24 Heures du Mans 2016 : Toyota domine et Porsche gagne !

Safety-car pour le début de course

Nous ne reprendrons pas par le menu tous les épisodes de cette course débutée sous les trombes d’eau lors de la libération du chapelet de voitures, par un Brad Pitt stoïque et souriant sous l’averse, entouré du Président de l’ACO et Todt de la FIA. Très rapidement des tendances se dessinaient. Pour la gagne, Audi n’apparaisait vraiment pas dans le jeu, alors que Porsche entendait marquer son territoire, et que Toyota entendait bien ne rien lâcher.

En LMP2, les châssis ORECA damaient le pion aux Ligier qui rendaient même la main face aux Gibson. On voyait poindre les contours de la lutte finale entre le G-Drive Racing et Signatech-Alpine. En GTE Pro, le retour en fanfare de Ford ébranlait Ferrari opposant cependant une sérieuse résistance, tout comme les Porsche en GTE Am.

Une fois ce décor général bien installé, il fallait observer avec minutie les évolutions des classements au fur et à mesure des ravitaillements pour comprendre la stratégie mise en œuvre et, éventuellement les contre-mesures déclenchées, pour mieux contrer un adversaire trop menaçant. Cette course aura été aura été d’un bout à l’autre palpitante et à tous les étages l’indécision a régné en maitresse absolue.

Suspense pour la victoire dans toutes les catégories

Pour la victoire, il aura fallu attendre et encore attendre comme si les dés ne se décidaient pas à rouler du côté de Porsche ou de Toyota. Audi était écarté du tapis vert du casino à cause d’ennuis multiples obligeant les N° 7 et N° 8 à fréquenter le stand plus que de raison (turbo, électricité…).

Pendant des heures les changements de leader se sont succédés ( plus de 30 fois durant la course) et nous avons observé les parfois trois voitures de tête se tenant dans un mouchoir de poche – moins de 3 secondes! Porsche avait laissé des plumes très tôt avec des problèmes de surchauffe moteur sur la N°1, laissant sa sœur guerroyer contre les deux Toyota N°5 et N°6.

Prise en tenaille entre les deux nipponnes ambitieuses et désireuses de pouvoir revendiquer « ma TS050 est fantastique », la Porsche comptait sur ses ressources avérées l’an dernier pour repousser les assauts incessants menés par des triplettes de pilotes hyper motivées et efficaces. (Davidson-Buemi-Nakajima sur la N°5 et Sarrazin- Conway-Kobayashi sur la N°6).

Toyota n’abattait pas tous ses atouts d’un coup et appliquait en tout point un plan mainte fois expliqué par Pascal Vasselon, le directeur technique. Avec tous les paramètres techniques sous contrôle, il suffisait (pourrait-on dire) que les pilotes ne se fassent pas piéger par le trafic. Kobayashi exécuta bien une amorce de figure libre, sans gravité, puisque la voiture n’était déjà plus dans le même tour que les deux combattants de première ligne.

A ce propos, si nous avons bien suivi les divers épisodes d’une passe d’armes assez homérique, nous pouvons écrire que chez Toyota, on ravitaillait tous les 14 tours alors que chez Porsche il fallait s’arrêter au bout de 13 tours. Toyota une fois la piste asséchée samedi soir opta systématiquement pour des triples relais avec les pneumatiques, alors que Porsche l’ayant fait durant un bon moment, s’en tint à deux relais en milieu de matinée dimanche. Cette information était de nature à faire dire dans le clan japonais que chez Porsche « ils n’étaient pas aussi bien que cela ».

Si l’on se penche également sur l’évolution des classements en catégorie LMP2 on constate que trois concurrents ont rapidement émergé du lot: Thiriet by TDS, Signatech Alpine et G Drive. La N° 46 de Thiriet étant sortie de la piste, les deux autres ont poursuivi une explication sans merci. Toute la science de la course et l’immense expérience de Philippe Sinault a prévalu pour contrôler la situation. Opération délicate en raison de la perte de l’autre Alpine échappant au contrôle de Nelson Panciatici, suite à problème mécanique restant à expliquer et nécessitant pourtant un arrêt supplémentaire pour de vérification sécuritaire sur la N°36.

Dans le stand de la Morgan N° 84 on n’avait pas attendu pour se congratuler. Frédéric Sausset sortait de son ultime relais sous les embrassades et même avec une larme au coin de l’œil pour Christophe Tinseau le coéquipier, l’ami, le coach. Tous les deux laissaient le soin à Bouvet de boucler la dernière heure de ce défi technologique et humain exceptionnel.

Lors de cette même dernière heure de course interminable à cause de la fatigue mais aussi de l’enjeu énorme d’une victoire au Mans. Toni Vilander devait regretter sa petite incartade dans les graviers avec la Ferrari N°82 de Risi Competizione, qui avait permis à la Ford n°68 de reprendre la tête après plus de 19 heures de rivalité intense. C’était sans compter sur la farouche détermination de Fisichella à ne pas accepter cette fatalité ce qui donnait lieu à des prises de risques importantes tant de Muller ( Ford N° 68) que l’ex-pilote de F1.

A une demi-heure de la fin de course, alors qu’un très nombreux public était revenu se masser dans les tribunes face aux stands, une sorte de tension extrême habitait tout autant la salle de presse que les stands des potentiels vainqueurs que le sortilège du Mans pourrait encore priver des lauriers autant désirés.

Devoir surveiller simultanément quatre classements n’est pas chose courante. Laissons au lecteur le soin de décrypter le tableau de classement mais ceux qui n’ont pas suivi cette fin de course en direct auront du mal à se rendre compte ce que peut représenter un tel suspense où dans les quatre catégories le couronnement tient à une poignée de secondes.

Un renversement de situation incroyable

A dix minutes de la fin la Porsche N° 2 tuait un peu le final d’une dramaturgie bien montée en s’arrêtant pour un ultime pit-stop plus diplomatique que nécessaire, et semblait donner ainsi un tout petit plus d’air à la Toyota N° 5, qui n’en demandait pas tant. Un geste élégant de la part de l’équipe allemande pour permettre au vainqueur de profiter de son arrivée.

Alors que l’on allait aborder le dernier tour de course, comme dans tous ces grands moments que nous procurent les 24 heures les écrans de télévision nous dévoilaient les visages des responsables japonais et du staff esquissant un sourire. Puis, subitement, alors que tout le monde guettait les voitures de tête, la Toyota no5 se mettait à ralentir. On pensait un moment qu’il s’agissait d’une façon de se caler sur la pendule. Mais il était trop tôt, et les visages se tendaient dans le stand Toyota, alors que les yeux s’écarquillaient dans ceux du stand Porsche. Et l’impensable se produisait. Lors du passage sous la pendule, à l’entame du dernier tour, la Toyota de tête venait mourir sur la piste en face de la grande tribune et la voix désespérée de Kazuki Nakajima retentissait dans la radio : « No power ! ». Les restes de sourire dans l’équipe japonaise tournaient à l’expression d’horreur puis aux larmes, alors qu’explosait la joie et les embrassades à l’intérieur du stand Porsche. Dumas-Jani-Lieb venaient de gagner cette 84ème édition, et la légende du Mans venait d’écrire une nouvelle page de son incroyable saga. La Toyota no5 agonisante repartait pour un tour au ralenti, sur un filet d’électricité, trop long pour lui permettre d’être classée et cela permettait à la voiture soeur, la no6, de prendre la seconde place du podium et à l’Audi no8 de continuer in extremis la tradition des voitures d’Ingolstadt sur le podium du Mans.

Alpine réussit en LMP2 une très belle performance, qui pourra accompagner lancement de la nouvelle voiture de route. Les Bleus remportent la catégorie LMP2 de belle manière, au terme d’une bataille âpre dans une catégorie où les prétendants à la victoire furent nombreux. Ils devancent l’Oreca-Nissan G-Drive numéro 26 et la BR01-Nissan du SMP Racing numéro 37.

Ford n’a pas eu la vie facile face à la Ferrari Risi Competizione qui a défendu avec panache les couleurs de Maranello après que les deux voitures officielles AF Corse aient abandonné, mais Bourdais et ses coéquipiers Hand et Muller sur leur N° 68 raflent la mise pour un retour d’anthologie en GT. La numéro 68 devance la Ferrari 82 et la Ford GT soeur numéro 69. Ford et Ferrari sont décidément indissociables au Mans. Mission accomplie pour Ford, malgré la polémique sur la balance de performance qui a fait rage pendant la semaine.

Ferrari peut se consoler avec un doublé en GTE Am avec les N°62 et 83. La concurrence a fait un peu illusion mais la dernière partie de course a montré la main mise des 458 Italia sur la catégorie.

En guise de conclusion nous reprendrons ce propos de Pascal Vasselon « on ne peut pas décider de gagner Le Mans » et adresserons un immense coup de chapeau à toute son équipe, décidément maudite dans la Sarthe.

Crédit photographique: Gilles Vitry

Pos State Cat Team Car T Laps Gap Best lap
1 2 Run P1 Porsche Team Porsche 919 Hybrid M 384 3:21.756
2 6 Run P1 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050 – Hybrid M 381 3 Laps 3:21.445
3 8 Run P1 Audi Sport Team Joest Audi R18 M 372 12 Laps 3:22.206
4 7 Run P1 Audi Sport Team Joest Audi R18 M 367 17 Laps 3:23.043
5 36 Run P2 Signatech Alpine Alpine A460 – Nissan D 357 27 Laps 3:37.195
6 26 Run P2 G-Drive Racing Oreca 05 – Nissan D 357 2:40.640 3:36.558
7 37 Run P2 SMP Racing BR01 – Nissan D 353 31 Laps 3:40.065
8 42 Run P2 Strakka Racing Gibson 015S – Nissan D 351 33 Laps 3:38.795
9 33 Run P2 EURASIA MOTORSPORT Oreca 05 – Nissan D 348 36 Laps 3:38.605
10 41 Run P2 Greaves Motorsport LIGIER JS P2 – Nissan D 348 52.618 3:41.806
11 27 Run P2 SMP Racing BR01 – Nissan D 347 37 Laps 3:39.445
12 23 Run P2 Panis Barthez Competition LIGIER JS P2 – Nissan M 347 1:50.325 3:39.629
13 1 Run P1 Porsche Team Porsche 919 Hybrid M 346 38 Laps 3:21.816
14 49 Run P2 MICHAEL SHANK RACING LIGIER JS P2 – HONDA D 345 39 Laps 3:37.339
15 43 Run P2 RGR Sport by Morand LIGIER JS P2 – Nissan D 344 40 Laps 3:38.734
16 30 Run P2 Extreme Speed Motorsports LIGIER JS P2 – Nissan D 341 43 Laps 3:42.146
17 25 Run P2 Algarve Pro Racing LIGIER JS P2 – Nissan D 341 01/09/17 3:40.450
18 68 Run Pro FORD CHIP GANASSI TEAM USA Ford GT M 340 44 Laps 3:51.840
19 82 Run Pro RISI COMPETIZIONE Ferrari 488 GTE M 340 1:00.200 3:52.269
20 69 Run Pro FORD CHIP GANASSI TEAM USA Ford GT M 340 1:24.794 3:51.514
21 66 Run Pro Ford Chip Ganassi Team UK Ford GT M 339 45 Laps 3:51.582
22 40 Run P2 Krohn Racing LIGIER JS P2 – Nissan M 338 46 Laps 3:39.988
23 95 Run Pro Aston Martin Racing Aston Martin VANTAGE D 338 1:43.107 3:53.293
24 97 Run Pro Aston Martin Racing Aston Martin VANTAGE D 337 47 Laps 3:53.809
25 63 Run Pro Corvette Racing – GM Chevrolet Corvette C7.R M 336 48 Laps 3:53.398
26 62 Run Am Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia M 331 53 Laps 3:56.671
27 83 Run Am AF Corse Ferrari F458 Italia M 331 2:54.897 3:56.639
28 88 Run Am Abu Dhabi-Proton Racing Porsche 911 RSR M 330 54 Laps 3:57.989
29 12 Run P1 Rebellion Racing Rebellion R-One – AER D 330 27.381 3:26.838
30 61 Run Am Clearwater Racing Ferrari 458 Italia M 329 55 Laps 3:57.339
31 77 Run Pro Dempsey – Proton Racing Porsche 911 RSR (2016) M 329 1:01.994 3:54.377
32 22 Run P2 SO24 ! BY LOMBARD RACING LIGIER JS P2 – Judd D 328 56 Laps 3:43.769
33 86 Run Am Gulf Racing Porsche 911 RSR M 328 2:06.472 3:58.004
34 48 Run P2 Murphy Prototypes Oreca 03R – Nissan D 323 61 Laps 3:41.582
35 60 Run Am Formula Racing Ferrari 458 Italia M 319 65 Laps 3:57.218
36 99 Run Am Aston Martin Racing Aston Martin V8 Vantage D 318 66 Laps 3:58.503
37 50 Run Am Larbre Competition Chevrolet Corvette C7-Z06 M 316 68 Laps 3:57.739
38 84 Run CDNT SRT41 By OAK Racing Morgan LMP2 – NISSAN M 315 69 Laps 3:46.131
39 57 Run Am Team AAI Chevrolet Corvette C7-Z06 M 306 78 Laps 3:57.939
40 67 Run Pro Ford Chip Ganassi Team UK Ford GT M 306 2:48.753 3:52.453
41 78 Run Am KCMG Porsche 911 RSR M 300 84 Laps 3:58.417
42 31 Run P2 Extreme Speed Motorsports LIGIER JS P2 – Nissan D 297 87 Laps 3:39.156
43 34 Run P2 RACE PERFORMANCE Oreca 03R – Judd D 297 14.774 3:43.647
44 55 Run Am AF Corse Ferrari 458 Italia M 289 95 Laps 3:56.634
45 5 Run P1 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050 – Hybrid M 384 0.000 3:22.495
46 28 Run P2 Pegasus Racing Morgan – Nissan M 292 92 Laps 3:41.670
47 98 Run Am Aston Martin Racing Aston Martin V8 Vantage D 281 103 Laps 3:57.718
48 38 Pit P2 G-Drive Racing Gibson Gibson 015S – Nissan D 222 162 Laps 3:40.274
49 13 Run P1 Rebellion Racing Rebellion R-One – AER D 200 184 Laps 3:26.957
50 44 Ret P2 Manor Oreca 05 – Nissan D 283 101 Laps 3:36.259
51 46 Ret P2 Thiriet By Tds Racing Oreca 05 – Nissan D 241 143 Laps 3:37.957
52 35 Ret P2 Baxi DC Racing Alpine Alpine A460 – Nissan D 234 150 Laps 3:37.444
53 64 Ret Pro Corvette Racing – GM Chevrolet Corvette C7.R M 219 165 Laps 3:54.359
54 4 Ret P1 Bykolles Racing Team CLM P1/01 – AER D 206 178 Laps 3:36.288
55 51 Ret Pro AF Corse Ferrari 488 GTE M 179 205 Laps 3:52.541
56 71 Ret Pro AF Corse Ferrari 488 GTE M 143 241 Laps 3:53.434
57 92 Ret Pro Porsche Motorsport Porsche 911 RSR (2016) M 140 244 Laps 3:53.500
58 91 Ret Pro Porsche Motorsport Porsche 911 RSR (2016) M 135 249 Laps 3:53.754
59 47 Ret P2 KCMG Oreca 05 – Nissan D 116 268 Laps 3:39.650
60 89 Ret Am Proton Competition Porsche 911 RSR M 50 334 Laps 4:01.419

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *