2025 devait être une année « coup de bâton » pour les constructeurs. En effet, la règlementation CAFE prévoit que les constructeurs baissent drastiquement les émissions de CO2 de leur gamme. Faute de quoi, de lourdes amendes sont prévues. Et bien tout s’assouplit ! Enfin !
L’ACEA (Association Européenne des Constructeurs Automobiles) tire la sonnette d’alarme depuis des mois. Discours que nous avons nous-mêmes relayé. En effet, le palier 2025 de la norme CAFE à atteindre était improbable. CAFE c’est l’acronyme de Corporate Average Fuel Economy. C’est une règle en vigueur depuis 2020 en Europe. Elle vise à contraindre la moyenne des émissions de CO2 d’une gamme automobile d’un constructeur.
Des milliards d’euros provisionnés pour les amendes CAFE
En passant par la moyenne des émissions de CO2, cela doit permettre, en théorie, d’avoir des véhicules émetteurs, et d’autres, très peu émetteurs. Elle favorise de fait le véhicule électrique qui tire fortement la moyenne vers le bas. Sauf que le marché du véhicule électrique est arrivé à un plafond de verre. Faute de pouvoir écouler des milliers de VEB, les constructeurs craignaient de très lourdes amendes.
Car si certains sucrent leur café, l’Europe, elle, sale sa norme CAFE ! Payer des milliards d’euros quand on doit déjà mener de front deux investissements massifs que sont le véhicule électrique et la dépollution, c’est une aberration économique. Autant flinguer notre industrie européenne, cela ira plus vite.
Bonne nouvelle, donc, Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, annonce lundi 3 mars 2025 que l’Europe va assouplir cette règlementation. Mais, plutôt que de revoir à la hausse les niveaux moyens visés (ce serait avouer que l’Europe s’est fourvoyée…), la commission européenne va étaler sur trois ans le dispositif.
Reculer pour mieux sauter
« Les objectifs restent les mêmes, mais cela signifie plus de flexibilité pour l’industrie », a déclaré Ursula von der Leyen
Au lieu d’être pour 2025, l’objectif sera pour 2025 à 2027. Ceux qui sont en retard cette année devront tout de même redoubler d’efforts pour que sur les trois ans, la moyenne soit dans les clous. Ainsi, ce n’est qu’une demi-victoire pour l’ACEA.
Évidemment, les ONG sont vent debout contre ce qu’elles qualifient de « cadeau sans précédent à l’industrie automobile européenne ». Selon elles, cela « retardera l’augmentation de la production de véhicules électriques en Europe et réduira la pression sur l’industrie pour déployer des modèles électriques moins chers en 2025 ». Ces ONG n’ont jamais rien produit et ne se sont jamais heurtés à la réalité du marché.
L’Europe avait prévu de passer de 95 g/km à 81 g/km ! Impossible à tenir sauf à arrêter de vendre les véhicules thermiques, hybrides ou non. Ce sont pourtant eux qui permettent de financer les groupes pour leur transition vers le véhicule électrique. La descente est vertigineuse puisqu’en 2030, la norme CAFE prévoit moins de 45 g/km. Cela signifie, a minima, de vendre 50 % de VE au moins. Même dans les pays « électrophiles », on ne dépasse pas les 20 % de part de marché.
Une usine à gaz punitive
La norme est une usine à gaz comme sait le faire l’Europe (ou la France). Il y a un objectif global, mais chaque constructeur a son propre objectif d’émissions de CO2/km. Et ceux-ci sont très différents ! La norme CAFE imposait une moyenne européenne à 95 g/km de 2020 à 2024. Depuis le 1er janvier, elle est passée à 93,6 g de CO2/km et donc pas 81 g/km.
Mais, parmi les (marques) constructeurs, on va trouver Mercedes avec un objectif de 91 g/km quand Stellantis a un objectif de 96 g/km. Certains qui font pourtant partie des bons élèves se retrouvent avec des objectifs plus bas. C’est un peu comme si dans une classe on demande 12/20 de moyenne, mais que l’on punit l’élève qui a 14 car il n’a pas atteint 15/20. Mais que l’élève qui était à 11/20 et qui arrive à 11,5 est félicité.
Globalement, avec le nouvel objectif 2025, tout le monde est plus ou moins dans les clous. Mais, ce n’est que reculer pour mieux sauter.
Objectif : continuer de vendre des PHEV après 2035
A moins que, d’ici-là, l’industrie automobile fasse entendre raison à la commission européenne. Déjà pour 2035, on commence à évoquer la possibilité de continuer de vendre des véhicules hybrides rechargeables (PHEV) ou des véhicules électriques à batterie (VEB) avec prolongateur d’autonomie (REX range extander). De quoi faire une bascule plus « en douceur » et convaincre les récalcitrants du VE ?
Rien n’est moins sûr. Ces PHEV ou VEB avec REX seront très chers. Bien plus cher qu’une « simple » thermique comme une Dacia Sandero qui débute encore sous les 13 000 € (SCe 65 sans option). La voiture va redevenir un luxe, comme dans les années 30 et même l’immédiate Après-Guerre. Quant aux gueux, ils retaperont comme ils peuvent leur voiture et tenteront le diable pour passer les contrôles techniques. La cubanisation de l’Europe.
Le marché européen n’est pas une fin en soi
Pour le moment, le marché automobile européen attire encore les constructeurs. Cependant, cela pourrait vite se retourner. Si les amendes sont intenables, certains constructeurs pourraient choisir de partir. En 2024, le marché a presque retrouvé les 13 millions de véhicules vendus. C’est un marché important. Mais, si demain il faut pour cela investir massivement dans le VEB et sabrer des véhicules à fortes marges, quel sera l’intérêt d’être présent ?
On a déjà pas mal de constructeurs qui ne vendent pas certains modèles en Europe pour ne pas plomber leur moyenne. Et ce n’est pas que la faute du malus CO2 inique de la France. Il ne faudra pas s’étonner si demain certains constructeurs disparaissent corps et biens du Vieux Continent. Le monde ne tourne pas autour de l’Europe et le marché automobile mondial n’est pas tourné vers le VEB.
Ce qui fait d’ailleurs que les constructeurs doivent continuer de développer les moteurs thermiques. Cela coûte cher, avec des normes sur les polluants de plus en plus strictes. Avec l’Europe, c’est bâton, coup de fouet, et même pas une carotte. Comment ne pas lui tourner le dos, fût-elle un marché potentiel de 13 millions de véhicules ?
La grogne sociale des déclassés
Ces objectifs « ambitieux » (ou « intenables » selon le côté qui s’exprime) ont une conséquence fâcheuse. Ils alimentent la grogne des déclassés. Ces gens qui peinent à s’offrir une fois dans leur vie une voiture neuve. Ceux-là ne peuvent déjà plus car il n’y a plus que la Dacia Sandero en gros qui soit abordable et sous les 15 000 €.
Même une Fiat Panda, pourtant bien amortie, s’affiche à 15 900 € catalogue. Chez Suzuki, l’Ignis est toujours affichée à 15 390 € (mais théoriquement n’est plus produite). Quant aux autres « bas prix », ils sont tous à plus de 15 000 € voire flirtent avec les 20 000 €. Les normes CAFE ne vont pas favoriser les véhicules abordables hélas. Certains constructeurs ont déjà annoncé que pour limiter volontairement la vente d’un véhicule thermique, les prix pourraient augmenter fortement. Inepte !
ZFE, malus sur les émissions de CO2, malus au poids, VEB à marche forcée, véhicules neufs inabordables…le terreau est là pour que cela pète. En France, en 2018, ce sont moins de 5 centimes de taxe par litre de carburant qui ont mis le feu aux poudres.
En espérant que nos constructeurs aient l’intelligence d’affecter l’argent provisionné pour les amendes dans de la r et d et pas en dividendes pour les actionnaires.
Je ne me fais pas d’illusion personnellement.
Les Chinois vont pouvoir tranquillement continuer à prendre de l’avance et nous défendre les locomotives à vapeur.
Les chinois, en bon commerçants de toujours, n’ont vu qu’une chose: Profiter du reset trop brutal imposé aux constructeurs historiques bêtement imposé ici pour les éliminer purement et simplement, n’ayant aucun historique à gérer/rentabiliser…
Bref, ils amorcent sur leur énorme marché local ce qui a un sens dans un but de conquête du monde et si de gros marchés n’imposaient pas le VE à court terme ils feraient tout autre chose ou différemment!
Pas confondre cause et conséquence…
La Chine développe d’abord le VE pour son marché intérieur, l’aubaine pour eux c’est la conjonction entre nos règles européennes et que nos constructeurs historiques sont à la ramasse techniquement ( ça change lentement) et que les actionnaires demandent des dividendes dignes de la pharmacie.
Depuis quelques années les Chinois font les tendances et ne les suivent plus.
Leur marché numéro 1 est leur marché intérieur, ils sont en train d’y « tuer le game » et le surplus de production va bientôt nous envahir, via les nouvelles routes de la soie qu’ils ont patiemment bâti. Au rythme de leur progression technologique, dans 3 ans ils vont inonder le marché de véhicules électriques ultra compétitifs (cf. ce qu’ils ont fait avec les smartphones), et nous en face on aura des c3 et des 208 1.2 puretech (No offense SGL)… et des VE merdiques à opposer.
Rdv dans 3 ans.
Le jour ou on verra un politique avouer ses erreurs, c’est quand il sera sur l’échafaud! Et encore… Alors on repousse, en espérant qu’on ne sera plus en charge quand la patate chaude éclatera.
Cela devrait permettre d’atteindre la clause revoyure de Thierry Breton qui en 2026 arrivait un peu tard vs objectifs intenables.
Et encore merci l’Europe, décidément plus bonne qu’a emmerder le monde à tous niveaux (voir aussi ses bouchons de bouteille qui font chier, quand en Inde/Bangladesh on colle tous les plastics dans les ravines et c’est la mousson suivante qui fait camion poubelle vers l’océan).
Sur les bagnoles je ne sais pas, mais c’est pas parce que l’Inde fait de la merde sur les plastiques qu’il ne faut rien faire chez nous.
» Même dans les pays « électrophiles », on ne dépasse pas les 20 % de part de marché. »
Et bien c’est pas vrai !!!
Norvège 2024> 80%; pourtant un pays avec l’hiver qui dure 8 mois
Chine 2023: 28%
Donc quand on veut, on peut
@Amazon : on parle ici de l’Union Européenne….
La Chine ou la Norvège n’en font pas partie 😏
Octobre 2024, 60% des immat au Danemark sont des VE. 🥳
L’hypocrisie norvégienne…….
https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/la-norvege-ce-faux-ami-de-la-planete-236898
Enfin ce que je vois c’est qu’ils ne seront plus dépendants d’ici peu du pétrole pour leur transport.
L’hypocrisie norvégienne en effet!
Mais…Pétrole et gaz que nous (européens) leur achetons pour palier à l’intermittence des énergies renouvelables et faire le plein de nos voitures.
Si on ne leur achète pas, ils ne le vendront pas.
leur électricité est 100% renouvelable.
je préférerai être dans leur situation que dans la notre…
@Amazon : la Norvège tire 85 ou 90 % de son électricité de l’hydroélectrique. Et encore, ils n’exploitent que 50 % du potentiel.
Ils ont un énorme avantage… 385 000 km2 pour 5,6 millions d’habitants regroupés dans certains points.
C’est comme si la France faisait 4,7 millions de km2 avec des zones sans personne du tout.
Ils ont aussi plus de 5 % de leur territoire qui est de la flotte. Nous c’est 0,3 % au mieux (et encore si on ne prend que la métropole c’est moins).
Donc…..on pourrait difficilement être dans leur cas. Ou alors il faudrait noyer les vallées alpine et pyrénéennes, et déplacer des millions de personnes dans les villes (ou trouver comment descendre à 10 millions d’habitants….).
La Norvège a été très intelligente en faisant ce virage. Virage que n’ont pas fait d’autres producteurs de pétrole et gaz. Reste que c’est assez hypocrite au final de dire on est 100 % « renouvelable » et de vendre du fossile à la terre entière 😉
🤣👍
On peut faire comme les norvégiens, on interdit (par divers moyens) d’acheter du thermique et hop les immats des VE vont exploser………
C’est assez simple non ?
Ou est le coup de génie ?
Canada et Norvège ont de l’hydroélectricité et des hydrocarbures à revendre, la même densité de population et pourtant l’un est à 5% de VE quand l’autre est à 90%.
De toute façon la dépendance de nos économies occidentale au pétrole (et gaz fossiles) … Est une véritable bombe à retardement pour nos économies.
Nous sommes trop dépendants… Si la situation tourne à la façon de 1974… Nous aurons des carburants de l’ordre de 4 à 5 € le litre, que cela plaise ou non … et Macron n’y sera pour rien !
… En plus, en dehors des transports… Trop d’industries européennes dépendent trop des énergies fossiles…
D’où l’intérêt même pour l’hydrogène, même si les rendements de transformations seraient mauvais ?
… Bien qu’à terme, le H2 blanc serait quasiment gratuit après investissement.
Mais il faut miser, évidemment sur le nucléaire comme socle et les EnR dont les rendements sont remarquables maintenant.
histoire d’argent . suffit de voir la fraude fiscale équivalente à 2 fois le montant de la dette des pays de la zone euro. Avec ce train de vie il faut racketter tjrs davantage et le pauvre ira à pied on va même lui faire porter la muselière !!! ces histoires aurait logiquement dû faire la UNE des médias des jours durant. Mais la machine à laver tourne pour les « enzimes goutons » insatiables »