Dénouement inattendu du conflit opposant Uber et Waymo dans une affaire de vol de secrets technologiques liés aux véhicules autonomes. Au cinquième jour du procès les renvoyant dos à dos devant le tribunal de San Francisco, les deux parties ont trouvé un accord financier pour mettre fin à leur conflit.
Le 23 février 2017, Waymo (nouveau nom du Google self driving project) avait porté plainte contre Uber pour « vol de secrets industriels et violation de brevets ». Alors que Anthony Levandowski avait quitté Google pour fonder la start-up Otto (rachetée par la suite par Uber), Waymo accusait son ancien salarié d’avoir emporté avec lui des secrets sur le développement des véhicules autonomes. Le suspectant en tout premier lieu d’avoir téléchargé 14 000 dossiers depuis ses bureaux, dont des données très sensibles liées à la technologie Lidar.
Un dossier non bétonné
Si de nombreux observateurs s’attendaient à voir Uber en grande difficulté durant ce procès, il est apparu lors des quatre premiers jours d’audience que Waymo était loin d’avoir bétonné son dossier. Fragilisant ainsi sa position et diminuant ses chances d’obtenir gain de cause, faute de preuves suffisantes.
En vue de sortir la tête haute de cette affaire, les avocats de Waymo auront donc choisi au final d’assurer les arrières de leur client. Au cinquième jour du procès, le juge Alsup a annoncé d’emblée que les deux parties avaient trouvé un accord et qu’elles cessaient dès à présent leurs hostilités devant la justice.
Entre temps le juge avait fait remarquer aux avocats de Waymo que d’une part il n ‘était n’est pas l’inventeur du LIDAR, et que d’autre part les secrets qu’il accusait Uber de lui avoir volé n’y étaient pas directement liés.
Les débats se sont focalisés sur la personnalité et les agissements d’Anthony Levandowski. Selon les documents mis en avant lors du procès, tant Google que Uber étaient loin d’avoir pleinement confiance en l’ingénieur. Si Waymo a tenté de mettre l’accent sur le fait que Levandowski ait pu transmettre des secrets à Uber, ce dernier n’a pas cessé de minimiser l’impact qu’auraient eu de tels faits.
Règlement en actions Uber
Ironie du sort ou solution bien ficelée par avocats et financiers d’Uber … les revenus de Waymo seront désormais quelque peu dépendants de la bonne situation financière d’Uber … puisque l’accord financier prévoit un règlement en actions.
En vertu du deal, Uber va concéder à Waymo une somme de 244,8 millions de dollars, correspondant à 0,34% de la valeur d’Uber, fixée à 72 milliards de dollars. Au final, le montant représente environ 25 % de ce que le plaignant souhaitait obtenir.
« Nous nous engageons à travailler avec Uber pour que chaque entreprise développe sa propre technologie », a par ailleurs indiqué Waymo dans un communiqué.
« Ceci inclut une entente pour s’assurer que toute information confidentielle de Waymo n’est pas incorporée dans le matériel et les logiciels du groupe « Advanced Technologies » au sein d’Uber est-il également précisé.
Côté Uber, on espère que la page pourra être rapidement tournée, histoire notamment de ne pas entacher l’image de marque de l’entreprise et pouvoir ré-attaquer de pied ferme. Son PDG, Dara Khosrowshahi, s’est adressé à ses employés en s’excusant pour ce procès qui les a détournés de leur mission.
« Même si nous pensons qu’aucun secret industriel n’a été dérobé par Uber à Waymo », « nous prenons des mesures pour garantir à Waymo que notre technologie Lidar n’est que le reflet de notre travail », a tenu à préciser Dara Khosrowshahi dans un communiqué.