Le "Décret n° 2022-1119 du 3 août 2022 relatif aux services numériques d'assistance aux déplacements" prévoit de contraindre les services numériques de facilitation des déplacements des Français à ne pas "favoriser exclusivement l'utilisation du véhicule individuel". Ce faisant, le décret prévoit que les applications devront afficher aux utilisateurs des messages de sensibilisation concernant les alternatives. C'est l'application concrète de l'article 122 de la Loi Climat et Résilience votée en août 2021.
Mais le décret va plus loin qu'un message "au quotidien préférez les transports en commun" par exemple. Au 1er décembre 2023 maximum, les "services numériques d'assistance au déplacement" (les applications GPS en gros) devront intégrer à leurs proposition "l'ensemble des données sur les services de partage de véhicules, de cycles, de cyclomobiles légers, d'engins de déplacement personnels, ou sur les déplacements à pied".
Du bon, et du pernicieux
En cela, ce n'est pas un mal. Cela permettra par exemple en prenant Google Maps ou équivalent de planifier un trajet dans une ville en ayant les services de partage intégrés. Un plus pour le consommateur qui ne voit pas tout par la sacro-sainte bagnole.
En revanche, ces mêmes applications vous saouleront avec des messages sur la quantité de gaz à effet de serre, les oxydes d'azote (NOx) et autres polluants de l'air que le trajet que vous planifiez de faire va émettre. Ces applications devront même vous inciter fortement à prendre des itinéraires moins émetteurs en les mettant fortement en avant. Fini l'option par défaut "trajet le plus rapide" ? Sans doute. Les messages pourront inciter par exemple à réduire sa vitesse de 130 km/h à 110 km/h sur autoroute, ou carrément de "moins bouger".
D'ailleurs, autre nouveauté, les GPS devront éviter de faire passer les gens par des voies non prévues à cet effet. Il est vrai qu'en plein d'endroit ces applications envoient tout le monde dans la même rue pavillonnaire par exemple, ou par la même route de campagne pour gagner 30 secondes, générant un trafic non prévu et des nuisances. En cela, c'est sans doute un plus.
A noter que certaines applications ont anticipé ce décret face à une demande client. En effet, Google Maps a annoncé qu'il intègrerait une option pour proposer des trajets plus économes d'un point de vue environnemental, des trajets "most-fuel efficient".
Notre avis, par leblogauto.com
Sous couvert d'une bonne intention (l'Enfer en est pavé), on file vers un peu plus d'infantilisation et surtout de "flicage". On n'est pas encore sur un "crédit carbone" (*) souhaité dans certains pays du nord de l'Europe, mais on lorgne de ce côté. La prochaine étape pourrait être une application qui vous demande si vous êtes bien certains de vouloir effectuer ce trajet car "vous avez déjà dépassé votre quota le mois dernier".
En plus, pour donner une vraie bonne estimation des polluants et GES, il va falloir entrer (volontairement) sa voiture dans l'application mobile. Une donnée de plus qui remontera aux GAFAM et les nourrira encore plus. Et si on revenait à la bonne vieille carte routière ? Au moins elles ne balancent pas des messages comme "manger bouger", "ni trop gras ni trop salé ni trop sucré", "conduire tue les petits chatons mignons".
(*) le crédit carbone est l'idée que l'on assigne à chaque individu un maximum d'équivalent CO2 qu'il peut "dépenser" comme bon lui semble.