C'est l'ONG Transport & Environment (T&E) qui alerte sur une possible dérive. Ces carburants, principalement à destination du secteur aérien, mais aussi utilisables pour le trafic routier, n'utiliseraient finalement pas d'huile recyclée mais de l'huile de palme vierge. Cette huile contribue à la déforestation et à la disparition des orang-outans par exemple.
Le secteur des transports mise sur le recyclage des huiles de cuisson pour faire baisser leurs émissions de CO2. Or, la demande est telle que les huiles de cuisson produites en Europe ne répondent pas à cette demande. Les industriels du raffinage importe donc des huiles et auraient trouvé ici un moyen d'en importer suffisamment, quitte à tordre l'idée de départ de réutilisation d'anciennes huiles.
Selon T&E, 80% des huiles utilisées pour produire du "biocarburant" sont importées, surtout depuis l'Asie. T&E accuse donc sur une potentielle fraude massive. Selon l'ONG, les quantités d'huiles usagées exportées par la Malaisie seraient trois fois plus importantes que les quantités collectées dans le pays. “Cela prouve avec une quasi-certitude qu’il existe une fraude à grande échelle dans ce pays”, assure dans le rapport Jérôme du Boucher, responsable aviation pour T&E.
L'huile de palme a longtemps été autorisée pour la production d'agrocarburants avant d'être interdite en 2018 via un arrêt progressif. Il faut dire que cette huile ne répond pas, dans la majorité des cas aux critères de durabilité. Si la Malaisie ne sait visiblement pas truquer ses chiffres, la Chine est plus douée selon T&E. Mais, les exportations correspondent aux quantités collectées. Cela pose problème car la Chine consomme une partie de ses huiles usagées. Le pays ne peut donc pas exporter autant qu'il collecte. Là encore Transport&Environment soupçonne l'utilisation d'huile vierge de palme.
Encore une fois, il semble donc qu'il y a des dérives qui pourrissent une "bonne idée", ici le recyclage d'huiles de cuisson, un déchet. C'est d'ailleurs souvent un reproche qui est fait aux agrocarburants de 1e et 2de génération. La prochaine, à base d'algues élevées pour leur triglycérides doivent résoudre ce problème. Mais, l'humain saura bien, là aussi tordre l'idée de départ.
Selon T&E, qui ne perd pas le nord, le seul moyen de décarboner les transports reste...de baisser l'usage des transports. Toute l'huile de cuisson disponible en Europe ne suffirait pas à produire suffisamment de biocarburants pour le continent. C'est donc une solution courtermiste. L'aérien et les autres transports devront réduire la voilure selon T&E.
Notre avis, par leblogauto.com
L'idée de départ est bonne et n'est pas nouvelle : réutiliser de l'huile usagée. Mais comme toute bonne idée, certains la torde pour le profit, quitte à pourrir la planète. On a eu, par exemple, le cas avec les pellets de bois qui sont, à l'origine de la sciure (un déchet) de résineux compressée et naturellement séchée. Désormais, on plante des forêts exprès pour produire de la sciure et ces pellets peuvent être séchés au gaz, et traverser l'Europe.
Ici, l'Europe fait venir 80% des huiles qu'elle recycle en carburant de l'autre côté de la Terre ! Quelle idée d'autoriser cela au lieu de mettre en place une filière de collecte performante. T&E alerte, mais l'Europe réagira-t-elle ? Les besoins en carburants sont énormes en Europe ce qui risque de freiner le zèle de l'Union Européenne de mettre fin à ce système. Baisser ses émissions de CO2 fossiles en détruisant la biodiversité à des milliers de kilomètres. Hypocrite non ?