Si tous les véhicules européens étaient électriques, les émissions de CO2 baisseraient de... 0,4%
par Thibaut Emme

Si tous les véhicules européens étaient électriques, les émissions de CO2 baisseraient de... 0,4%

Cette semaine, plusieurs médias ont relayé une études/information indiquant que si le parc automobile européen passait du jour au lendemain à l'électrique, les émissions de CO2 ne baisseraient que de 0,4%. Qu'en est-il réellement ?

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Le Président de la CLEPA, association européenne d'équipementiers automobile, Roberto Vavassori, se montre critique sur le passage des véhicules particuliers à l'électrique. Selon lui, même si le parc automobile européen était électrique, l'incidence sur les émissions globales de CO2 seraient marginales. Il a fait cette déclaration lors d'un sommet organisé par le quotidien Financial Times.

"L'Europe est responsable de 10% des émissions mondiales de CO2, tandis que la Chine, les États-Unis et l'Inde en représentent 66%. Nous savons donc que 7% des émissions mondiales de CO2 sont dues aux véhicules légers et si nous électrifions toute l'Europe du jour au lendemain, nous économiserons 0,7% des émissions mondiales de CO2 chaque année". Un chiffre qui tomberait à 0,4% en tenant compte de la charge carbone de l'électricité européenne.

Le calcul du président de la CLEPA est biaisé. En effet, Roberto Vavassori prend le parc automobile au niveau de l'Europe, puis lui applique un taux global mondial (7% du CO2 mondial provient des véhicules légers) avant d'appliquer de nouveau le taux d'émission de l'Europe (10%) pour arriver à une baisse de 0,7% au niveau mondial, voire 0,4% en tenant compte de la charge CO2 de l'électricité en Europe. Un calcul honnête serait de regarder la baisse au niveau européen, ou de considérer un parc mondial électrifié (techniquement impossible).

Des émissions en baisse de 50%

Evidemment, lorsque l'on s'intéresse au véhicule électrique, on sait que le bilan concernant le CO2 à l'utilisation dépend directement de la "propreté" de l'électricité utilisée pour recharger les batteries. En Europe, les 23 plus gros opérateurs ont une moyenne de 280 kg de CO2 / MWh selon PwC (PricewaterhouseCoopers).

Un véhicule électrique compact consommant 15 kWh/100 km émet donc "du puits à la roue" 42 g de CO2/km. Largement moins qu'un véhicule thermique équivalent. Un gros véhicule électrique comme il en fleurit actuellement consomme environ 20 kWh/100 km. Cela équivaut à 56 g de CO2/km en moyenne dans l'Europe. Si on prend les pays les plus émetteurs en CO2 pour leur électricité, on double ces chiffres. Dans les pays à l'électricité fortement décarbonée (Norvège, France, etc.) ces chiffres sont très faibles.

En 2017, selon la commission européenne, la moyenne des émissions des véhicules vendus en Europe était de 118,5 g de CO2/km. Même si on suppose que tous les véhicules européens sont changés pour des mastodontes consommant 20 kWh/100 km, on passerait donc de 118,5 g/km à moins de 60. On est donc face à une baisse de plus 50% des émissions dues à l'automobile en Europe.

Le transport routier en Europe, c'est 20% des émissions de CO2 totale. Et 75% de ces émissions sont dues aux véhicules légers. Soit 15% des émissions. En les faisant baisser de 50%, on est donc sur une baisse de 7,5% des émissions européennes en prenant en compte la charge carbone de l'électricité de l'Union.

Mais, le président de la CLEPA a raison de souligner que les émissions de CO2 des automobiles ne représentent qu'une (petite) partie des émissions globales. Et que l'Europe est finalement un "bon élève" dans les émissions mondiales.

Il n'y a pas que le CO2 dans la vie

La "chance" est que le VE n'est pas seulement une lubie européenne. En effet, c'est un mouvement mondial qui commence à prendre aux USA (gros émetteurs de CO2) et à être imposé en Chine (premier émetteur de CO2 et de loin). Surtout, le VE ce n'est pas que du CO2 non émis. C'est également des oxydes d'azote (NOx - polluants des villes) évités, ainsi qu'une plus grande indépendance énergétique pour les pays dépendants moins du pétrole.

Toutefois, il ne faudrait pas que l'économie en gaz à effet de serre et en oxydes d'azote soit remplacée par des émissions de particules fines en hausse. Il convient donc de maîtriser le poids des VE commercialisés. Le VE n'a de toute façon pas vocation à remplacer à 100% le parc automobile européen (ou même mondial).

Mais, pour réellement faire baisser le CO2 émis mondialement il faudra changer totalement nos sociétés, et pas que nos moyens de transport. Un premier levier pourrait être de baisser les émissions de chaque MWh produit. Mondialement, les deux tiers de l'électricité provient de ressources fossiles très émettrices en CO2. En 2016, on était à un peu plus de 500 g de CO2/kWh électrique produit. Toute baisse mondiale sur la consommation électrique, ou la charge carbone du MWh a un impact plus important que le VE.

Sources :

Transport & Environment

Commission européenne

Conseil européen

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Pour résumer

Cette semaine, plusieurs médias ont relayé une études/information indiquant que si le parc automobile européen passait du jour au lendemain à l'électrique, les émissions de CO2 ne baisseraient que de 0,4%. Qu'en est-il réellement ?

Thibaut Emme
Rédacteur
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