Ce mercredi 29 mars 2023, le Ministre Délégué aux Transports Clément Beaune a présenté le "plan national pour mieux réguler les trottinettes électriques". Le marché a explosé depuis le confinement et désormais il se vend 700 000 trottinettes électriques par an (chiffres 2022). Plus de 2,5 millions de personnes en ont une et des services de patinettes en libre-service ont fleuri partout en ville (plus de 200 villes en France ont un tel service). On est tout de même sur plus de 36 millions de trajets effectués par ces services en 2022 soit 100 000 trajets quotidiens (et cela ne compte donc pas ceux qui ont leur propre engin).
Actuellement, les plus de 12 ans peuvent utiliser ces patinettes électriques. Désormais ce sera 14 ans. Cela met enfin une certaine cohérence avec les autres véhicules accessibles dès 14 ans (cyclomoteurs, voitures avec permis AM, etc.).
34 tués en 2022
Surtout, les sanctions pour le non-respect des règles vont être alourdies. Ainsi :
- Non-respect des règles de circulation (circulation sur une voie interdite aux EDPM) : l’amende sera relevée à 135 euros (contravention de 4ème classe) au lieu de 35 euros actuellement (contravention de 2ème classe)
- Transporter un autre passager : l’amende sera relevée à 135 euros (contravention de 4ème classe) au lieu de 35 euros actuellement (contravention de 2ème classe)
- Débrider l’engin : 135 euros d’amende (4ème classe)
- Rouler avec un engin dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 25 km/h : 1 500 euros d’amende (5ème classe)
- La nuit, ou le jour lorsque la visibilité est insuffisante, ne pas porter un gilet ou un équipement rétro-réfléchissant : 35 euros d’amende (2ème classe)
- Pousser ou tracter une charge avec votre EDPM ou se faire remorquer : 35 euros d’amende (2ème classe)
Il y a aussi un volet préventif puisque les équipements lumineux obligatoires sur une patinette seront augmentés. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, les trottinettes électriques sont comme les vélos, elles ne doivent avoir qu'un dispositif lumineux fixe à l'avant et l'arrière et des catadioptres latéraux. Pas de clignotants, pas de frein. Ce sera dorénavant obligatoire (le plan ne parle pas pour les vélos...).
Pour accompagner ces changements, il y a forcément un comité Théodule, alias l'Observatoire national de la micromobilité. Cet organisme sera chargé de produire des données sur les usages, les accidents, etc. et produire un cadre "homogène" pour les collectivités pour anticiper ce phénomène accidentogène des patinettes. Des campagnes de communication seront aussi lancées. Il n'est pas sûr qu'elles atteignent leur cible car bien souvent les usagers concernés s'en fichent pas mal. Les opérateurs de services de patinettes en libre-service seront aussi mis à contribution. Ils devront s'assurer que les loueurs ont plus de 14 ans, que la trottinette est bien bridée, bien équipée des avertisseurs lumineux, que les freins fonctionnent, etc.
Les trottinettes électriques, un objectif manqué
L'idée de base de ces engins de mobilité, était pour beaucoup de remplacer la voiture en ville, ou un scooter, une moto. Hélas, on s'aperçoit, et c'est renforcé après la pandémie à la Covid-19, que ces patinettes remplacent en fait des trajets...à pied. Cela n'enlève donc pas de véhicule sur la route, mais en ajoute. Cela ajoute aussi à l'anarchie qui règne dans certaines villes avec des conducteurs qui roulent sur les trottoirs, grillent les feux, utilisent des voies qui ne leur sont pas destinées, ou roulent à deux sur une trottinette.
Surtout, elles représentent une énorme pollution. En effet, les trottinettes viennent souvent de Chine et leur niveau de qualité est très bas. La durée de vie de ces engins en libre-service va de quelques mois à 2 ou 3 ans grand maximum. Le Ministre Beaune demande aux opérateurs de service de location courte durée d'utiliser du matériel qui soit réparable, et tienne plus de 5 ans. C'est beau de rêver. Ces engins se retrouvent aussi souvent dans les rivières, ou volés. Le recyclage est très aléatoire, voire inexistant.
C'est aussi sans compter sur la pollution des "juicers". Ce sont les gens qui doivent récupérer les trottinettes en libre-service pour les recharger. Souvent ces gens se déplacent en véhicule thermique, ou chargent avec un groupe électrogène. Ici, l'effet rebond joue à plein. Au lieu d'éviter de la pollution, c'est tout le contraire qu'il se passe. Pas sûr que ce nouveau cadre légal changera quoi que ce soit. Mais désormais, on a un joli observatoire de la micromobilité. Youpi.
Pour lire le plan en entier, c'est ici.