Si on vous dit petites voitures italiennes populaires, vous allez assez naturellement penser aux Fiat ! Il faut dire que le constructeur italien a multiplié les succès avec des modèles comme la 500, la 127 ou encore la Panda. Mais c’est aussi oublier que le marché italien ne se limitait pas à la marque fondée par Giovanni Agnelli… même si elle pouvait parfois fournir d’autres blasons. Ce fut par exemple, le cas avec Autobianchi, qui proposait dans les années 60, sa petite Bianchina. Ce modèle, qui précéda l’Autobianchi A112, était une Fiat 500 recarrossée pour paraître plus cosy !
La révolution Mini

Autoblanchi, qui était dans le giron du groupe Fiat, songeait au remplacement de sa petite puce. Cette propulsion motorisée par un bicylindre placé à l’arrière n’était plus toute fraîche. L’Austin Mini avait révolutionné le marché avec son architecture audacieuse. Dotée d’un moteur placé en position transversale à l’avant et d’une traction, la Mini offrait un maximum de place pour un encombrement des plus réduits !
Protégé par des barrières douanières, le marché italien n’avait pas grand-chose à craindre d’une Mini qui était bien trop coûteuse pour inquiéter le groupe Fiat ! Il convient de se rappeler que le Royaume-Uni n’a intégré la Communauté Économique Européenne qu’en 1973 ! Mais la donne a subitement changé en 1965 à cause d’une jeune marque italienne : Innocenti. La société lombarde, qui fabriquait déjà localement des voitures du Groupe BMC, a présenté sa version de la Mini. Ce fut les débuts de l’Innocenti Mini !
L’Autobianchi A112 : la riposte italienne

Cet épisode provoqua un branlebas de combat au sein du groupe Fiat ! Il fallait répondre vite et efficacement à cette attaque. L’ingénieur Dante Giacosa, fervent partisan du tout à l’avant, a orchestré la riposte italienne. La réponse ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. 4 ans plus tard, lors du Salon de Turin de 1969, le groupe Fiat a présenté sa vision de la citadine moderne. Néanmoins, le pari étant risqué, les dirigeants turinois ont fait le choix d’envoyer Autobianchi au casse-pipe.Tant pis pour Fiat et tant mieux pour la marque milanaise. Car la nouvelle A112, ne s’est pas contentée de copier la Mini. Elle en a bonifié les ingrédients tout en gommant ses défauts. L’A112 offrait ainsi un confort supérieur, un hayon et une banquette arrière rabattable qui étaient bien plus pratiques que le coffre ridule de l’anglaise.
Proposée uniquement avec une carrosserie à 3 portes, la A112 était particulièrement adaptée à la ville où ses 3m23 et sa maniabilité faisaient des merveilles. Sous le capot, on retrouvait un 903cm3 de 44ch associé à une boîte manuelle à 4 rapports. Cette mécanique était bien connue car elle provenait de la Fiat 850.
Autobianchi 112 Abarth : un scorpion pour piquer la Cooper

La première évolution de la gamme A112 est intervenue en 1971 avec le lancement d’une finition « E » qui se voulait plus haut de gamme. Cette année a aussi marqué les débuts de la A112 frappée du scorpion. En effet, Karl Abarth s’est penché sur le berceau de la nouvelle star transalpine. Le sorcier autrichien ne s’est pas contenté de mettre une « marmite » sur la A112. Le bloc d’origine a fait l’objet d’un réalésage afin d’atteindre les 958cm3. L’alimentation a également fait l’objet d’une modification, le carburateur d’origine ayant cédé sa place à une unité à double corps.
Ces modifications ont permis de faire grimper la puissance à 58ch. Compte tenu du poids plume de l’engin, en faisait une auto nerveuse. La A112 Abarth a également soigné son look en adoptant une calandre spécifique, une belle couleur rouge et des éléments de carrosserie (capot, bas de caisse et passage de roues) noir mat !
L’année suivante, l’Abarth a reçu un radiateur d’huile visant à résoudre sa fâcheuse tendance à surchauffer. A cette occasion, la petite puce qui entendait tailler le croupion de la Mini Cooper, a reçu de nouvelles couleurs qui laissent beaucoup moins de place au noir mat. Seul le capot a conservé cette caractéristique sensée protéger le pilote des reflets du soleil !
La série 2 de la A112 a fait son apparition en mars 1973. À cette occasion la citadine italienne a reçu des améliorations de finition et des boucliers en résine pour les versions les plus huppées. Sur le plan mécanique, les versions « normales » ont conservé le moteur Fiat de 903cm3 mais avec une puissance portée à 47ch.
70ch et une boîte 5 pour l’Autobianchi A112 Abarth

En 1974, la série 3 a apporté une modification majeure sur la carte grise. La A112 a reçu une homologation pour transporter une 5ème personne. Sur le plan esthétique, le principal changement concernait les feux arrière qui ont gagné des feux de recul. En 1975, la puissance du 903cm3 a chuté à 42ch. A l’inverse, l’Abarth a fait une cure de vitamine en juillet de cette même année. La A112 frappée du scorpion a adopté un nouveau moteur dit « Brésil ». Il s’agit d’un 1050cm3 développé par la filiale Brésilienne de Fiat qui était encore une fois associée à une boîte 4. Avec ses 70ch, soit 12 de plus que la première Abarth, les performances et les sensations ont fait un bond en avant. Les Abarth « 58ch » et « 70HP » ont coexisté jusqu’au printemps 76.
La série 4 a été lancée en 1977. Elle s’est traduite par un restylage assez profond de la A112. Les changements les plus notables ont été l’adoption d’une nouvelle calandre en plastique, de nouveaux boucliers en résine et de nouveaux feux arrière. Les longerons ont également été modifiés afin de permettre l’adoption d’une boîte à 5 rapports sur l’Abarth. Le pavillon a quant à lui été rehaussé de 2 cm. Cette mise à jour a donc été aussi bien esthétique que technique. En effet, un nouveau 965cm3 de 48ch a fait son apparition sous le capot de la A112E. En revanche, la version de base, baptisée « Juventus » a conservé son petit 903cm3 de 42ch.
L’Autobianchi A112 défigurée

À l’approche des années 80, Autobianchi a effectué une nouvelle refonte esthétique. Le plastique c’était sans doute formidable mais, la 5ème série sortie en 1979, en avait un peu trop abusé. C’est notamment le cas de la poupe arrière qui a adopté de nouveaux feux entourés d’un enjoliveur en plastique noir. Si sur le plan technique, la A112 #5 n’a rien apporté de nouveau. La gamme a en revanche fait l’objet d’une refonte autour de 4 niveaux de finition : la Junior de 42ch, l’Elegant et l’Elite qui faisaient 48ch sans oublier l’Abarth 70HP.
L’année 1982, n’a pas été seulement celle de votre serviteur ! Elle a aussi vu naître la 6ème collection de A112. Sans surprise, cette nouvelle refonte a apporté son lot de modifications esthétiques. Le bouclier avant, qui était en plastique, intégrait les clignotant tandis que la poupe arrière s’est délesté de ses disgracieux appendices en plastique noir et a adopté, encore une fois, de nouveaux feux arrière. Cette génération s’est également dotée d’une très chic finition LX qui, comble du raffinement, offrait des vitres avant électriques et un parebrise athermique !
2 ans plus tard, Autobianchi a lancé une 7ème série. Cette « génération », ma préférée, était reconnaissable à son bandeau rouge réfléchissant entre les deux feux arrière. C’était un accessoire très en vogue dans le monde du tuning dans les années 80 et 90 !
La fin de carrière de l’Autobianchi A112

Cette 7ème série n’a duré qu’une année, puisque la 8ème et dernière série a débuté en 1985. Cette A112, dite unifiée, a sonné le glas d’une A112 qui n’était plus disponible qu’en une seule finition d’entrée de gamme. Il faut dire que la remplaçante de la génialissime A112 pointait déjà le bout de sa calandre puisque l’Autobianchi (oui j’ai bien dit Autobianchi et non pas Lancia) Y10 pointait déjà le bout de sa calandre.
Particulièrement bien née et bénéficiant de fréquentes mises à jour, l’Autobianchi A112 a connu une très belle carrière commerciale. La petite puce italienne s’est écoulée à plus de 1 245 000 unités ce qui en fait le modèle le plus vendu d’Autobianchi.
Les petites histoires de la grande
Maintenant que vous en savez plus sur l’A112, passons aux petites histoires! Sur les 1,245 millions d’unités produites, 10% étaient frappées du Scorpion. Que cela soit en 58 ou en 70ch, la version sportive de la A112 a rencontré un joli succès.

L’Autobianchi A112 Abarth était une voiture appréciée des Mafiosos italiens. Ces derniers n’hésitaient pas à la blinder afin de mieux protéger leur intérêts et leur vie!
Je vous livre également une petite anecdote personnelle. La A112 Abarth (en 70ch et boîte 5 s’il vous plait) a été la première voiture que j’ai pu conduire sur route ouverte !
Maniable et agile en ville, la A112 Abarth était aussi destinée à la compétition. Le groupe Fiat avait mis en place un trophée mono-modèle destinée à la petite Autobianchi !
La A112 a connu 8 séries qui lui ont permis de traverser le temps tout en restant d’actualité. D’une certaine manière, ces séries ont été à la A112, ce que les collections ont été à la première Twingo !

Ne voulant pas trop se mouiller, Fiat a lancé la A112 sous le blason Autoblanchi. Le succès de la petite puce milanaise a permis à la marque Turinoise de valider discrètement plusieurs éléments qui ont servi au développement de la Fiat 127. Certains affirment que la A112 a été le brouillon de la 127. Mais peut-on aussi dire: la copie ne vaut pas l’originale ?
c’est en effet la concurrente de la mini (même si je préférais à l’époque les innocenti de tomaso), quand ma Fiat 128coupé a fini dans un fossé j’ai longtemps hésité entre les 2. j’ai choisi la Mini, les A112 étaient des nids de rouille malgré un moteur bien plus sympa.
Il n’y a pas une histoire avec le moteur ou la boite, comme quoi c’était la première voiture à avoir ce type d’architecture? J’ai un vague souvenir d’une particularité qu’on a partout aujourd’hui, mais je ne me souviens plus de laquelle.
moteur de la fiat 850 adapté à la traction avant?
Pour moi c’est la Primula la première traction avant moderne italienne, avec une disposition moteur très voisine de la mini qui est a priori la première traction avant transversal?
J’ai retrouvé. La Mini a un moteur-boite avant et transversal mais la boite est sous la moteur, avec un carter d’huile commun, alors que l’A112 a un moteur-boite avant et transversal mais avec la boite dans le prolongement du moteur. Et en cherchant, effectivement, c’est bien la Primula (que je ne connaissais pas) qui est la première voiture à avoir ce montage alors que je pensais que c’était l’A112.
👍
J’ai été conduit dans les 2 pendant mon enfance 😉 Les A112 étaient un poil plus grandes mais pas aussi logeables que les Mini. Et à mes yeux rien ne valait le charme inimitable de l’Austin maternelle, marron clair intérieur skai caramel, le bruit du moteur et l’écran central du TDB avec ses petites lumières colorées.
Les A112 ont eu une bien trop longue carrière et leur renouvellement par l’Y10 a été objectivement un désastre (mocheté). On dirait que FIAT a fait toutes les erreurs imaginables à la fin des années 70, c’est à peine croyable !
Côté collection y a pas photo : victoire écrasante de la Mini.