par Elisabeth Studer

Michelin : fermeture à Toul/ réorganisation en Espagne

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Michelin a annoncé mercredi un plan de restructuration qui prévoit la fermeture en 2009 de son usine de Toul, dans l'Est de la France, laquelle emploie 826 personnes.

L'arrêt d'une ligne de production en Espagne fait également partie des mesures.

«Michelin a présenté aux instances représentatives du personnel un projet en France concernant l'arrêt de la production de l'usine de Toul (Meurthe-et-Moselle) en 2009», a indiqué le groupe dans un communiqué. Cette usine «fabrique des pneus tourisme milieu de gamme, très fortement concurrencés par des pneus importés de pays à faibles coûts de production qui ont massivement investi ce créneau depuis cinq ans» et «le marché est en surcapacité pour les catégories de pneus fabriqués à Toul», justifie Michelin. «Malgré d'importants efforts d'investissement et la rationalisation des procédés industriels, l'usine a un coût de production plus de 50% supérieur à celui de ses concurrents et n'est plus compétitive», poursuit le groupe.

Michelin assure que «deux postes, dans l'une des seize usines en France seront systématiquement proposés» à chaque salarié. Pour les employés «qui souhaiteraient rester dans la région», le fabricant de pneus, promet d'apporter «toute l'aide nécessaire pour qu'ils puissent trouver le plus rapidement possible un autre travail ou réaliser un projet professionnel».

La ministre de l'Economie et de l'Emploi, Christine Lagarde a indiqué mercredi que la décision de fermeture de l'usine Michelin de Toul "a du être prise pour des raisons tenant au site, à son exiguïté et aux coûts de production supérieurs de 50%". "Tout le monde s'était engagé dans cette affaire: les salariés, l'employeur en investissant plus de 45 millions d'euros au cours des cinq dernières années" a déclaré Mme Lagarde lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale, en réponse à une question de la députée de Meurthe-et-Moselle, Nadine Morano (UMP).

Mme Lagarde a indiqué que le gouvernement allait maintenant "examiner quels sont les engagements de la société Michelin". La société "s'est engagée d'une part aux reclassements de l'intégralité du personnel d'ici la fermeture, c'est-à-dire 2009 (et) d'autre part, à revitaliser le site de Toul" a poursuivi la ministre. "Les services de l'Etat seront extrêmement attentifs" au respect de ces engagements et "tous les acteurs seront mobilisés. J'y veillerai personnellement" a-t-elle assuré. "Il va de soi que la procédure doit être observée de la manière la plus rigoureuse, dans la transparence, et dans une information totale des salariés, de leurs représentants, des collectivités locales et des représentants politiques qui eux aussi se sont engagés très vivement pour la défense de ce dossier" a conclu Mme Lagarde.

Jacques Auxerre, délégué syndical central FO, accuse quant à luila direction d'avoir "laissé mourir l'usine". "Ca fait deux ou trois ans que l'on sait que le site va fermer", lâche-t-il. "La fermeture n'est pas inéluctable. Elle n'est pas liée à un manque de rentabilité mais à un manque d'investissement", renchérit Pierre Kovalski, délégué syndical central CGT.

A l'instar de Bernard Seirolle, ancien délégué syndical CGT, en retraite depuis six ans après 31 ans travaillés à Toul, nombreux sont ceux qui dénoncent un matériel vieillissant, "le même depuis 1969". Selon le directeur du site, Henri de la Gravière, 45 millions d'euros ont pourtant été injectés depuis 1999 dans l'usine pour améliorer la rentabilité de Kléber-Toul face à une concurrence asiatique aux coûts de production moitié moindres. "On a vraiment examiné tout ce qu'on pouvait faire pour ne pas fermer. (...) Ce n'est pas une décision simple, mais elle était inéluctable. On n'a pas le choix", a admis le directeur.

Malgré les promesses faites aux salariés, le départ de Kléber reste une "catastrophe" pour Toul et ses environs, selon le maire de la ville, Nicole Feidt (PS), qui a qualifié la décision de Michelin, un groupe profitable, d'"indigne". Jean-Pierre Masseret, président (PS) du Conseil régional de Lorraine, a lui aussi appris "avec consternation" la fermeture de l'usine. "La responsabilité du gouvernement est naturellement engagée dans cette affaire", a-t-il estimé.

Michelin prévoit également d'arrêter d'ici fin 2008 la production de pneus tourisme à l'usine de Lasarte, au Pays Basque, dans le nord de l'Espagne, qui «n'est plus compétitive en raison de la taille insuffisante du site». Quelque 500 personnes sont employées sur cette ligne de production. Le groupe «proposera un ensemble de mesures adaptées, qui, du fait de l'âge du personnel, seront essentiellement des départs en préretraite», assure-t-il.

Ce site se spécialisera dans la production de pneus moto haut de gamme et exportera à terme 90% de sa production. A cette fin, un investissement de 50 millions d'euros est prévu pour moderniser l'usine, indique Michelin.

Sur le plan financier, «ces projets de réorganisation se traduiront par un coût significatif non récurrent dont l'impact sur les comptes 2007 sera communiqué ultérieurement».

Pour rappel, Michelin est engagé dans un plan de réduction des coûts, pour améliorer sa rentabilité, après un recul de ses profits en 2006. Il prévoit de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux sur les 20'000 prévus d'ici 2010 en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, et de se renforcer dans les pays émergents. Dans ce cadre, le groupe indique qu'il embauchera entre 2007 et 2011 plus de 4000 personnes en France, où sa production devrait progresser de plus de 7% sur cette période, et plus de 600 personnes en Espagne. Il prévoit d'investir au total, «pour moderniser l'outil de production», deux milliards d'euros en Europe de l'Ouest, dont 1,15 milliard en France et 320 millions en Espagne.

Si l'annonce est loin d'avoir fait le bonheur des salariés, elle a semble-t-il satisfait les investisseurs, l'action Michelin prenant en milieu de journée 0,90% à 99,26 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en légère baisse.

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