Gênes : nouveau pont inauguré 2 ans après l’effondrement

Inauguration du nouveau pont de Gênes lundi

« Demain, je serai à Gênes pour l’inauguration du nouveau pont : d’une blessure qui cicatrisera difficilement au symbole d’une nouvelle Italie qui se redresse. Une journée importante qui raconte le présent et le futur d’un pays qui change », a écrit dimanche le chef du gouvernement Giuseppe Conte sur son compte Facebook.

Les familles des victimes ont refusé de participer à cet événement et se retrouveront dix jours plus tard pour marquer le deuxième anniversaire de la tragédie.

Effondrement meurtrier le 14 août 2018

Le 14 août 2018, sous une pluie battante, le pont autoroutier Morandi, du nom de l’ingénieur qui l’avait conçu, s’était effondré et avait entraîné dans sa chute des dizaines de véhicules, sur la route des vacances ou du travail.

L’Italie met les bouchées doubles

Depuis, l’Italie réputée championne de la lenteur dans l’exécution des travaux publics, a mis les bouchées doubles pour construire le nouveau viaduc de 1.067 mètres de long, dessiné par l’architecte originaire de Gênes Renzo Piano.

Le dernier tronçon, long d’environ 1 km, a été posé fin avril et depuis les travaux de finition et les tests de sécurité se sont succédé.

Outre M. Conte et Renzo Piano, le président de la République Sergio Mattarella sera présent à l’inauguration qui est cependant menacée par une alerte météo, de fortes pluies étant attendues dans la journée de lundi sur la Ligurie, la région de Gênes.

Apre bataille judiciaire

L’écroulement du pont Morandi, situé sur le trajet de l’autoroute reliant l’Italie et la France, a donné lieu à une âpre bataille judiciaire, toujours en cours.

Au banc des accusés de nombreuses personnes et sociétés, mais le doigt est pointé surtout vers la société Autostrade per l’Italia (Aspi), gestionnaire de ce viaduc routier et dont le principal actionnaire est la famille Benetton à travers Atlantia.

A l’issue d’un bras de fer avec le gouvernement entamé au lendemain de la chute du pont et avec une enquête encore en cours mais ayant mis en évidence de graves manquements concernant l’entretien du pont, la famille Benetton a finalement accepté il y a deux semaines de sortir des autoroutes italiennes.

Notre avis, par leblogauto.com

Au delà de la problématique de l’entretien du pont, c’est le concept même des ponts construits par l’architecte Morandi qui pourrait être remis en cause. La marque de fabrique de cette figure de l’ingénierie s’articule autour de deux bases  essentielles : une structure en béton, peu de câbles pour équilibrer la route où passent les véhicules. Le tout conçu pour supporter un trafic d’une ampleur observée dans les années 70 … D’une longueur de 1.182 mètres, le viaduc avait été construit en quatre ans et inauguré en 1967.

Or, de l’avis même des spécialistes, ce type de pont est doté d’une architecture très spécifique. Sa structure se rapproche du pont à haubans, une variété de pont suspendu où le tablier – la structure sur laquelle roulent les voitures – est soutenu de manière équilibrée par des câbles fixés au sommet ou le long de pylônes.

Le pont de Gênes était lui constitué de deux tirants en béton et non pas d’une série de câbles en acier. L’ensemble ne comprenant qu’une suspente, en cas de défaillance de cette dernière, l’édifice ne peut tenir. Cette technique n’est plus utilisée aujourd’hui.

Ce mécanisme sophistiqué nécessite qu’il n’y ait pas trop de variations de poids. C’est un équilibre très délicat, calculé pour un poids précis, certes avec des marges de sécurité. Grâce à un appui en forme de « V » qui porte l’ouvrage, « la portée » – la distance de pont entre deux appuis – est ainsi réduite, donnant certes « une très grande qualité harmonieuse à ces ouvrages ». L’esthétique aura-t-elle eu raison de la sécurité ?

D’autres experts affirment que des défaillances au niveau de la maintenance seraient à l’origine du drame. Ils estiment en effet que ces ouvrages ont besoin d’être entretenus et suivis car le béton est réputé pour fissurer.

D’autres ouvrages similaires existent dans le monde: le pont de Maracaibo au Venezuela, ouvert en 1962, ou celui de Wadi al-Kouf en Libye, achevé neuf ans plus tard. Le premier s’était effondré en 1964 lorsqu’un pétrolier avait percuté ses piles après une panne. Le deuxième a été temporairement fermé en octobre dernier après une polémique sur son état.

Elisabeth Studer avec AFP

(24 commentaires)

  1. 2 ans seulement ? Le mélange de béton et de patafix doit à peine être sec.
    Comment ont ils pu réaliser les études géologiques, concevoir et réaliser un aussi énorme pont en aussi peu de temps ?

    1. Pourquoi donc
      C’est si peu pour toi?
      Pourtant, on a terminé le pont de Millau en 3 ans, et qui est bien plus haut, plus complexe à construire, sur un endroit où il n’y avait rien d’existant

      L’étude géologique, c’est déjà fait, ou partiellement fait, avec le pont précédent.
      Pour le pont, ils n’ont pas fait une oeuvre d’architecte, majestueux, grandiose, mégalomane. Leur pont est ce qu’il y a de plus basique. Même les gamins en primaire dessinent des ponts plus complexes….
      https://www.lemoniteur.fr/mediatheque/4/3/3/002052334_620x393_c.jpg

      Ce n’est pas très haut. On voit les 8 niveaux de béton du pilier
      Ils construisent tous les piliers en même temps. Il n’est pas nécessaire d’étaler sur 8 ans pour faire sécher ce petit pilier
      En parallèle, une autre équipe construit le tablier, en acier. Léger donc. Et comme ce n’est pas très haut, alors des « simples » grues suffisent pour poser les tronçons du tablier sur les piliers.
      Etc…

      Le pont de Millau en comparaison
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/j3vvt9uaQF2zJJWF-ByjN7xGQwU/600×400/regions/2020/06/08/5edea6e8519ac_000_par2004052702282.jpg

    2. Avant de terminer un pont, il fait le concevoir. Avant de le concevoir, il fait faire les études géologiques et topologiques pour savoir sur quoi ce pont va reposer.
      Le pont s’est effondré il y a moins de 2 ans. Il y a moins de 2 ans, les études n’avaient même pas commencé.
      Je veux bien que des études géologiques aient été faites en 67, mais il va déjà falloir retrouver le dossier papier qui datait de 50 ans.
      Peut être que c’est effectivement la construction qui a été très rapide.

      1. D’après les ingénieurs en structures que je connais une étude de sol se fait facilement dans un mois.
        Il doit être utile de réactualiser ces études, car Gênes est entre 2 failles sismiques, grosso-modo entre Nice et Milan.
        https://img.lemde.fr/2012/05/21/45/160/642/498/688/0/60/0/ill_1704914_5ba0_plan-2112-seisme_coul.jpg
        IL est peut-être possible que la nature des sols bouge un peu ?
        Qui plus est, les techniques d’aujourd’hui ont dû faire des sacrés progrès dans la précision par rapport à ce qui se faisait il y a plus 50 ans !?

        1. Et oui un vrai problème de plaques !! Si le nouveau tombe on évitera un troisième, on fera tranchée et remblais avec des capteurs solaires et en plus végétalisés. Et un grand devoir de mémoire pour les victimes !!

    3. Peut-être que les études étaient déjà en partie faites: Après tout, il était connu des exploitants que ce pont n’était pas vraiment en bon état…

      Certes, quand on voit que chez nous réaménager un carrefour prends de 6 mois à 2 ans selon son importance, l’Italie a été vite surtout qu’il y avait quelques km3 de gravats à évacuer avant d’attaquer la construction, entre le pont et les habitations en bas.

      Mais allez en Chine, pour rire: Le temps qu’on fasse un gros rond-point intile de plus, ils font le n-ième périphérique d’une petite cité de province de 5 ou 10M d’habitants!

    4. beniot 9888 Si tu n’est pas ingé en ouvrage d’art , tu devrais t’abstenir de commentaires , les piliers n’ont pas bouger , seul le tablier était défectueux , à cause de ….??? je n’ais pas les résultat de l’enquête . tes blablas sur la topologie , géologie , et autres sont valables pour de NOUVEAUX ouvrages d’art. 2 ans pour la pose de tablier est dans la norme.

      1. Robert, si tu n’as aucune réponse à apporter, tu pouvais également t’abstenir, en fait.
        Je m’interroge et je pose une question.
        Et je t’en pose une aussi, d’ailleurs : « 2 ans pour la pose de tablier est dans la norme », j’espère que tu es ingé en ouvrage d’art, pour pouvoir l’affirmer ?

        1. En fait, les équipes ouvriers ont travaillé bien plus « resserré » que sur un ouvrage traditionnel. Cela a permis de contenir les délais.

          Mais il y a aussi la technique du pont en lui-même qui a aidé à limiter le temps de construction. En gros ils ont fait du basique pour un viaduc moderne.

          1. oui
            c’est surtout que le choix technique a été sur la simplicité, juste fonctionnel et suffisant. Pas besoin de laisser son « empreinte d’architecte »

            https://www.lemoniteur.fr/mediatheque/4/3/3/002052334_620x393_c.jpg
            on peut voir des portions de tablier posé sur 2 piliers….
            …..et ça ressemble à un simple exercice flexion (ici, pour illustrer et facile à comprendre, une flexion 3 points)
            https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRIIqdgXQy8a2TbAcBCpFXcKtoIOaB7iGl9iKukIHncBln9_qY&s
            Et puis toute la masse du tablier et véhicules se reposent sur les piliers. Encore un « simple » exo de RDM, compression…

            Ce nouveau pont de Gênes, c’est « quasiment » un cours scolaire premier niveau
            https://btp-cours.com/lecon-11-ponts-prefabriques-ppt/

            .
            .
            D’autres architectes auraient orienté le projet vers le mégalo, comme un pont suspendu passant de part en part sans piliers intermédiaire, passant au-dessus des immeubles, donnant ce genre d’effet
            https://2img.net/h/upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/44/PontTancarville1.jpg/800px-PontTancarville1.jpg
            (ps: ici, c’est juste un effet de perspective)
            Ce sera plus beau, grandiose, mais plus long à étudier, plus long à construire, plus de contraintes (le vent par exemple)….et plus cher

            J’aime bien ce nouveau pont de Gêne, pour le principe choisi

          2. En fait il y a 17 piliers et 19 « plateformes ». Chaque partie du tablier repose sur 2 piliers, contrairement à la version Morandi qui avait 7 piliers « dentelle » et 4 travées à haubans.
            Ici, c’est basique. On répond par la forme aux rafales de vent les plus fortes enregistrées, les piliers prennent en compte les données sismiques, et chaque portion de tablier est conçu pour supporter X camions…
            Mais faire travailler plus de 1000 ouvriers 24/7 aide aussi à tenir les cadences.

            Chose « intéressante », comme il est très simple et sans hauban, le pont se voit beaucoup moins que l’ancien viaduc.

          3. Oui Thibault ce pont est béni car son concepteur est celui de la cathédrale d’Evry sous le pontificat d’Emmanuel Vals.

        2. beniot 9888 réponse à quoi ? c toi qui affirme , moi j’écris que deux ans pour la pose d’un tablier , est dans la norme. Moi je suis technicien en métrologie ( regarde dans le dico) et des ingés me consulte dans mon domaine . Point final pour moi , t trop lourd.

          1. Excuse moi d’avoir posé une question, je n’aurais pas dû.

    5. Pourquoi ce dénigrement systématique des technologies européennes et des capacités de l’Italie à réaliser des constructions autoroutières ?
      Il suffit d’y circuler et de voir les tunnels et autres constructions qui permettent de traverser le pays malgré sa géographie compliquée.
      Avant d’en parler, mieux vaut s’y rendre sur place !…

        1. Il ne faut pas exagérer @AXSPORT.
          Moi très chauvin, je me suis exclamé en « découvrant » cette performance !
          Peut-être trop discrètement… ?
          Alors disons le haut et fort : Bravo les Italiens !
          J’espère que les Chinois n’ont rien à voir dans cet exploit !? 😉

        2. L’arrogance n’est pas française, mais humaine. Il suffit de voir tout les mauvais choix qui sont fait par les gouvernants avec le covid

    1. Très bonne réactivité de l’Italie bien au contraire !
      Capable de réaliser ce que l’on trouve formidable par les Asiatiques.
      Nos technologies européennes n’ont rien à leur envier.
      Il faut arrêter de faire du dénigrement systématique.
      La reconstruction italienne est un exemple qui devrait aussi nous motiver !
      Mais c’est vrai que chez nos voisins, le patriotisme est plus fort que chez nous.

  2. https://www.lemoniteur.fr/article/genes-a-de-nouveau-son-pont.2087701
    Il a été rendu possible par l’adoption d’une loi spéciale réduisant au minimum les procédures administratives de travaux conduits 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 par les équipes du consortium PerGenova réunissant Fincantieri et Salini-Impregilo, les deux géants italiens des secteurs de la construction navale et des infrastructures.

    ça bosse non stop déjà pour aller vite
    choix technique du pont simple et facile
    des intervenants spécialistes
    pour Fincantieri, construction navale, ce fut fastoche

    un tronçon de navire
    http://www.chantier-naval-vandenbossche.com/wp-content/uploads/2015/05/jumboisation-e1430820095493.jpg

    un tronçon du tablier
    https://www.lemoniteur.fr/mediatheque/4/3/3/002052334_620x393_c.jpg

  3. Il est aussi moche que celui d’avant. Ne faites pas confiance au dessin en dessous c’est une partie très moche de Gênes.
    De toute façon toute cette partie de l’Italie est une purge à prendre : il n’ y a que des ponts et des tunnels sans discontinuer sur seulement 2 voies.

  4. Le saviez-vous ? Renzo Piano, l’architecte de ce nouveau pont, est aussi l’architecte ayant dessiné le Centre Pompidou à Paris.

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