Pour rappel, le 16 mars dernier, Michelin avait annoncé l'arrêt de l'essentiel de sa production en France en raison de la propagation de la pandémie de Covid-19, à l'exception de ses sites de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) et Bourges, lesquels produisent pour l'armée.
La reprise d'activité "graduelle" et dans un premier temps "très limitée" concerne l'usine de Troyes (pneus pour véhicules agricoles), celle du Puy-en-Velay (pneus pour les engins de génie civil) et un atelier qui fabrique des moules de cuisson de pneumatiques à Clermont-Ferrand, a expliqué un porte-parole à l'AFP.
Une reprise avec moins de 10 % des effectifs
Cette reprise concerne "moins de 10% des effectifs" de ces usines, soit au maximum une cinquantaine de personnes par site et au total quelque 200 salariés en production sur environ 9.000 en France, a-t-il indiqué. "On ouvre a minima, mais aussi dans la perspective d'ouvrir plus si les conditions sont réunies."
Un protocole sanitaire mis en place
Le protocole sanitaire prévoit notamment la prise de température à l'entrée des usines, la désinfection des machines avant chaque prise de poste, une distanciation de deux mètres entre les salariés ou bien le port du masque quand cette distance n'est pas garantie.
Réticence des syndicats Michelin
"Nous avons eu la garantie que les salariés qui ne souhaiteraient pas reprendre pourraient rester en activité partielle sans subir de pression. Mais nous sommes contre cette reprise car le protocole ne garantit pas le risque zéro. L'activité de Michelin n'est pas d'utilité publique", a réagi Jérôme Lorton, délégué central SUD.
"L'Etat impose le confinement pour ne pas aller voir la famille. On n'a pas le droit de rester plus d'une heure en dehors de chez soi dans un parc mais par contre on a le droit d'être à l'usine pendant 8 heures pour fabriquer des pneus. C'est incohérent", a estimé Jean-Paul Cognet, délégué CGT.
Pas de relance pour le secteur automobile
La production de pneumatiques pour l'automobile, le gros de l'activité de Michelin, n'a toutefois pas redémarré, les constructeurs étant encore à l'arrêt, même si la filière songe aussi à relancer la production.
"Il est urgent de préparer les conditions de reprise de l'activité dès que cela sera possible. Et, à cette fin, (...) mutualiser nos moyens pour assurer un haut niveau de protection sanitaire de nos salariés", a déclaré Luc Chatel, Président de la Plateforme automobile (PFA), en publiant jeudi un code de bonnes pratiques pour les entreprises du secteur.
Notre avis, par le blogauto.com
Un redémarrage envisagé chez PSA (Peugeot, Citroën) a également suscité l'hostilité des organisations syndicales. Vendredi dernier, le constructeur a déclaré être en mesure de faire repartir progressivement ses usines européennes. Lesquelles ont été mises à l’arrêt suite à la pandémie du coronavirus qui bouleverse la planète. Une déclaration qui intervenait le jour même ou le Premier Ministre français annonce la prolongation du confinement d’au moins quinze jours. Pour tenter de rassurer ses employés, le constructeur ajoutait toutefois qu'une série de mesures sanitaires avaient été prises.
« En pleine pandémie, demander à des centaines de salariés de mettre fin à leur confinement est irresponsable et criminel », dénonce pour sa part la CGT PSA. Le syndicat demandant en conséquence à la direction de « revenir sur sa décision ».
S’exprimant dans le cadre d’un communiqué, le syndicat CGT de l’usine de Douvrin avait estimé quant à lui que « la production de moteurs ou de boîte de vitesses n’avait rien d’essentiel pour combattre le coronavirus ».
Elisabeth Studer avec AFP