La première semaine d'essais est toujours attendue avec fébrilité par les ingénieurs, les mécanos et les pilotes. C'est le début concret de la saison et c'est là que l'on voit si on a suivi les bonnes pistes durant l'hiver (et même depuis l'été de la saison passée).
Cette année plusieurs nouveautés sont au programme. On reviendra dessus dans un grand guide de la saison avant le GP de Melbourne. On peut tout de même citer un aileron avant simplifié et rehaussé, mais aussi élargi (cela va faire des bouts de carbone lors des départs !). Sur les côtés, les appendices sont plus petits et plus en avant. Théoriquement, cela donne moins d'appui pour les voitures, mais surtout moins de perturbations pour les voitures qui se suivent.
Pour l'appui, les écuries ont déjà trouvé des parades. L'une des premières, c'est le "rake" qui augmente. Le "rake" c'est l'angle formé par le fond plat de la voiture. Plus il est important et plus le volume virtuel du diffuseur est important (et donc l'appui par succion). Sauf que pour "sceller" le diffuseur et empêcher l'air de filer par les côtés, il faut générer des vortex le long de la voiture. La nouvelle donne aérodynamique a pas mal changé tout cela.
Williams et Racing Point à la peine
Cette semaine, le grand absent était Williams. Enfin, pour les deux premiers jours. L'écurie a connu officiellement de gros souci de montage de sa nouvelle FW42. Officieusement, Paddy Lowe aurait lancé la voiture dans une mauvaise direction avant de devoir revoir sa copie. On pensait qu'il allait sortir Williams de l'ornière, visiblement ce sera dur.
Pour ces essais, Pirelli a amené 5 composés pneumatiques, C1 à C5, du plus dur au plus tendre. Evidemment, tout le monde cache son jeu ou presque. De nombreuses fois on a vu les leaders battre les meilleurs intermédiaires puis couper leur élan avant de passer la ligne, ou passer par la ligne des stands. Un jeu de dupes habituel lors de ces tests d'intersaison.
Au jeu du chrono, Hülkenberg pour Renault a signé un 1:17.393 le dernier jour, avant de devoir ranger la voiture sur le bas-côté après un pépin technique. 7 pilotes sont en-dessous de 1:18. L'an dernier lors du GP d'Espagne (plus chaud niveau météo) la pole a été signée en 1:16.173. Tous les observateurs estiment que les voitures tournent largement en dessous de leur potentiel. La marche est fermée par les deux pilotes Williams, avec des chronos à plus de 3,5 secondes des premiers. Racing Point est juste devant. Annus horribilis pour les deux équipes clientes Mercedes ?
De 1,3 à plus de 9 grands-prix
Avec ses essais tronqués, Williams est aussi l'écurie qui a le moins tourné. 88 tours pour l'écurie de Claire Williams. Loin devant, mais avant dernier, la jeune écurie Racing Point compile 248 tours. Pas de souci pour l'écurie mais pas mal de choses à mettre en place. Ensuite, en allant vers ceux qui ont le plus tourné, on trouve Haas, Renault, McLaren, Red Bull, Toro Rosso, Alfa Romeo puis les deux stakhanovistes Ferrari et Mercedes à 598 et 610 tours. C'est à dire qu'en 4 jours ils ont compilé la distance de 9 grands-prix !
Ferrari avec Alfa Romeo et Haas (un peu moins) est le motoriste qui a fait le plus de tours devant Honda, Mercedes et Renault. Par rapport à Renault (Renault et McLaren), l'unité de puissance de Ferrari a parcouru 70% de tours en plus ! A noter que chez Haas, on a fait tourner 3 pilotes. Chez Ferrari, on s'est concentré sur deux composés (C2 et C3) avec un peu de C1. Chez Mercedes aussi, mais avec un peu de C4, plus tendre. La 3e écurie l'an dernier, Red Bull a aussi suivi ce programme tandis que chez d'autres c'est plus panaché. Globalement les composés C2 et C3 ont le plus tourné.
Les écuries ont emmagasiné des tas de données, via les grilles de sondes Pitot pour analyser le flux aérodynamique (la pression), ou avec la peinture de visualisation du flux (la peinture laisse de grandes coulures et montre l'écoulement aérodynamique) ou autres dispositifs. Dans les bureaux des usines, cela phosphore déjà depuis lundi pour analyser tout cela et apporter des corrections ou améliorations d'ici mardi.