Partout en France, les salariés du groupe de pneumatiques clermontois étaient appelés à des débrayages, notamment pour signer la pétition lancée par l'intersyndicale CFE-CGC, CFDT, FO et Sud.
Dans cette pétition, les quatre organisations demandent à Michelin de "ne plus fermer aucune usine" et de "cesser les délocalisations" pendant toute la durée du mandat de son président Florent Menegaux, qui s'achève en mai 2023.
"Nous avons dépassé jeudi les 2.000 signatures en moins de 24 heures, ce qui est très encourageant" a indiqué Jean-Christophe Laourde, délégué syndical central de la CFE-CGC, lors d'une conférence de presse.
"C'est la première fois depuis très longtemps que l'on constate une telle mobilisation, toutes les usines sont dans le mouvement", a précisé Jérôme Lorton (Sud).
Toutefois, selon la direction, à 16H00, 274 salariés étaient en grève, soit moins de 1,4 % de l'effectif de Michelin présent jeudi en France.
A La Roche-sur-Yon, 200 personnes selon la police et au moins 300 personnes selon le syndicat Sud se sont rassemblées devant l'usine arborant une banderole "patron voyou" et des drapeaux syndicaux.
Parmi les manifestants, Bénédicte, 54 ans et 14 ans d'ancienneté, faisait grève pour la première fois. "Les Vendéens ne font pas grève d'habitude, ils sont sages", a-t-elle ironisé. Mais jeudi dernier, "en quinze minutes, le directeur nous a annoncé que l'usine allait fermer, c'était bâclé", a-t-elle regretté.
"On m'avait promis monts et merveille", a assuré Franck, venu en Vendée en 2014 après la fermeture d'un autre site Michelin à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire). "J'ai 51 ans, l'âge critique pour pouvoir retrouver du travail", s'est inquiété cet homme portant un t-shirt sur lequel le bibendum symbole de la marque s'affaire à détruire une usine à la pelleteuse.
A Cholet (Maine-et-Loire), environ une trentaine de salariés ont bloqué l'entrée des camions entre midi et 15H00, mais cela n'a pas "perturbé la production à l'intérieur de l'usine", a indiqué une porte-parole de la direction.
La CGT envisage une action juridique
L'intersyndicale organise vendredi une consultation des salariés de La Roche-sur-Yon pour "avoir mandat d'entrer en négociation avec la direction de Michelin" au sujet des mesures d'accompagnement qui seront proposées, a indiqué M. Lorton.
"L'objectif, c'est d'accompagner chaque salarié, de mettre en oeuvre tous les moyens pour les protéger" car Michelin "doit payer la note de cette injustice sociale", selon lui.
Une première réunion à ce sujet est prévue le 22 octobre.
La CGT envisage de son côté une action juridique et a sollicité l'avocat Fiodor Rilov, conseil dans de nombreux conflits sociaux (Ascoval, Whirpool, Continental, Samsonite).
Le 24 octobre à La Roche-sur-Yon, "nous appelons à une réunion pour définir ensemble un cahier revendicatif de tous ce que veulent les salariés", a annoncé Antony Guilloteau, délégué syndical CGT estimant que "rentrer dans les négociations, c'est jouer le jeu de la direction tout de suite".
Mercredi, le directeur de Michelin France, Jean-Paul Chiocchetti, a précisé avoir reçu déjà "plus de 300" offres d'emplois dans la zone de La Roche-sur-Yon, qui connaît le plein emploi, même s'il explique que Michelin souhaite avant tout encourager la mobilité interne vers ses autres usines en France.
Par AFP