeur de l’histoire du constructeur. Poussé là par la disparition brutale de Georges Besse, il a su relever un défi de taille et laisser un constructeur redevenu international sous son impulsion.
(*) Outre Raymond Lévy (promo 1946), Georges Besse (promo 1948), et Carlos Ghosn (promo 1974) sont passés par Polytechnique avant de devenir PDG de Renault. Patrick Pélata, ancien DG délégué de Renault est lui aussi Polytechnicien (promo 1974).
Illustration : Renault
Un personnage marquant de l’histoire de Renault.
Sa carrière est parsemée de succès et d’échecs retentissants… bref bilan mitigé, mais un grand Monsieur quoi qu’il en soit !
Un grand patron qui a su redresser Renault tant au niveau de la qualité ( voir la R 19) que des finances. AMC à l’époque était en perdition, et si l’on peut remettre en question la décision de vendre à Chrysler ( pas en grande forme non plus, la suite l’a prouvé), il y avait urgence à ne pas engloutir l’argent du contribuable dans des aventures hasardeuses ( à l’époque ).
une bonne histoire de réseaux et de pantouflage comme on sait si bien les faires en france.
France avec une majuscule et les faire sans « s » ! A part ça bon pantouflage sur les réseaux avec un peu plus de respect svp..
D’autant plus faux que Raymond Lévy n’a « pantouflé » que lors que l’état n’a plus voulu de lui, après une carrière à faire le boulot pour l’état et à remonter des boîtes en capilotade…