Safety-car pour le début de course
Nous ne reprendrons pas par le menu tous les épisodes de cette course débutée sous les trombes d’eau lors de la libération du chapelet de voitures, par un Brad Pitt stoïque et souriant sous l’averse, entouré du Président de l’ACO et Todt de la FIA. Très rapidement des tendances se dessinaient. Pour la gagne, Audi n’apparaisait vraiment pas dans le jeu, alors que Porsche entendait marquer son territoire, et que Toyota entendait bien ne rien lâcher.
En LMP2, les châssis ORECA damaient le pion aux Ligier qui rendaient même la main face aux Gibson. On voyait poindre les contours de la lutte finale entre le G-Drive Racing et Signatech-Alpine. En GTE Pro, le retour en fanfare de Ford ébranlait Ferrari opposant cependant une sérieuse résistance, tout comme les Porsche en GTE Am.
Une fois ce décor général bien installé, il fallait observer avec minutie les évolutions des classements au fur et à mesure des ravitaillements pour comprendre la stratégie mise en œuvre et, éventuellement les contre-mesures déclenchées, pour mieux contrer un adversaire trop menaçant. Cette course aura été aura été d’un bout à l’autre palpitante et à tous les étages l’indécision a régné en maitresse absolue.
Suspense pour la victoire dans toutes les catégories
Pour la victoire, il aura fallu attendre et encore attendre comme si les dés ne se décidaient pas à rouler du côté de Porsche ou de Toyota. Audi était écarté du tapis vert du casino à cause d’ennuis multiples obligeant les N° 7 et N° 8 à fréquenter le stand plus que de raison (turbo, électricité…).
Pendant des heures les changements de leader se sont succédés ( plus de 30 fois durant la course) et nous avons observé les parfois trois voitures de tête se tenant dans un mouchoir de poche – moins de 3 secondes! Porsche avait laissé des plumes très tôt avec des problèmes de surchauffe moteur sur la N°1, laissant sa sœur guerroyer contre les deux Toyota N°5 et N°6.
Prise en tenaille entre les deux nipponnes ambitieuses et désireuses de pouvoir revendiquer « ma TS050 est fantastique », la Porsche comptait sur ses ressources avérées l’an dernier pour repousser les assauts incessants menés par des triplettes de pilotes hyper motivées et efficaces. (Davidson-Buemi-Nakajima sur la N°5 et Sarrazin- Conway-Kobayashi sur la N°6).
Toyota n’abattait pas tous ses atouts d’un coup et appliquait en tout point un plan mainte fois expliqué par Pascal Vasselon, le directeur technique. Avec tous les paramètres techniques sous contrôle, il suffisait (pourrait-on dire) que les pilotes ne se fassent pas piéger par le trafic. Kobayashi exécuta bien une amorce de figure libre, sans gravité, puisque la voiture n’était déjà plus dans le même tour que les deux combattants de première ligne.
A ce propos, si nous avons bien suivi les divers épisodes d’une passe d’armes assez homérique, nous pouvons écrire que chez Toyota, on ravitaillait tous les 14 tours alors que chez Porsche il fallait s’arrêter au bout de 13 tours. Toyota une fois la piste asséchée samedi soir opta systématiquement pour des triples relais avec les pneumatiques, alors que Porsche l’ayant fait durant un bon moment, s’en tint à deux relais en milieu de matinée dimanche. Cette information était de nature à faire dire dans le clan japonais que chez Porsche « ils n’étaient pas aussi bien que cela ».
Si l’on se penche également sur l’évolution des classements en catégorie LMP2 on constate que trois concurrents ont rapidement émergé du lot: Thiriet by TDS, Signatech Alpine et G Drive. La N° 46 de Thiriet étant sortie de la piste, les deux autres ont poursuivi une explication sans merci. Toute la science de la course et l’immense expérience de Philippe Sinault a prévalu pour contrôler la situation. Opération délicate en raison de la perte de l’autre Alpine échappant au contrôle de Nelson Panciatici, suite à problème mécanique restant à expliquer et nécessitant pourtant un arrêt supplémentaire pour de vérification sécuritaire sur la N°36.
Dans le stand de la Morgan N° 84 on n’avait pas attendu pour se congratuler. Frédéric Sausset sortait de son ultime relais sous les embrassades et même avec une larme au coin de l’œil pour Christophe Tinseau le coéquipier, l’ami, le coach. Tous les deux laissaient le soin à Bouvet de boucler la dernière heure de ce défi technologique et humain exceptionnel.
Lors de cette même dernière heure de course interminable à cause de la fatigue mais aussi de l’enjeu énorme d’une victoire au Mans. Toni Vilander devait regretter sa petite incartade dans les graviers avec la Ferrari N°82 de Risi Competizione, qui avait permis à la Ford n°68 de reprendre la tête après plus de 19 heures de rivalité intense. C’était sans compter sur la farouche détermination de Fisichella à ne pas accepter cette fatalité ce qui donnait lieu à des prises de risques importantes tant de Muller ( Ford N° 68) que l’ex-pilote de F1.
A une demi-heure de la fin de course, alors qu’un très nombreux public était revenu se masser dans les tribunes face aux stands, une sorte de tension extrême habitait tout autant la salle de presse que les stands des potentiels vainqueurs que le sortilège du Mans pourrait encore priver des lauriers autant désirés.
Devoir surveiller simultanément quatre classements n’est pas chose courante. Laissons au lecteur le soin de décrypter le tableau de classement mais ceux qui n’ont pas suivi cette fin de course en direct auront du mal à se rendre compte ce que peut représenter un tel suspense où dans les quatre catégories le couronnement tient à une poignée de secondes.
Un renversement de situation incroyable
A dix minutes de la fin la Porsche N° 2 tuait un peu le final d’une dramaturgie bien montée en s’arrêtant pour un ultime pit-stop plus diplomatique que nécessaire, et semblait donner ainsi un tout petit plus d’air à la Toyota N° 5, qui n’en demandait pas tant. Un geste élégant de la part de l’équipe allemande pour permettre au vainqueur de profiter de son arrivée.
Alors que l’on allait aborder le dernier tour de course, comme dans tous ces grands moments que nous procurent les 24 heures les écrans de télévision nous dévoilaient les visages des responsables japonais et du staff esquissant un sourire. Puis, subitement, alors que tout le monde guettait les voitures de tête, la Toyota no5 se mettait à ralentir. On pensait un moment qu’il s’agissait d’une façon de se caler sur la pendule. Mais il était trop tôt, et les visages se tendaient dans le stand Toyota, alors que les yeux s’écarquillaient dans ceux du stand Porsche. Et l’impensable se produisait. Lors du passage sous la pendule, à l’entame du dernier tour, la Toyota de tête venait mourir sur la piste en face de la grande tribune et la voix désespérée de Kazuki Nakajima retentissait dans la radio : « No power ! ». Les restes de sourire dans l’équipe japonaise tournaient à l’expression d’horreur puis aux larmes, alors qu’explosait la joie et les embrassades à l’intérieur du stand Porsche. Dumas-Jani-Lieb venaient de gagner cette 84ème édition, et la légende du Mans venait d’écrire une nouvelle page de son incroyable saga. La Toyota no5 agonisante repartait pour un tour au ralenti, sur un filet d’électricité, trop long pour lui permettre d’être classée et cela permettait à la voiture soeur, la no6, de prendre la seconde place du podium et à l’Audi no8 de continuer in extremis la tradition des voitures d’Ingolstadt sur le podium du Mans.
Alpine réussit en LMP2 une très belle performance, qui pourra accompagner lancement de la nouvelle voiture de route. Les Bleus remportent la catégorie LMP2 de belle manière, au terme d’une bataille âpre dans une catégorie où les prétendants à la victoire furent nombreux. Ils devancent l’Oreca-Nissan G-Drive numéro 26 et la BR01-Nissan du SMP Racing numéro 37.
Ford n’a pas eu la vie facile face à la Ferrari Risi Competizione qui a défendu avec panache les couleurs de Maranello après que les deux voitures officielles AF Corse aient abandonné, mais Bourdais et ses coéquipiers Hand et Muller sur leur N° 68 raflent la mise pour un retour d’anthologie en GT. La numéro 68 devance la Ferrari 82 et la Ford GT soeur numéro 69. Ford et Ferrari sont décidément indissociables au Mans. Mission accomplie pour Ford, malgré la polémique sur la balance de performance qui a fait rage pendant la semaine.
Ferrari peut se consoler avec un doublé en GTE Am avec les N°62 et 83. La concurrence a fait un peu illusion mais la dernière partie de course a montré la main mise des 458 Italia sur la catégorie.
En guise de conclusion nous reprendrons ce propos de Pascal Vasselon « on ne peut pas décider de gagner Le Mans » et adresserons un immense coup de chapeau à toute son équipe, décidément maudite dans la Sarthe.
Crédit photographique: Gilles Vitry
Pos | N° | State | Cat | Team | Car | T | Laps | Gap | Best lap |
1 | 2 | Run | P1 | Porsche Team | Porsche 919 Hybrid | M | 384 | 3:21.756 | |
2 | 6 | Run | P1 | Toyota Gazoo Racing | Toyota TS050 – Hybrid | M | 381 | 3 Laps | 3:21.445 |
3 | 8 | Run | P1 | Audi Sport Team Joest | Audi R18 | M | 372 | 12 Laps | 3:22.206 |
4 | 7 | Run | P1 | Audi Sport Team Joest | Audi R18 | M | 367 | 17 Laps | 3:23.043 |
5 | 36 | Run | P2 | Signatech Alpine | Alpine A460 – Nissan | D | 357 | 27 Laps | 3:37.195 |
6 | 26 | Run | P2 | G-Drive Racing | Oreca 05 – Nissan | D | 357 | 2:40.640 | 3:36.558 |
7 | 37 | Run | P2 | SMP Racing | BR01 – Nissan | D | 353 | 31 Laps | 3:40.065 |
8 | 42 | Run | P2 | Strakka Racing | Gibson 015S – Nissan | D | 351 | 33 Laps | 3:38.795 |
9 | 33 | Run | P2 | EURASIA MOTORSPORT | Oreca 05 – Nissan | D | 348 | 36 Laps | 3:38.605 |
10 | 41 | Run | P2 | Greaves Motorsport | LIGIER JS P2 – Nissan | D | 348 | 52.618 | 3:41.806 |
11 | 27 | Run | P2 | SMP Racing | BR01 – Nissan | D | 347 | 37 Laps | 3:39.445 |
12 | 23 | Run | P2 | Panis Barthez Competition | LIGIER JS P2 – Nissan | M | 347 | 1:50.325 | 3:39.629 |
13 | 1 | Run | P1 | Porsche Team | Porsche 919 Hybrid | M | 346 | 38 Laps | 3:21.816 |
14 | 49 | Run | P2 | MICHAEL SHANK RACING | LIGIER JS P2 – HONDA | D | 345 | 39 Laps | 3:37.339 |
15 | 43 | Run | P2 | RGR Sport by Morand | LIGIER JS P2 – Nissan | D | 344 | 40 Laps | 3:38.734 |
16 | 30 | Run | P2 | Extreme Speed Motorsports | LIGIER JS P2 – Nissan | D | 341 | 43 Laps | 3:42.146 |
17 | 25 | Run | P2 | Algarve Pro Racing | LIGIER JS P2 – Nissan | D | 341 | 01/09/17 | 3:40.450 |
18 | 68 | Run | Pro | FORD CHIP GANASSI TEAM USA | Ford GT | M | 340 | 44 Laps | 3:51.840 |
19 | 82 | Run | Pro | RISI COMPETIZIONE | Ferrari 488 GTE | M | 340 | 1:00.200 | 3:52.269 |
20 | 69 | Run | Pro | FORD CHIP GANASSI TEAM USA | Ford GT | M | 340 | 1:24.794 | 3:51.514 |
21 | 66 | Run | Pro | Ford Chip Ganassi Team UK | Ford GT | M | 339 | 45 Laps | 3:51.582 |
22 | 40 | Run | P2 | Krohn Racing | LIGIER JS P2 – Nissan | M | 338 | 46 Laps | 3:39.988 |
23 | 95 | Run | Pro | Aston Martin Racing | Aston Martin VANTAGE | D | 338 | 1:43.107 | 3:53.293 |
24 | 97 | Run | Pro | Aston Martin Racing | Aston Martin VANTAGE | D | 337 | 47 Laps | 3:53.809 |
25 | 63 | Run | Pro | Corvette Racing – GM | Chevrolet Corvette C7.R | M | 336 | 48 Laps | 3:53.398 |
26 | 62 | Run | Am | Scuderia Corsa | Ferrari 458 Italia | M | 331 | 53 Laps | 3:56.671 |
27 | 83 | Run | Am | AF Corse | Ferrari F458 Italia | M | 331 | 2:54.897 | 3:56.639 |
28 | 88 | Run | Am | Abu Dhabi-Proton Racing | Porsche 911 RSR | M | 330 | 54 Laps | 3:57.989 |
29 | 12 | Run | P1 | Rebellion Racing | Rebellion R-One – AER | D | 330 | 27.381 | 3:26.838 |
30 | 61 | Run | Am | Clearwater Racing | Ferrari 458 Italia | M | 329 | 55 Laps | 3:57.339 |
31 | 77 | Run | Pro | Dempsey – Proton Racing | Porsche 911 RSR (2016) | M | 329 | 1:01.994 | 3:54.377 |
32 | 22 | Run | P2 | SO24 ! BY LOMBARD RACING | LIGIER JS P2 – Judd | D | 328 | 56 Laps | 3:43.769 |
33 | 86 | Run | Am | Gulf Racing | Porsche 911 RSR | M | 328 | 2:06.472 | 3:58.004 |
34 | 48 | Run | P2 | Murphy Prototypes | Oreca 03R – Nissan | D | 323 | 61 Laps | 3:41.582 |
35 | 60 | Run | Am | Formula Racing | Ferrari 458 Italia | M | 319 | 65 Laps | 3:57.218 |
36 | 99 | Run | Am | Aston Martin Racing | Aston Martin V8 Vantage | D | 318 | 66 Laps | 3:58.503 |
37 | 50 | Run | Am | Larbre Competition | Chevrolet Corvette C7-Z06 | M | 316 | 68 Laps | 3:57.739 |
38 | 84 | Run | CDNT | SRT41 By OAK Racing | Morgan LMP2 – NISSAN | M | 315 | 69 Laps | 3:46.131 |
39 | 57 | Run | Am | Team AAI | Chevrolet Corvette C7-Z06 | M | 306 | 78 Laps | 3:57.939 |
40 | 67 | Run | Pro | Ford Chip Ganassi Team UK | Ford GT | M | 306 | 2:48.753 | 3:52.453 |
41 | 78 | Run | Am | KCMG | Porsche 911 RSR | M | 300 | 84 Laps | 3:58.417 |
42 | 31 | Run | P2 | Extreme Speed Motorsports | LIGIER JS P2 – Nissan | D | 297 | 87 Laps | 3:39.156 |
43 | 34 | Run | P2 | RACE PERFORMANCE | Oreca 03R – Judd | D | 297 | 14.774 | 3:43.647 |
44 | 55 | Run | Am | AF Corse | Ferrari 458 Italia | M | 289 | 95 Laps | 3:56.634 |
45 | 5 | Run | P1 | Toyota Gazoo Racing | Toyota TS050 – Hybrid | M | 384 | 0.000 | 3:22.495 |
46 | 28 | Run | P2 | Pegasus Racing | Morgan – Nissan | M | 292 | 92 Laps | 3:41.670 |
47 | 98 | Run | Am | Aston Martin Racing | Aston Martin V8 Vantage | D | 281 | 103 Laps | 3:57.718 |
48 | 38 | Pit | P2 | G-Drive Racing | Gibson Gibson 015S – Nissan | D | 222 | 162 Laps | 3:40.274 |
49 | 13 | Run | P1 | Rebellion Racing | Rebellion R-One – AER | D | 200 | 184 Laps | 3:26.957 |
50 | 44 | Ret | P2 | Manor | Oreca 05 – Nissan | D | 283 | 101 Laps | 3:36.259 |
51 | 46 | Ret | P2 | Thiriet By Tds Racing | Oreca 05 – Nissan | D | 241 | 143 Laps | 3:37.957 |
52 | 35 | Ret | P2 | Baxi DC Racing Alpine | Alpine A460 – Nissan | D | 234 | 150 Laps | 3:37.444 |
53 | 64 | Ret | Pro | Corvette Racing – GM | Chevrolet Corvette C7.R | M | 219 | 165 Laps | 3:54.359 |
54 | 4 | Ret | P1 | Bykolles Racing Team | CLM P1/01 – AER | D | 206 | 178 Laps | 3:36.288 |
55 | 51 | Ret | Pro | AF Corse | Ferrari 488 GTE | M | 179 | 205 Laps | 3:52.541 |
56 | 71 | Ret | Pro | AF Corse | Ferrari 488 GTE | M | 143 | 241 Laps | 3:53.434 |
57 | 92 | Ret | Pro | Porsche Motorsport | Porsche 911 RSR (2016) | M | 140 | 244 Laps | 3:53.500 |
58 | 91 | Ret | Pro | Porsche Motorsport | Porsche 911 RSR (2016) | M | 135 | 249 Laps | 3:53.754 |
59 | 47 | Ret | P2 | KCMG | Oreca 05 – Nissan | D | 116 | 268 Laps | 3:39.650 |
60 | 89 | Ret | Am | Proton Competition | Porsche 911 RSR | M | 50 | 334 Laps | 4:01.419 |