La France va devenir le premier pays européen à se doter d’une classification des médicaments en fonction de leur possibilité d’altérer l’aptitude à la conduite. Les boîtes de quelque 2 500 produits porteront bientôt un triangle jaune appelant l’automobiliste à la prudence, un triangle orange pour une prudence redoublée et un avis médical ou un triangle rouge exigeant de ne pas conduire.
Ces pictogrammes dont lidée revient au Pr Maurice Cara, de lacadémie de médecine seront représentés comme suit :
Le triangle sur fond jaune est associé à la formule « Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice ». Trente pour cent des antalgiques, 80 % des sirops antitoux et des remèdes contre le rhume, 100 % des antihistaminiques de deuxième génération, certains anti-inflammatoires, des antalgiques, des antigrippaux et quelques antinauséeux sont visés. Le jaune exprime, en somme, une mise en garde modérée, les produits « pouvant avoir des effets mineurs sur la conduite », dit au « Quotidien » le Dr Charles Guyon-Mercier, directeur du Centre d’études et de recherches en médecine du trafic, l’un des seize experts qui ont travaillé depuis 2003 pour l’Afssaps sur le texte de l’arrêté du 2 août 2005.
Le triangle sur fond orange, ou « niveau 2 », signifie « Soyez prudent. Ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé ». Sont visés les antihistaminiques de première génération, 60-70 % des anxiolytiques, 100 % des antidépresseurs, 90-95 % des anti-épileptiques, 100 % des antiparkinsoniens et 95 % des antidiabétiques (insulines et sulfamides). « En fait, le niveau 2 regroupe le gros bataillon des médicaments à problèmes », commente le Dr Mercier-Guyon. Les niveaux 1 et 2 représentent chacun 42-43 % des médicaments susceptibles d’altérer l’aptitude à la conduite.
Restent 15 % environ, qui seront marqués du triangle rouge, « niveau 3 », accompagné du libellé « Attention, danger : ne pas conduire. Pour la reprise de la conduite, demandez l’avis d’un médecin ». Il intéresse surtout « des produits ayant un effet très marqué pendant plusieurs heures ». Neuf hypnotiques sur dix sont de « niveau 3 ». Sont également concernés une poignée d’antalgiques, ainsi que des anxiolytiques sous forme injectable ou fortement dosés.
Ce nouveau procédé didentification devrait permettre aux médecins de renseigner leurs patients sur le risque de conduire sous leffet des médicaments.